Chapitre 3 - Embrasser la réalité - Part1

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5 juillet 2022

Notre fratrie s'était installée dans l'opulente demeure de Gaius – ou plutôt d'Alexandre – perchée sur les hauteurs de Vessy, une commune paisible et résidentielle de Genève, proche du lac Léman.

L'élégance avait atteint son apogée. Les vastes pièces étaient décorées avec un goût exquis, fusionnant savamment mobilier moderne et touches d'antiquité. Les parfums subtils des huiles essentielles et du bois poli s'entremêlaient, et les planchers en bois massif émettaient un léger craquement, comme une mélodie douce qui témoignait de l'histoire et de la vie qui habitaient ces lieux. À l'extérieur, des arbres majestueux s'élevaient autour de notre propriété, tels des gardiens bienveillants, nous protégeant des regards indiscrets des humains.

Pourtant, en dépit de ce cadre idyllique, une tension palpable régnait dans notre refuge. Les sons amortis de la pluie contre les fenêtres créaient une mélodie mélancolique, une symphonie de tristesse et de colère qui accompagnait le tumulte émotionnel de notre trio. Chaque faille dans notre relation semblait s'agrandir, amplifiée par l'écho de nos soupirs et de nos silences révélateurs.

Un soir, le vent se leva, annonçant l'approche imminente d'un nouvel orage. Des nuages sombres et lourds d'électricité envahirent le ciel, tandis que la pluie commença à tomber en une averse violente. Cassiope et Gaius échangèrent un regard inquiet devant cette tempête déchaînée que j'avais libérée une fois de plus. Ils semblaient fascinés et effrayés par la colère que j'exprimais avec tant d'impétuosité. Depuis plusieurs jours, une fureur démesurée inexplicable enflammait mon être, faisant bouillir mon sang dans mes veines comme l'eau dans une marmite sur le feu. Cet orage ressemblait presque à une apocalypse, comme si la nature elle-même était en colère et manifestait sa force indomptable.

« Par les Lunes Jumelles d'Arcanthria ! s'exclama Cassiope, agacée. Il est temps d'intervenir ! »

Je sentais leurs esprits chargés de tristesse et d'incompréhension. Une partie de moi aurait aimé les réconforter, les envelopper de douceur. Cependant, une autre part de moi, plus sombre et impulsive, refusait d'étouffer cette colère qui me consumait. Je ne parvenais pas à trouver un sens à notre situation, et cela me rendait folle. Pourquoi étions-nous les élus de cette tourmente ? Quel dessein s'accomplissait à travers nous ?

— Je vais lui parler, dit ma sœur, se dirigeant vers l'escalier menant à l'étage supérieur.

— N'y vas pas ! s'opposa Gaius d'un ton déterminé, une lueur d'inquiétude dans les yeux.

Il connaissait la puissance de ma colère et savait qu'il était dangereux de l'affronter dans cet état.

— Mais cela fait plus d'une semaine qu'elle déchaîne sa rage, protesta Cassiope.

— Elle finira par se calmer d'elle-même. Aie confiance.

Leurs paroles me parvinrent et je sentis l'impact de mes actions sur eux. Malheureusement, je n'avais aucun contrôle. J'étais captive de ce corps qui m'avait été attribué, semblable à une coquille piégée dans les mailles d'un filet de pêche. J'étais plongée dans ma solitude et égarée dans les ténèbres de ma propre psyché. Le rythme frénétique de la pluie contre les fenêtres semblait se synchroniser avec les battements de mon cœur. D'un coup, je m'effondrai à genoux, les mains agrippées à mes tempes, cherchant désespérément un moyen de me maîtriser. Je sentais les énergies positives de Cassiope et Gaius qui m'offraient un soutien muet. Ils étaient mon rocher, mon point d'ancrage, même lorsque la tempête menaçait de tout emporter.

Le Trio aux Mille Vies 🌙✨Où les histoires vivent. Découvrez maintenant