Le Trio aux Mille Vies 🌙✨

Chapitre 1 - Les Noces -Part2

La réalité me rattrapa cruellement au moment où j'allais rejoindre Matteo. Un étrange frisson parcourut mon corps, provoquant des fourmillements le long de ma colonne vertébrale, telle une caresse macabre. Avec désarroi et frayeur, je compris que l'instant tant redouté se reproduisait, réveillant les cicatrices de cette maudite fatalité.

Je déposai mes souliers de mariée et mon bouquet de fleurs sur le lit. Des spasmes nerveux m'envahirent, agitant mon être et entravant ma respiration. Mon cœur s'emballa. Une boule d'angoisse se forma dans ma gorge, m'empêchant de déglutir normalement. Chaque inspiration et expiration devint une bataille, un combat acharné pour maintenir mon corps droit, évitant l'effondrement avant l'instant fatidique où je quitterais définitivement l'enveloppe charnelle de Julia.

Cachée derrière les lourds rideaux de velours bleu, mes yeux ne purent retenir les larmes qui inondèrent mes joues pâles. Pendant que mon âme se débattait, se déchirant entre la réalité et l'existence que j'avais vécue en tant que Julia Gentile, mon regard se posa avec tendresse sur Matteo, plus magnifique que jamais, vêtu d'un smoking noir taillé sur mesure, se tenant droit, entouré de ses parents qui irradiaient de fierté. La douceur sereine sur son visage semblait incarner la perfection à laquelle je n'avais jusqu'alors prêté aucune attention. À cet instant, mêlant acceptation et douleur indicible, je réalisai que ce mariage ne serait pas le mien, et que je ne pourrais jamais être celle qu'il attendait.

***

Les notes cristallines de la marche nuptiale s'élevèrent. Les invités se regroupèrent vers l'allée, impatients de découvrir la mariée. Mais alors que tous les regards se tournèrent vers l'entrée, Gaius remarqua le tatouage serpentant le long de la colonne vertébrale de Cassiope. Celui-ci semblait se dissoudre dans sa peau, telle une illusion. Mon frère fut désorienté, comme si la réalité lui échappait entre les doigts. Dans un élan instinctif, il saisit fermement le bras de Cassiope, l'obligeant à se tourner vers lui.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? murmura-t-elle d'une voix étonnée.

— Je n'en sais rien, répondit-il, le regard effaré. Je crois que c'est... terminé.

— Terminé ? répéta-t-elle avec inquiétude.

— La connexion. Elle est partie.

Ils déployèrent aussitôt leurs doubles astraux. Les fragments de réalité s'effritaient autour d'eux. Le bruit des pas des invités s'estompait et les visages devenaient flous.

— Qu'est-ce que cela signifie pour nous ?

En posant cette question, une vague d'émotions submergea Cassiope. Des souvenirs jaillirent de son esprit comme des éclairs éblouissants. Des moments partagés, des liens tissés, des émotions vécues. Tout cela s'effaça devant ses yeux, laissant place au vide, à l'absence. Elle réalisa que l'enchevêtrement temporel qui avait façonné leur existence multiple leur avait conféré une complexité qui ne pouvait être dévoilée qu'à travers le prisme de la vie humaine. Dans son cœur, une mélancolie profonde grandit, mais elle refusa de s'y abandonner. L'espoir l'habitait toujours, même si les voies de leur existence étaient plus sinueuses et mystérieuses qu'elle ne l'avait imaginé.

— Nous devons chercher les réponses, Gaius. Trouver le moyen de préserver ce que nous sommes. Nous avons encore le pouvoir de nous battre pour notre existence, pour notre lien.

La détermination refit surface dans les yeux de Gaius. Il se redressa et serra le poing avec fermeté, prêt à affronter l'inconnu.