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L'avant du bateau était submergé. Des passagers étaient déjà dans l'eau, leur gilet de sauvetage ne les protégeant pas du froid mordant qui enveloppait leurs corps.
Des hommes essayaient de faire descendre l'un des derniers canots qui étaient accroché en hauteur. Mais la foule qui se pressait autour d'eux les empêchait de maîtriser correctement la situation et le bateau tomba sur le pont dans un craquement peu rassurant.

Si la foule était incontrôlable avant, c'était encore pire maintenant. Des coups de poings étaient échangés de tout part et les cris déchiraient le ciel noir. Teresa se frayait un chemin parmis la foule qui se bousculait. Elle se prit un coup de coude dans les côtes et quelqu'un lui fit un croche pied. L'air plus folle que jamais, elle pousse tout le monde sur son passage. Arrivant face à l'officier Murden qui brandissait son pistolet, elle s'arrête d'un coup en le voyant pointer le bout du canon sur elle.

- LE PREMIER QUI AVANCE SERA DESCENDU, cri Murden en pointant ne pistolet sur toute la foule.

Teresa, qui était déjà bouillonnante de colère, se penche vers lui, le regard noir de rage.

- Nous avions un accord, dit-elle.

Murden la fixe avant de lui balancer des billets à la figure.

- Votre argent ne vous sauvera pas plus qu'il ne me sauvera moi ! Je vous empêche de monter pour tentative d'usurpation d'officier, crache Murden en braquant le pistolet sur sa figure. RECULEZ MAINTENANT, OU JE TIRE !

Teresa faillit se jeter à sa gorge, mais quelqu'un poussa un troisième classe qui faillit tomber sur l'officier.

Et Murden lui tira dessus.

Du sang jaillit sous le gilet de sauvetage blanc du troisième classe et il s'effondra au sol, les yeux grand ouvert mais éteint.
Fabrizio sortit de la foule et se précipita sur le troisième classe, hurlant son prénom avec détresse. Un silence se fit dans la foule qui observait Fabrizio. Brisé. L'Italien était brisé. C'était un amis de troisième classe, son compagnon de chambre. Et voilà qu'un officier venait de le tuer.

Le violon jouait une plainte déchirante au loin, une musique douce et triste. Murden tourne son regard vers la foule, croise le regard de Fabrizio qui le couvre d'insulte, une larme glissant sur sa joue, puis il croise celui de Teresa, qui le regarde avec colère et dégoût. Elle a beau être mauvaise, tuer un innocent juste parce qu'il s'est trop avancer c'est un crime lâche.

Murden regarde derrière lui, constatant qu'il n'est qu'à deux pas de l'eau glacé. Il regarde la foule encore une fois, le coeur battant à tout rompre, puis recule d'un pas. Et d'un autre.

Il lève sa main pour faire le salut d'adieu. Puis il lève son pistolet contre sa temps gauche.

- WILL, NON, hurle un autre officier en le voyant.

Un grand boum retentit, et le corps inerte de Murden tombe dans l'eau froide avant de couler lentement dans le fond de l'océan.
Les cris des passagers retentissent encore plus fort. Un officier qui se suicide ne peut signifier qu'une chose : c'est finit. Tout est perdu.

Teresa à les yeux écarquillés de stupeur. Elle recule à son tour, puis traverse la foule en sens inverse. Elle court. Elle doit trouver un canot pour partir au plus vite. Étant certainement la dernière femme présente sur ce navire, elle aura la priorité.
Teresa arrive sur le pont opposé, là où il reste normalement des canots et bouscule les passagers en criant :

- Laissez-moi passer ! Je suis une femme, laissez-moi passer ! 

Un officier la prend par le bras et la tire dans le canot qui doit probablement être le dernier. Teresa se hisse à l'intérieur et s'assoit en compagnie des autres femmes et des quelques enfants présent. Tous sont en larmes, leur mère n'essayant même pas de les calmer car elles-mêmes sont au bout du rouleau.

De l'autre côté du pont, Thomas a le regard rivé sur la foule qui hurle et qui tente de s'en sortir. Lui et Newt viennent d'arriver sur le pont et ont assisté à toute la scène de Murden. Mais ce n'est pas le plus choquant pour Thomas.

Avant d'arriver sur le pont, ils ont croisés Andrews dans le grand restaurant des premières classe. Il regardait une horloge, l'air affligé et désespéré. Thomas se revoit encore lui dire, la voix chargée d'émotion :

- Vous ne voulez même pas faire une tentative ?

Il voit encore le regard perdu de l'architecte qui lui répond :

- Je suis désolé ... de ne pas avoir construit un navire plus solide Thomas.

Il sent encore la main de Newt qui le sert fort en disant :

- Ça va très vite. Faut pas traîner.

Il revoit Andrews se lever en les arrêtant, et lui tendre son gilet de sauvetage avec un sourire contris, lui murmurant :

- Bonne chance à vous Thomas.

Deux mains l'agrippent par les épaules et sa vision est obscurcie par deux pupilles abyssales. C'est les yeux de Newt. Il n'y a pas plus rassurant comme regard, et pas plus doux. Thomas se plonge dedans, tenant à se couper du monde pour quelques instants, tenant à retarder la catastrophe.

- Tommy, reviens moi, chuchote Newt en le secouant légèrement.

- C'était pas de sa faute, murmure Thomas.

Il a comprit. Il a comprit que Andrews pensait que c'était de sa faute si le paquebot coulait. Il a comprit que c'est plus un suicide qu'autre chose. Il a comprit beaucoup plus qu'il ne le voulait.

- Je sais Tommy, je sais que ce n'est pas de sa faute. Mais on ne peut plus rien faire pour lui maintenant, c'est sa décision. Il t'a donné son gilet de sauvetage pour que tu t'en sorte, alors on va partir de ce paquebot et rentrer sain et sauf, d'accord ?

La voix de Newt est douce comme du velour. Elle se veut rassurante et ça marche. Le brun embrasse Newt sur le bout du nez avant de prendre sa main pour le tirer à sa suite. Ils se mettent à courir et bouscule une dame qui tient un bébé. Celle-ci ne leur en tient pas rigueur et s'avance droit sur le capitaine Smith qui regarde son paquebot couler sans pouvoir rien faire.

- Commandant ?

Le capitaine tourne son regard vers la jeune femme. Il a le regard perdu de l'homme totalement démunis, de l'homme qui a tout perdu et qui n'a plus de raison de vivre.

- Commandant, je vais où s'il vous plaît, demande la femme en tenant son bébé comme elle peut.

Le capitaine la fixe d'un oeil vitreux, puis se détourne sans répondre, trop bouleversé pour ça. Cette femme va mourir. Elle va mourir car il n'a pas su dirigé son bateau comme il fallait.
Smith avance dans l'eau qui jaillit de la salle du gouvernail. L'eau glaciale arrive au dessus de ses cuisses, mais il est tellement choqué et bouleversé qu'il ne sent pas le froid mordant s'emparer de lui.

- Commandant, votre gilet de sauvetage, l'interpelle un officier en lui tendant un gilet blanc.

Le capitaine le refuse d'un revers de main et s'avance d'un pas lourd vers sa cabine de commandement. Il rentrer à l'intérieur et referme la porte derrière lui.

A double-tour.

Titanic {Newtmas}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant