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Newt s'avance vers Thomas jusqu'à se trouver à quelque centimètres de lui.

- Faut que tu nages Thomas, dit le blond en prenant sa main sous l'eau.

Le brun acquiesce. Ses lèvres viraient au bleu, de l'eau sortait et rentrait dans sa bouche en continue.
Ils étaient complètement gelés de l'intérieur, des frissons traversant leurs corps, leurs membres refusant de suivre correctement les ordres que leur envoyait leurs cerveaux.

Newt tire Thomas en nageant du mieux qu'il peut. Il n'a pas de gilet de sauvetage lui. Ça fait une couche de vêtement en moins et ça lui coûte plus d'effort pour rester hors de l'eau. Ses dernières forces étaient en train de le quitter rapidement. Mais Thomas est en vie. Et tant que le brun vivra, alors lui aussi restera en vie.

- Nage Thomas, l'encourage Newt en jetant des coups d'oeil derrière lui de temps à autres, pour être sûr que Thomas suit bien.

Les personnes autour d'eux n'ont plus aucune importance. Les cris deviennent familier à leurs oreilles et les pleurs ne leur font plus rien. Ils ne pensent qu'à eux maintenant. C'est du chacun pour soit.

- J'ai si froid, s'étrangle Thomas en crachant une gerbe d'eau glacée qui lui arrive dans la bouche.

Newt manque de boire la tasse à de nombreuse reprises, mais aperçoit une porte d'armoire en chêne massif. Une ampoule s'allume au dessus de sa tête engourdie et il tire Thomas avec plus de vigueur.

- Viens, on y est presque, dit le blond plus pour lui-même que pour informer Thomas.

Ils atteignent la planche en bois et Newt pousse un soupire de soulagement. Un demi-soupire de soulagement. Il n'a plus de souffle, ses jambes ne répondent plus, il ne sent plus ses mains et des tremblements le traverse en tout sens. Thomas n'est pas mieux.

- Vas-y monte, dit Newt en aidant Thomas à s'accrocher à la planche.

Le souffle de Thomas est saccadé et il n'a plus aucune force. Avec grande peine, il se hisse sur le planche, son corp couché au travers de la porte. Newt essaye de monter à son tour, mais la planche se retourne et les deux finissent la tête sous l'eau.
En remontant à la surface, le blond sent son coeur accélérer. Ses pensées s'embrouillent, mais l'une d'elle reste gravée dans son esprit comme une marque au fer blanc.
Il ne pourra pas se mettre au sec sur la planche. Il n'y a pas assez de place. Thomas doit monter dessus et rester en dehors de l'eau froide. Pas lui. Thomas doit vivre, et tant que Thomas vivra, alors Newt sera heureux. Le bonheur de Thomas est plus important que le sien. La vie de Thomas est plus importante que la sienne.
Ils ne pourront pas se sauver tous les deux. Si Newt ne monte pas sur la planche, il mourra d'hypothermie. Il le sait. Et il l'accepte. Thomas sera hors danger et c'est tout ce qui compte. Mais Thomas ne doit pas le savoir.
Newt redresse la tête et voit la tête de Thomas émerger de l'eau.

- Faut que tu restes dessus, dit Newt en montrant la planche. Remonte Thomas.

Le brun ne s'oppose même pas, sûrement trop gelé pour réfléchir. Avec l'aide de Newt, Thomas arrive à s'allonger sur le ventre sur tout la longueur de la planche. Un sourire franchit les lèvres de Newt. Thomas est sauvé.
Il nage légèrement pour se mettre face à Thomas, les deux bras posés sur la porte. Leurs souffles glacés se mélangent, de la buée sortant de leurs bouches. Dans l'obscurité de la nuit, leurs yeux se trouvent et ne se lâchent plus. Les pupilles de Newt brillent de mille feux. Il ne regrette rien. Il ne regrette pas de mourir pour sauver Thomas.
Jetant tout de même un regard autour de lui, il ne voit pas une seule autre planche qui pourrait le sauver lui aussi. Sa fierté d'homme le pousse aussi à sauver la peau de celui qu'il aime plutôt que la sienne. Il mourra dignement et Thomas pourra vivre heureux dans un monde où il n'existera plus. Cette dernière pensée lui fait mal au coeur.
Il pose son front contre celui de Thomas, leurs respirations haletantes se rencontrant dans un mélange de fumée brumeuse.

- Ça va aller maintenant, dit Newt d'une voix rauque et cassée à cause du froid. Ça va aller maintenant.

Un bruit strident lui écorche les oreilles. Non loin d'eux, un officier jouait du sifflet. Pour faire quoi ? Newt s'en fiche éperdument. Si l'officier espère ramener l'ordre parmis les naufragés, c'est une perte de temps. Ils viennent de subir un naufrage. Ils ne vont pas se ranger deux par deux pour mourir dans le plus grand calme.

- LES CANOTS VITE, hurle l'officier en sifflant encore une fois.

Newt ne réagit même pas. Ses pensées sont complètement gelées. Il n'arrive plus à réfléchir convenablement. Il se tourne de nouveau vers Thomas et le voix trembler de tout son être, des bruits saccadés sortant de sa bouche. Des mèches gelées tombe devant son front et quelques gouttes d'eau glissent le long de ses joues et de son nez. Son coeur se brise en voyant son copain comme ça.

- Les ca-canots vont bientôt venir nous che-chercher Thomas. Il faut te-tenir encore un peu.

Sa voix tremble. Les mots ont de plus en plus de mal à sortir de sa gorge. Et il essaye de se convaincre en même temps. Mais cette solution lui paraît trop simple. Trop facile.

- Ils ont d-dû s'éloigner pour ne pa-pas être aspirés par l-le bateau. Ils vont rev-revenir nous chercher.

Thomas acquiesce faiblement. Ses tremblements s'accentuent et il voit bien que Newt fait tout pour ne pas gémir de douleur à cause de l'eau froide qui le glace sur place et le tenaille tel des couteaux.

Au loin, Ruth et Molly observent la scène avec frayeur. La mère de Thomas a fermé les yeux quand le bateau à commencé à s'engloutir à la verticale. Une larme s'est échappée de l'oeil de Molly quand le bateau à disparu dans les profondeurs de l'océan.
Les canots sont arrêtés, loin des naufragés qui crient à l'aide et nage en surplace. Molly s'est levée, faisant tanguer le canot et à regardé l'officier du canot à côté du leur.

- Il faut y retourner, dit-elle d'une voix ferme et chargée de sanglots.

L'officier secoue la tête sans un mot et reporte son regard sur les naufragés.

- C'est impossible, murmure Ruth d'une voix éteinte. C'est impossible, c'est impossible ...

Elle est à bout. Elle a perdue son fils. Elle vit un naufrage.

- Des gens sont en train de mourir et nous pouvons les sauver, réplique Molly avec incompréhension.

- Vous ne comprenez pas, dit l'officier sans pour autant tourner la tête vers Molly. Ils vont faire chavirer le canot si nous y retournons. Il tourne sa tête vers Molly, la foudroyant du regard. Ils votn nous faire couler, ça je peux vous le dire !

- Taisez-vous, souffle Molly, les yeux brillant. Vous me fichez la chaire de poule. On y va les filles. Elle se tourne vers les femmes qui sont assisent dans le canot. Prenez les rames. En route !

- Vous avez perdu la tête, s'exclame l'officier. Nous sommes au milieu de l'Atlantique Nord ! Voyons mes amis, vous voulez vivre ou vous voulez mourir ?!

Un silence acceuille ses paroles. Des coups de sifflets résonnent au loin. Des cris et des hurlements aussi. Molly tourne la tête vers son canot, voyant que chaque passagers à baissés la tête ou détournés le regard. Une larme roule sur la joue de Molly.

- Alors là je ne vous comprend pas, dit-elle. Qu'est-ce qui vous arrive à toutes ? Ce sont vos hommes qui sont là-bas !

Sa voix se brise sur le dernier mot. Une femme pleurt derrière elle. Un sanglot résonne dans la nuit.

- Nous avons assez de place pour plus de passagers, continue Molly, une autre larme roulant sur sa joue.

-En tout cas il y en aura une de plus si tu fermes pas ta grande gueule enfarinée, beugle l'officier, la mâchoire serrée.

Choquée, Molly se rassoit sans essayer de répliquer.

À ses côtés, Ruth souffle difficilement. Elle a froid. Elle se sent mal. Et elle a perdue son fils.

Titanic {Newtmas}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant