Titanic {Newtmas}

~32~

Le prêtre continuait sa prière avec ardeur, s'accrochant désespérément à ce qu'il pouvait. Les gens à ses pieds se serraient entre eux, tenant sa robe noire comme si c'était leur dernier espoir. Ça l'était.

Le bateau penchait de plus en plus, les hélices bien au dessus de l'eau à présent. Des gens commençaient à glisser sur le parquet trempé du bateau, se fracassant contre les murs, les barrières et les colonnes. Partout des gens sautaient dans l'eau, glissaient au sol, emmenant parfois avec eux d'autres passagers. Newt regardait ce chaos avec effroi, les yeux écarquillés. Des gens passaient derrière la rambarde où il était accroché et plongeaient dans l'eau glacée. Mais n'en ressortaient pas. La chute était trop longue, le bout du bateau trop haut au dessus de l'eau pour se permettre de survivre en sautant dedans. Et la fraîcheur de l'eau n'arrangeait rien.

- ALLER ! RAMEZ, hurlaient les officiers dans les canots de sauvetage en voyant le paquebot se soulever

C'était un horrible spectacle. Autant pour ceux qui le regardait que pour ceux qui le vivait. C'est alors qu'un homme saute dans l'eau et percute l'une des hélices dans un fracas assourdissant. Thomas entendit le bruit et ferma ses yeux le plus fort possible. Il voulait à tout pris échapper à ce cauchemars. Il voulait se sortir de là, main dans la main avec Newt. Il n'en pouvait plus d'entendre les hurlements de détresse, les pleurs qui déchiraient la nuit noire et les bruits des corps qui tombaient dans l'eau ou qui percutaient une colonne ou une barrière.

Il voulait se réveiller et se retrouver dans la Renaud avec Newt. Avant tout ça.

Il sent le corp de Newt bouger et passer derrière lui, le laissant s'accrocher à la rambarde. Le bateau eu un soubresaut et il sentit les mains de Newt se raffermir sur sa taille.
Son souffle chaud s'écrasait dans sa nuque, lui procurant un mince sentiment de réconfort et d'espoir.

- Tiens-toi bien fort, murmure Newt dans son oreille.

Sa voix caressait son lobe et glissait sur sa peau tel du velour. Il savait très bien que le blond se voulait rassurant. Et il savait très bien que Newt essayait de se convaincre lui-même qu'ils allaient s'en sortir.
Il tourne légèrement la tête et voit plusieurs canots un peu plus loin, en train de ramer au milieu des corps.

Sur l'un d'eux, Ruth Dewitt Bukateur. La mère de Thomas regardait le paquebot s'éloigner peu à peu d'eux, les larmes aux yeux. Elle savait son fils encore dessus. Elle le ressentait au fond d'elle. Une autre personne saute du haut du bateau et s'écrase violemment dans l'eau gelée, faisant sursauter la mère de Thomas.
Ses pensées dérivèrent alors vers une tout autre personne. Une personne blonde. Newt. Ruth n'arrivait pas à comprendre l'amour que Thomas portait à ce garçon. C'était un amour puissant et fort, qui, contrairement au Titanic, pouvait être qualifié d'insubmersible. Elle était stupéfaite et en même temps admirative de l'amour de son fils envers Newt. Il aimait ce garçon plus que lui-même, au point de refuser de sauver sa peau si Newt n'était pas encore sortit d'affaire.

Une larme coule sur la joue de Ruth. Elle risque de perdre son fils ce soir. Tout comme elle a perdu son maris.

Molly Brown, assise à ses côtés, regarde elle aussi le paquebot sombrer. C'est affreux. Tout simplement horrible. Elle n'en revient pas qu'elle est en train de vivre ça, que pendant chaque secondes qui passe, une personne meurt dans l'eau glacée. Sans doute d'hypothermie. Ou tout simplement de chagrin. De découragement. De désespoir.
Elle pense à Thomas. Est-il avec Newt à cet instant ? Sont-ils encore en vie tous les deux ?
Elle a été l'une des premières à voir l'amour des deux garçons, à le voir même bien avant eux.
Un grondement de ferraille retentit, faisant lâcher une exclamation de surprise de la part de quelqu'un dans le canot, un sanglot d'une autre personne et un gémissement de douleur d'une mère de famille sur sa droite.

- Dieu tout puissant, murmure Molly, les yeux fixés sur le paquebot réputé insubmersible.

Bruce Ismay se retourne un bref instant en entendant Molly dire ça. Un instant de trop. Il a le temps de voir son bateau couler. De voir que toutes ses promesses envers ce navire viennent littéralement d'être jugées mensongères aux yeux de tous.

C'est alors que des cris puissant se mettent à retentir de tous côtés.
Bruce se retourne une nouvelle fois et sa bouche s'ouvre en grand.

La paquebot tout entier vient de s'éteindre. Il n'y a plus aucune source de lumières sur l'océan. L'eau est éclairée par la lune, la seule source lumineuse restante. Un grondement de métal se fait entendre, faisant redoubler les hurlements apeurés.

Puis c'est la panique. L'effroi. La terreur.

Les planches en bois qui recouvrent le sol se mettent à craquer. Partout des fusibles explosent, projetant des gerbes d'étincelles autour d'eux. Les colonnes, les escaliers du grand hall, le restaurant des premières classe, les habitations des troisièmes classe. Le paquebot entier commence à se fendre en deux dans le sens de la largeur.
Un ravin immense s'ouvre entre les deux parties. Plusieurs personnes chutent à l'intérieur, percutant les planches en bois et les morceaux de ferrailles qui dépassent de la coupure. L'avant du bateau, qui est déjà bien coulé, se retrouve à la verticale et s'enfonce dans l'eau doucement, tandis que l'arrière du bateau, où sont Newt et Thomas, commence à chuter à l'horizontale. Thomas, qui est tout devant, voit la chute bien en face. La moitié de bateau tombe lourdement sur l'eau, les hélices retournant à l'abris des regards sous l'océan. Comme pour la cheminée, deux énormes vagues se créées sur les côtés, engloutissant dix fois plus de personnes. Bon nombres de passagers sont mort sous la moitié de bateau au moment où il a percuté l'eau. Thomas sent Newt se coller contre son dos, un hurlement sortant d'entre ses lèvres. Il ressent la peur de Newt dans tout son être et se met à hurler avec lui jusqu'au moment où l'arrière du bateau touche l'eau, lui coupant la respiration.
L'avant du bateau est encore accroché à l'arrière, légèrement. Mais c'est assez suffisant pour créer un contrepoids. L'arrière du bateau se met à suivre la descente de l'avant et se retrouve de nouveau à la verticale, plus rapidement.
Thomas a eu à peine cinq secondes de répit. Cinq secondes où il avait cru qu'ils allaient enfin se tirer d'affaire, que tout se terminerait bien.

Sauf que rien n'est terminé. Tout ne fait que commencer.