~35~

904 107 19
                                    

Le silence.

C'était horrible à entendre.

Les cris avaient cessés. Les pleurs s'étaient arrêtés. Les hurlements ne résonnaient plus dans la nuit noire.
Il y avait juste le silence.
Une plainte retentissait de temps à autre. Mais rien de plus.
Plus de la moitié des naufragés étaient mort d'hypothermie. Ça avait été si rapide. En seulement quelques minutes.

Newt regarde l'océan jonché de corps. Il n'éprouve plus aucun sentiments distinc. Son cerveau est complètement gelé, ses membres ne peuvent plus bouger, ses cheveux se sont transformés en cristaux tant ils sont glacés. Ses lèvre sont bleues, son teint plus blanc que jamais et un souffle saccadés sort de sa bouche. Seul ses mains arrivent encore à répondre aux infimes ordres que lui envoie sa tête engourdie.

Il se tourne vers Thomas, tel un robot. Son cou n'arrive plus à excercer le moindre mouvement rapide. Tout son être est bloqué.
Et son coeur est en train de se refroidir, de geler, de se transformer en coeur de glace dans le sens propre du terme.
Ses poumons lui font mal, chaque respiration lui donne envie de crier de douleur. Chaque inspiration devient laborieuse. Chaque expiration projette une brume froide en face de lui.

Thomas n'est pas mieux. Il est dans le même état. Saud que ses yeux brillent encore. Son souffle est moins haletant que celui de Newt. Et il arrive encore à bouger quelque peu ses jambes.
Mais le froid lui cisaille la peau et la transperce. C'est le plus horrible, le froid. 

Le regard sombre de Newt trouve celui plus clair de Thomas. Leurs pupilles ne se quittent pas.

- Ça devient silencieux, murmure Thomas d'une voix enrouée et cassée.

Ses mains sert celles de Newt avec ardeur. Son souffle glacé percute les doigts du blond.

- Va falloir su-sûrement quelques minutes p-pour que les bat-teaux s'organisent, dit Newt avec difficulté.

Sa gorge le brûle et sa voix déraille complètement. Chaque mots qu'il a prononcé ont eut du mal à sortir de sa bouche.

- J-je sais pas pour toi, m-mais j'ai l'intention d'écr-crire une lettre b-bien sentie à l-la compagnie du Ti-titanic à propos de tou-tout ça.

Il avait besoin de plaisanter. Son cerveau lui échappait complètement et la tension était si forte qu'il débitait ses paroles sans s'en rendre compte.

Thomas reste malgré tout silencieux. Une plainte résonne non loin d'eux. Le regard du brun se perd dans l'eau à côté de Newt.

- Je t'aime Newt, murmure Thomas en refocalisant son regard sur le blond.

Le coeur gelé du blond se réchauffe d'un seul coup. Ils ne s'étaient encore jamais dit "Je t'aime". Du moins, pas à haute voix. Ils n'avaient pas besoin de parler pour savoir qu'ils étaient fou amoureux l'un de l'autre. Les mots manquent parfois.
Mais c'était beau à entendre.
Juste deux petits mots qui suffisent à Newt pour lui redonner un peu de force. Un "Je t'aime" c'est puissant. Ça vient du coeur. Ça ne se dit pas au hasard.
Sauf que celui là était spécial. Il résonnait agréablement aux oreilles du blond, mais lui donnait la chaire de poule en même temps. Et Newt comprit pourquoi.
C'était un "Je t'aime" d'adieu. D'au revoir. De désespoir.
Newt ne voulait pas entendre un "Je t'aime" comme ça. Surtout pas venant de Thomas.

- Ne fait pas ça. Ne fait pas celui qui me dit adieu, dit Newt de la voix la plus forte qu'il peut.

Il avait réussis à sortir ses phrases sans buter sur chaque mot et en tremblant moins qu'avant. Thomas lui donnait de la force. Thomas était celui qui le faisait vivre.
Le brun avait plongé ses yeux dans ceux de Newt, s'enfermant à l'intérieur. Les yeux de Newt le faisait voyager. C'était le seul endroit où il se sentait bien et en sécurité.

- J'ai si froid, lâche Thomas dans un sanglot qui reste coincé au fond de sa gorge.

Newt frissone encore plus en entendant sa voix brisée.

- Écoute Thomas, commence le blond en relevant sa main tant bien que mal pour la poser sur la joue de son amant. T-tu vas te sortir d-de là. Tu v-vas vivre lon-longtemps. Et tu vas a-avoir plein de b-bébés et t-tu les verra gr-grandir. Et tu moureras t-trés vieux ! Un v-vieux monsieur, b-bien au chaud d-dans ton lit ! Mais pa-pas ici. Pas ce-cette nuit. Pas c-comme ça. Est-ce q-que tu m'as comprit ?

Les yeux de Thomas se mettent à briller. Newt avait réussit à faire un sourire. Un sourire tout petit, un sourire endolori, un sourire rassurant. Mais ça ne suffit pas. Le brun baisse le regard, quittant le monde qui réside dans les pupilles de Newt.

- J-je ne sens p-plus mon corps, murmure-t-il avec difficulté.

Le coeur de Newt se fend en deux. Il ressent la douleur de Thomas, sa détresse, sa peine. Il ressent sa peur.
Newt fait glisser sa main le long de la joue de Thomas avant de la laisser retomber mollement sur la planche.

- Eh. Regarde-moi Tommy, murmure Newt à son brun.

Thomas redresse sa tête lentement. Ses yeux rencontrent aussitôt ceux de Newt. L'effet est immédiat. Son coeur loupe un battement et des papillons chauffent son bas-ventre. Jamais Newt ne l'avait regardé ainsi. De l'amour à l'état pur résidait dans ses yeux sombres.

- Ga-gagner ce voyage a été la m-meilleure chose qu'il me s-soit jamais arrivé, dit Newt en sentant les larmes monter. Il m'a mené à t-toi. Je le s-suis reconnaissant pour ça Thomas. Je l-le suis reconnaissant.

Il souriait désormais. Et Thomas souriait aussi. Le brun lâche un rire nerveux. Un rire d'émotion. Newt prend les mains glacées de Thomas dans les siennes, sans le lâcher du regard.

- Et tu d-dois me faire c-cet honneur. A p-présent promets-moi q-que tu vas survivre. Q-que tu n'abandonnera j-jamais. Quoiqu-il a-arrive.

Une larme coule sur la joue de Thomas. Newt sert ses mains avec force, espérant lui faire passer tout l'amour qu'il ressent pour lui. Sa voix tremble de plus en plus, et elle commence sérieusement à dérailler. Les tremblements de Thomas se mêlent aux siens et son souffle froid ne cesse d'atteindre la peau déjà gelée de son brun.

- Même s-si ça a l'air s-sans espoir, termine le blond en laissant lui aussi une larme couler sur sa joue. Promets-le m-moi maintenant Thomas. Et ne romp j-jamais cette promesse.

- Je le promets, répond Thomas en baissant la tête pour embrasser leurs mains entrelacées.

- N'abandonne jamais, dit Newt en le regardant droit dans les yeux.

- J'abandonnerais jamais Newt.

Et comme si plus rien ne comptait, Newt sourit. Un vrai sourire. Car il sait que Thomas est sauvé.

Et qu'il n'abandonnera jamais.

Titanic {Newtmas}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant