I-Tout commence... maintenant

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Les domestiques se bousculaient dans la salle principale de la Villa des Conney. Des femmes de chambre se promenaient par ci, par là, en direction des suites de la dame de maison, des habilleuses couraient dans la pièce, ne sachant quoi faire, les yeux roulant dans tous les sens, mais où était donc la fille de la patronne? Il était l'heure que la demoiselle se rende au palais de la Reine pour se présenter en temps que domestique principale dans les jours à venir.

-Stop! hurla Mme Conney, ma fille va partir chez la Reine cet après midi, j'aimerai que tout le monde se calme s'il vous plaît! Cela commence vraiment à m'agacer sèrieusement!

Toute la salle s'immobilisa, à l'écoute de la dame de maison.

-Aude! Où es-tu donc? Toi aussi tu m'agaces! dit-elle calmement mais d'un ton glacial, sa voix trahissait son impatiente et sa crainte.

Je n'avais aucune envie de me retrouver devant sa Majesté, en train de me morfondre pour rester en place. Mais Mère était si dure , je savais que si je ne pointais pas mon nez dans les minutes qui venaient, j'allais prendre cher ce soir.

-Mère, je suis ici.

-Aude, comment oses-tu ne pas te montrer quand ta mère t'appelle!

-Je suis désolée, Mère, je ne voulais pas vous offenser.

-Tu sais très bien que quand ton père mourra, tu prendra place au palais de Sa Majesté en temps que domestique et habilleuse principale, voyons, un peu de tenue!

Je cru que ma tête allait exploser, heureusement que Père n'était pas là! Je savais que Père était bien plus vieux que Mère et que celle-ci attendais avec impatience sa mort pour que je puisse être au service de la Reine. Mère n'en a que faire de lui, tant que l'argent que je rapporterai du palais lui viendra en main.

-Comment pouvez vous dire cela! Pourquoi attendez vous tellement la mort de Père! Avez-vous seulement idée de ce que c'est pour moi de le perdre! Ressentez-vous ne serais-ce qu'un brin d'amour envers lui au point de vouloir sa mort! Je ne veux pas qu'il meurt, vous êtes vraiment horrible! J'avais compris depuis longtemps que vous ne l'aimiez pas, mais moi encore moins! Vous ne m'avez jamais aimé, vous êtes un monstre sans coeur qui ne pense qu'à l'argent!

Tous les domestiques s'arrêtèrent d'un coup, pétrifiés par ma réaction. Mon regard défiait celui de ma mère, mais soudain, celle-ci leva sa main en l'air et gifla avec force ma joue. Ma main se posa à l'endroit précis où elle m'avait frappé et je sentis déjà ma joue rougir sous l'effet de la douleur. Des larmes coulèrent sur mon visage et mon corps m'entraîna dans ma chambre, mes jambes couraient à toute allure et atteignèrent la porte de ma suite. J'entendis ma mère demander au domestiques de sortir de la pièce et on entendit des bruits de pas assourdissants se diriger vers les sous-sol, où se trouvaient les cuisines et les armoireries des dames de la maison.

-Aude! Reviens ici immédiatement!

A peine les pieds ayant passés le seuil de la porte que je regrettais déjà mes paroles, ça sentait mauvais!

-Aude, la prochaine fois que vous tenais des propos de ce genre devant moi où devant qui que se soit, votre sanction sera pire que celle que je viens de vous donner! Bon, oublions cette histoire, il est temps de se préparer! Quelle robe veux-tu mettre pour aller au palais?

Choisir ma robe? Etait-ce une blague? Je savais que Mère me disais cela pour que je n'en parle pas à Père, déjà qu'il était cloitré dans son lit à cause d'un mauvais rhume!

-Oui, Mère, je prendrais la robe bleue à dentelle.

DOMESTIQUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant