V- Triste nouvelle, horrible même

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On vint toquer à la porte de mon grenier, depuis quelques semaines maintenant, je le considérais comme "mon" grenier car je n'avais que lui et mes balais. Bien évidemment, l'endroit restait toujours propre, comme me l'avait enseigné Mère. Mais il restait sombre malgré le fin rayon de soleil qui filtrait à travers la fenêtre. Je me sentais seule dans cet endroit, et les visites étaient rares, celle-ci en était des plus étonnantes, car je ne savais pas ce que la personne qui se trouvait derrière la porte allait me dire, et je ne savais pas que cela allait me déchirer jusqu'au plus profond de mon cœur et de mon âme, comme si de minuscules choses presque invisibles allais me grignoter les hanches pour atteindre mes poumons. 

-Aude, ouvre s'il te plait! c'était la voix de Mère, elle était étrangement plus douce, un peu dure, comme par habitude, mais ce qui me surpris le plus, c'était qu'elle m'avait dit le mot "s'il te plait" oui, vous avez bien lu, s'i-l-t-e-p-l-a-i-t, le mot magique que tous les enfants aiment, grâce auquel chacun de ces enfants pouvait obtenir n'importe quoi de ces parents. Un seul mot. Cela ne tournait pas rond, Mère avait sans doute quelque chose de très important à me dire. 

-Je vous ouvre, Mère. J'allais vers la porte pour la lui ouvrir. Quand elle s'ouvra, je cru apercevoir une larme qui coulait sur le visage de ma Mère. Une larme. Une seule. A ce moment là, je sus ce que cette "chose importante" était, ce que cette larme signifiait. Je ne pus que m'effondrer. Hurler de douleur, de l''intérieur. Des cris d'horreur, non maitrisés. Ma mère s'approcha lentement de moi, et caressa mon dos d'une main douce et apaisante. 

-Tout va bien se passer, Aude, je suis là, me dit-elle. 

Je pris ces paroles de plein fouet, au second degré, elles me frappèrent d'une force inimaginable.  

-Comment pouvez vous m'annoncer cela ici et maintenant! Pourquoi ne pas m'avoir prévenue à l'avance?! J'aurai sans doute fait quelque chose, ou au moins j'aurai été à ses côtés jusqu'à son dernier souffle! Pourquoi?! Pourquoi moi?! je ne pouvais arrêter de crier, de hurler. Maintenant, je sanglotais, plus aucun son ne sortit de ma bouche en feu. 

Alors je me levais péniblement, ma tête baissée dans l'ombre de mes pleurs, puis je m'enfuies de la pièce à toute allure, comme si un monstre me pourchassait jusqu'au plus profond des trous, afin que je puisse chuter dans mes propres cris et pleurs. 

-Ca y est! Vous êtes contente Mère?! C'est ce que vous aviez toujours rêvé! La mort de Père était si proche! Vous ne m'en avez même pas parlé! Maintenant, vous m'excuserai mais je pense que je peux aller prendre l'air après avoir passé tant de semaines enfermée dans cette cage

*

Madame Conney ne put arrêter sa fille, elle n'était pas cruelle à ce point. Elle savait que cette nouvelle allait la brisé en mille morceaux, mais en même temps, Aude allait pouvoir rapporté l'argent qu'elle gagnera au palais. Mes les pensées de la mère tournoyaient dans sa tête. L'idée de gagner de l'argent n'était elle pas un peu égoïste? 

Cette question la laissa perplexe, mais peu importait maintenant, Loïs Conney était mort, on ne pouvait plus retourner en arrière, on ne pouvait pas faire reculer les aiguilles de tous les cadrans, horloges et montres du monde entier. Car le temps ne sait pas reculer, il ne peux qu'avancer. 

*

Je courais le plus vite possible dans les rues ensoleillées de Limeville, toujours les larmes aux yeux. Quand mes jambes ne purent tenir mon corps épuisé, je m'écroulais sur le sol de terre. J'entendais les marchands interpeler les passant: "Allez, allez chères gentes! venez gouter mon poisson, comme il est bon, comme il, est frais! " ou encore "Venez, hommes de toute génération! Venez voir les belles fleurs! Que diriez vous d'un rendez vous galant avec votre bien-aimée?!  Soudain, une voix m'interpela:

-Et bien mademoiselle, il n'est pas bon pour le beau visage d'une jeune fille comme vous de pleurer. Je n'aime pas ça, allez, venez, essuyez vos larmes.

Je levais ma tête vers la vieille dame qui me tendait la main, elle portait un panier à la hanche. 

-Merci Madame. 

-Ne me remercies pas, voyons, vous êtes victime d'un chagrin d'amour Mademoiselle? 

-Non, de problèmes familiaux, mon père a perdu la vie il y a peu et ma mère me l'a seulement annoncé ce matin. 

-Oh, je m'excuse, je n'aurai pas du vous poser une question si indiscrète. 

-Non ce n'est point grave M'dame. Mais dites-moi que transportez vous dans ce grand panier en osier? 

-Oh, c'est une portée de chaton, cela vous intéresse? Je les donne. Rien de mieux qu'un chat pour redonner le sourire, de grands scientifiques et vétérinaires l'ont prouvé! 

Quand elle ouvrit le panier, je fus éblouie par la beauté de ces chatons, ils étaient si beaux et craquants! 

-Pourquoi pas? Je ne vois pas pourquoi Mère me l'interdirai. Ce n'est pas écrit dans son règlement du "grenier", murmurais-je, d'une petite voix, j'observais les chatons et vu un petit tout gris et touffu. Celui-ci, puis-je l'avoir? 



-Mais bien sûr, c'est un mâle, il est beau n'est-ce pas? Je ne l'ai pas nommé, alors libre à vous de lui donner un joli prénom! 

-Je vous remercie infiniment Madame, vous avez réussi à me redonner le sourire, je vous en suis reconnaissante. 

Elle me tendit le chaton tout en disant. 

-C'est moi qui vous remercie au revoir, Mademoiselle! 

-Au revoir! 


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