DOMESTIQUE

XV- Troisième test

-Il y a un problème, Madame? Cela ne vous plait pas? 

-Hum.... tu as du talent. 

Une lueur de joie m'envahit, et ne pouvant pas le croire, j'ajoutais:

-Vous en êtes bien sûre, Madame, n'ai-je pas un peu trop forcé sur le court, peut-être que je n'aurai pas dû le faire, et que j'aurais dû rester sur les modèles de robes longues, comme par habitude? 

-Il va falloir que tu apprennes à reconnaître la valeur de ton travail, Aude.

-Vous croyez, Madame...? 

-J'avais déjà remarqué la robe que tu portas lors de ton premier jour, et quand tu m'as expliqué que c'était toi qui l'avait créée, je fus si stupéfaite par un tel travail, à ton âge, il faut au moins plusieurs années d'expérimentation pour acquérir une si parfaite technique: les plis de la robe, le design qui me semblait hors du commun, car il est vrai que l'on ne voit pas des robes comme celles-ci partout. 

-Ah bon? 

-Arrête de poser des questions et observe ton travail, n'en est tu pas satisfaite? 

-Eh bien quand j'y pense, je me dis que ce n'est pas mal, en réalité. 

Pendant que je regardais encore mes œuvres, la reine dit:

-C'est pour cela que quand tu m'as dit, hier, que tu étais en train de dessiner des nouveaux modèles, je me suis dit que ça allait sûrement être un prodige, alors, pensant que tu pouvais les réaliser en une nuit, je t'ai laissé jusqu'à ce matin pour me les amener. Et à ce que je vois, je ne me suis pas trompée, non seulement tu les a réalisé en une nuit, et en plus de cela, ils sont tous simplement magnifiques. 

-Je vous remercie infiniment, Madame, je peux me retirer, si vous le souhaitez. 

-Non. Je souhaite que tu reste s'il te plait. J'aimerai porter ses modèles en tant que ton égérie, en public dans trois jours. 

Je faillis tomber. Etais-ce possible? 

Elle reprit: 

-Maintenant, je souhaite que tu ne sois plus ma domestique, mais ma couturière. Tu dessineras et confectionneras tous mes vêtements. 

-Je... je... bafouillais-je, ce n'est pas possible, je dois rêver. 

-Non, tu ne rêves pas, Aude. Maintenant, tu as du bouleau sur la planche. Tu as trois jours pour réaliser ses trois robes. Soit une robe par jour. 

-Mais, Madame, je n'aurais jamais le temps...

-Tu ne discute pas, et mets y toi tout de suite, j'ai fais venir les meilleurs fabricants de tissu, et les meilleures couturières que je connaissent, pour t'aider. Si tu as besoin de quoi que ce soit, vient me faire part de tes demandes à l'avance, s'il te plaît. 

-Ce sera faisable, avec cette aide, Madame. 

-Je te préviens, troisième test: n'utiliser que les personnes présentes pour te faire passer les objets dont tu as besoin et avoir des conseils, mais je veux que seule toi, touche et confectionne ces robes, est-ce bien clair? 

Une légère lueur de peur jaillit de mes yeux, mais il était trop tard pour reculer, il fallait le faire, si je ne voulais rester cloitrée dans les sous sols à nettoyer les robes de  la reine, c'était une chance à saisir. 

-Bien, Madame. Si vous me le permettez, je pense que je devrai m'y mettre tout de suite, vous ne croyez pas? 

-Oui. Et, une dernière chose, me rappela-t-elle, avant que je fuit cette chambre, rappelle toi que tu n'es plus une domestique, donc dans ce cas, tu es la chef des opérations, tu dois diriger ces personnes, ce n'est pas une tâche facile, je compte sur toi. 

Les mots sortirent faiblement de ma bouche, non seulement j'avais trois jours pour réaliser trois robes que je venais de dessiner, et en plus je devait diriger les opérations, diriger ces personnes qui étaient des professionnelles dans le métier. N'ai-en-moins, j'avais le droit de leur demander conseil. 

-Bien, Madame, chuchotais-je, s... sui... suivez moi... s'il... suivez moi, s'il vous plait. 

J'avais dit cette phrase au début, légèrement hésitante, mais à la fin, je m'étais rappeler que j'étais le chef, alors ces derniers mots sont sortis, plus ferme. Voilà ce qu'il fallait que je sois à partir de maintenant, avec ces professionnels. Ferme. Il fallait que je sois ferme.