Deux iris clairs et colorés s'ouvrirent dans la relative pénombre qui régnait dans la mansarde. De multiples rayons lumineux émanaient des volets de l'unique fenêtre de celle-ci, trahissant un réveil qui avait beaucoup trop tardé. Le craquement sec du parquet de bois du vieil escalier venait d'éveiller les sens encore à demis endormis du jeune homme. Un éclair de lucidité lui fit prendre conscience de l'urgence de la situation.
Bon sang le travail à la forge ! Elyre va me tuer.
Il entendait déjà les pas de sa tante se rapprocher inexorablement du porche de la chambre. Le jeune homme repoussa sa couverture dans le fond du lit pour ensuite poser pied à terre. On toqua à la porte au même moment et Darian s'immobilisa de suite.
— Darian, ne me dit pas que tu traînes encore au lit ? Dépêche-toi, aujourd'hui tu es sensé travailler avec ton père.
La voix de sa tante était douce, avec une pointe d'autorité. Elyre avait pris grand soin de reprendre en main la maisonnée depuis le décès de la mère de Darian, quelques années auparavant. Le jeune homme savait d'expérience que malgré sa bienveillance il ne fallait pas se risquer à trop la contrarier. C'était maintenant elle qui faisait la loi dans la demeure et déguerpir le plus vite possible était le seul moyen de se soustraire de son autorité, temporairement. En la matière même son propre paternel n'échappait pas à la règle.
— Oui, oui je sais, répliqua le jeune homme, un soupir aux lèvres. Je me lève et puis je file au village.
— Le soleil est déjà bien haut dans le ciel, n'espère pas te la couler douce comme ça tous les jours jeune homme !
— Je sais, tante Elyre.
Celle-ci était déjà repartie, ses pas énergiques percutant de nouveau le parquet grinçant. Darian se leva pour de bon et attrapa une pile de vêtements soigneusement pliés sur le rebord de la commode. Une douce odeur de lavande monta jusqu'a ses narines. Il enfila avec rapidité des chausses sombre, une cotte blanche puis boucla ensuite sa vieille ceinture de cuir.
Enfin prêt Darian se dirigea vers la porte. Alors qu'il s'apprêtait à sortir il se ravisa finalement. Le jeune homme avait oublié quelque chose, il se retourna donc et repartit en direction de la commode. Du premier tiroir il en sortit un couteau empaqueté dans un étoffe de tissu. Une fois le poignard extrait de son emballage puis de son fourreau, Darian en examina la lame.
On n'est jamais trop prudent même si le village est assez calme en ce moment. Puis ça sera l'occasion de l'aiguiser à la forge.
Ses initiales avaient été gravé sur la fine lame d'acier. De facture standard, le poignard avait plus une valeur sentimentale que pécuniaire pour Darian.
Une arme pour protéger ta vie mon fils. Fais en usage avec parcimonie et sagesse, avait alors prononcé Diméter Allister lors de la remise du couteau à son dix-septième anniversaire.
Darian l'accrocha à l'une des boucles de sa ceinture puis sortit enfin de la pièce. Il dévala l'escalier et se retrouva dans la cuisine. Elyre était accoudée contre le comptoir. Ses prunelles noisettes le dardèrent d'un regard bienveillant. Avec ses cheveux auburn attachées en arrière et un tablier noué à la taille, elle ressemblait à s'y méprendre à la mère de Darian, un fait anodin pour des soeurs jumelles. La seule ombre au tableau était l'absence de taches de rousseurs sur le visage de sa tante. Tandis que Darian s'apprêtait à passer devant le comptoir, Elyre lui tendit une pomme qu'elle venait de sortir du meuble.
— Tiens prends-ça. Tu as peut être raté le coche du petit-déjeuner mais ne pars pas le ventre vide.
— Merci, je la croquerais en chemin, répondit le jeune homme en attrapant le fruit.
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Lame D'Azur
FantasyMéliétel, une bourgade paisible d'Ithac, province fleurissante de l'Empire Nérèvanien. Niché entre les collines et le mont Tageytos, il s'agit d'un village tranquille, sans histoire où les visiteurs sont rares. Darian ne rêve que d'égaler les...