Chapitre 9 : L'Épreuve de la Lame (1/2)

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I


   J'espère qu'il n'en a pas pour longtemps, cette montagne est vraiment lugubre, tenta vainement de se rassurer Camillia. Assise sur un banc délabrée jouxtant l'entrée de l'ancienne mine, elle attendait le retour de Darian avec une inquiétude certaine. Ils étaient arrivés une bonne dizaine de minutes auparavant, une fois les sombres sentiers de la forêt franchis.

   Quel idiot... Il a insisté pour parcourir seul ce boyau tortueux. Et si jamais il lui arrive quelque chose à l'intérieur ? A vu d'œil, cette mine n'est plus entretenue depuis des décennies.

   Une fois arrivé devant la mine, le jeune homme n'avait pas voulu en démordre ; Lui seul irait dans les entrailles de la montagne. « C'est le devoir de ma famille » avait-il simplement déclaré. Camillia s'était donc vue dans l'obligation de l'attendre dehors, non sans nervosité.

   « Si jamais tu sens quelque chose s'approcher dans les buissons, n'hésite pas, rentre dans la mine et barricade la porte. Il y a une poutre près de l'entrée. » Camillia n'était guère rassurée par cette éventualité, une vulgaire poutre en bois suffirait-elle à repousser l'un de ces monstres ? Et si les cavaliers noirs les avaient rattrapés en fin de compte ? Ce n'était pas avec son modeste poignard qu'elle pourrait se défendre.

   Non je dois être plus forte que cela. Tout va bien se passer, le plus dur est derrière nous. Je ne dois pas fléchir, pas après tant d'épreuves.

   La jeune femme était aux aguets, observant le moindre bruissement, mouvement qui pourrait provenir du sentier qui serpentait jusqu'à l'orée du bois. L'empyrée était toujours empêtré dans ce voile pourpre qui éclairait les cieux. Grace à l'étrange phénomène météorologique, la nuit était bien plus claire qu'à l'accoutumé. Cependant, au fond d'elle, Camillia savait bien que ce phénomène n'avait rien de naturel. La lune de sang en avait été le signe avant-coureur, celle qu'elle avait aperçu entre les nuages à sa sortie de la grange.

   Mais finalement, malgré l'enchaînement chaotique des événements, elle avait fini par se retrouver au chevet de son aimée, le destin décidant de les réunir contre toute attente. Elle avait tout perdu et Darian était maintenant le seul être qu'elle pouvait encore chérir. Leur relation courrait déjà depuis plusieurs mois, se voyant en cachette, ne s'accordant que de fugaces moments de bonheurs afin d'éviter que des rumeurs ne répandent dans tout le village. Son père n'aurait pas supporter d'apprendre que sa fille unique fréquentait un damoiseau sans sa permission. A ceci s'ajoutait que les rapports entre son père et celui de Darian n'avaient jamais été très cordiales.

   « Les Allister, cette famille de nanti qui est venu se perdre en campagne. Ils n'ont rien à faire ici. Ils sont juste venus se faire de l'argent sur notre dos » avait un jour lâché son père un soir de beuverie. Elle aimait son père de tout son cœur, mais certains points en avaient terni l'image qu'elle avait de lui.

   Et maintenant il est trop tard... Plus jamais je ne le reverrais...sans même un adieu.

   Malgré l'horreur et la dureté de la réalité à laquelle elle devait se confronter, peut être fallait-il voir le bon côté des choses. Plus jamais elle n'aurait à cacher sa relation avec Darian et plus jamais elle n'aurait à travailler au Sanglier. Bientôt ils seraient tout deux libres de vivre comme bon ils leur sembleraient. Et pour cela, il fallait d'abord survivre à cette nuit sans fin.

   Le père de Darian avait eu l'air inquiet à l'idée d'envoyer son fils à la mine.

   Je ne sais pas comment il fait pour tenir debout malgré toutes ses blessures. La brûlure sur son bras, les griffures des loups.... Non je ne peux pas le laisser s'aventurer seule dans cette mine. Je ne veux pas courir le risque de ne plus jamais le revoir lui aussi, de revoir quelqu'un mourir sans pouvoir rien y faire.

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