Chapitre 13 : L'Héritage (1/3)

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I


   Le jeune homme devait réagir le plus rapidement possible. Le danger et la mort l'encerclaient de toutes parts. Bientôt l'ensemble du domaine se transformerait en brasier ardent, et maintenant de nouveaux invités venaient de s'adjoindre au feu de joie. Pourtant il ne bougea pas d'un pouce.

   Parmi l'assemblée de cultiste qui se dirigeait vers Darian, cinq d'entre eux menaient la marche. De front se tenait un immense guerrier en armure de plates sombre, un heaume cornu juché sur la tête. Dans sa main droite il tenait une longue hallebarde calé sur son épaule, dans l'autre un imposant bouclier fixé sur son avant-bras. Dans son ombre progressaient les autres membres du groupe. Revêtus de robes aux filigranes d'argents, chacun d'entre arboraient un masque cérémoniel cachant leurs traits sous leurs capuchons.

   Darian enserra la poignée de sa Lame d'Azur, seul contre un si grand nombre d'ennemis il n'avait aucune chance. Pourtant il s'interdisait de fuir, il avait peut-être échoué à sauver la vie de ses amis mais il ne mourra pas comme un lâche. Il ne restait maintenant plus que lui pour préserver les secrets de sa lignée et il préférait la mort que de les vendre aux cavaliers noirs.

   — Et bien il me semble que nous avons raté le clou du spectacle, mes chers confrères, s'affligea l'une des silhouette. Comme nous nous retrouvons grand gaillard !

   Darian y reconnut l'étrange femme à la démarche agile qui s'était adressée à lui à la grand-place, après sa capture. Son masque était constitué de deux parties séparés par un courbe en diagonale, l'une, d'un nacre immaculé aux gravures dorés, dépeignait une visage radieux, l'autre d'un noir grisâtre et aux nombreuses craquelures, laissait apparaître une expression psychotique.

   — Il porte l'une de leurs lames. Il faut s'en débarrasser, c'est une menace pour notre Père à tous.

La femme se tourna en direction de celui qui portait un masque en os au long bec proéminent et pointu.

   — Sénéchal, tu dis cela car il a fait mordre la poussière à ton petit protégé, rétorqua-t-elle pour ensuite de nouveau dévisager le jeune Allister. Tu as peut-être vaincu l'Augure mais son pouvoir est infime comparé à celui de la Griffe.

   — Allons, dois-je lui fendre le crâne oui ou non ? s'impatienta le guerrier en armure tout en soupesant son arme d'hast.

   — Je ne sais pas Tyran. J'aimerais tant prendre ce joli étalon à mon service. Il est bien bâti et fort, je n'imagine pas tous les sévices que je pourrais lui faire endurer, tous les plaisirs...

   — Epargne-nous ta débauche Vierge de Fer. Il est hors de question de laisser un Aegis en vie, l'interrompit le Sénéchal.

   — Lui, un des leurs ? Il est bien trop jeune, trop malléable...

   — Cessez vos jérémiades, vous oubliez vos places, membres de la Griffe ! Seul notre Père décidera du sort de ce mortel.

   Darian observait la situation en silence, la main toujours sur la poignée de sa bâtarde. Celui au ton impérieux qui venait d'intervenir avait fait taire l'assemblée. Son masque simpliste et dénué de fioritures et recouvert d'une couronne de fer contrastait avec ceux de ses compagnons. Au centre du groupe, il semblait présider le rassemblement.

   Si je peux en tuer un seul ce sera lui.

   Sur la gauche, le dernier membre de la Griffe n'avait toujours pas daigner prendre la parole. Sous son masque arachnéen, il préférait laisser les autres s'entre déchirer plutôt qu'intervenir. Un frisson s'empara de l'échine de Darian et il tira sa lame pour se mettre en posture de défense. Au même instant l'assemblée se tut.

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