Lame D'Azur

Chapitre 11 : Dans les ténèbres (1/2)

I

   Une main sur sa bâtarde, Darian Allister émergea du buisson. L'homme se tourna vers lui, prêt à tirer son sabre à l'instant même ou Darian passerait à l'action. L'homme ne portait pas la même tenue que les autres cavaliers noirs, il s'avançait vers lui à visage découvert. Darian s'immobilisa et détailla du regard son futur adversaire. Il devait trouver un point faible et agir en conséquence, tels étaient les enseignements de Galwix. Il devait se concentrer et oublier tout le reste.

   « Je peux vous apprendre à combattre, mais pour cela il vous faudra utiliser autant votre cervelle que vos muscles. Un duel est une danse mortelle, où instinct et raison ne font plus qu'un. Il faudra vous adapter à chacun de vos adversaires. » leur avait annoncé le vieux maître avant de commencer les leçons

   Les traits de l'homme étaient sévères et durs, ses yeux empreint de malveillance. Le coté droit de son visage était tuméfié et il arborait une chevelure noire attachée en arrière en catogan. Des favoris enserraient ses joues, suivit d'une moustache en brosse et d'un bouc court taillé en pointe. L'extravagance s'arrêtait ainsi car la manière dont il était vêtu semblait des plus classiques. On n'y retrouvait ni plaque d'acier ni cottes de maille, juste un pourpoint en cuir noirci fermé par quatre boucles sur le devant. Il s'agissait d'un guerrier comptant plus sur la rapidité et la précision que sur la force brute soupçonna Darian.

   — Tu es donc son fils. La ressemblance est flagrante à vrai dire. Tu n'échapperas pas à ton destin, claqua la voix sinistre du cavalier.

   — Son fils ? Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

   — Eh bien, tu te montres déjà plus loquace que lui. Un colosse digne des statues de marbre des héros de guerres impériaux. Un fou furieux maniant la hache comme une furie.

   Cela correspondait bien à la description de Diméter Allister et du peu que Darian avait observé de sa technique de combat. Est-ce du bluff ? se questionna le jeune homme.

   — Si vous aviez rencontré mon père vous seriez déjà mort !

   — Oh, il m'a donné du fil à retord c'est vrai, répondit-il en montrant sa face tuméfiée. Mais j'ai eu raison de lui. Son cadavre flotte dans la rivière boueuse qui entoure les ruines de ce que vous appeliez un village.

   Darian ne crut pas un instant au mensonge de l'homme à la tignasse noire, il se serait emparé de la hache de son père si ce dernier avait été bel et bien vaincu. Non, Darian voyait clair dans le stratagème de son adversaire, il essayait de le faire céder à la colère. Tâche était à lui maintenant de jouer avec les attentes du guerrier noir.

   — Vous n'êtes qu'un menteur, vous et votre langue de serpent, cracha Darian prêt à dégainer.

   Le jeune Allister tira sa bâtarde du fourreau et s'élança vers l'avant.

   — Je suis l'Augure, et je n'ai aucune raison de mentir à un mort en sursis. Car maintenant je vais te tuer Allister ! répondit le guerrier noir en écho.

   A son tour l'Augure dégaina et se jeta dans la mêlée. Darian sentit un bruissement sur sa droite, surement le signe que Camillia s'était enfuie. Les deux duellistes furent l'un sur l'autre l'instant qui suivit.

   Darian feinta d'une frappe grossière à la verticale, de celle que l'on voyait venir des années à l'avance. L'Augure se courba pour le cueillir d'une fente en plein torse. Le jeune Allister changea de posture au dernier moment et frappa d'un balayage horizontale. Il comptait sur la plus grand allonge de son épée pour toucher en premier son adversaire qui s'était rapprocher pour frapper. L'Augure esquiva d'un pas agile en arrière et intercepta la bâtarde avec son sabre. Darian repartit à l'assaut et enchaîna plusieurs frappes de taille de suite. Son adversaire se fendit de nouvelles cabrioles, esquiva et para sans difficulté, puis lors de la parade suivante, il glissa le long de la bâtarde et se projeta vers le flanc de Darian. D'une nouvelle feinte, il visa la gorge du jeune Allister.