Lame D'Azur

Chapitre 11 : Dans les ténèbres (2/2)

IV

   Des feuillus massifs l'entouraient de toutes parts, singeant les remparts d'une forteresse de tronc, de branche et de végétation. Camillia patientait déjà depuis de longues minutes au sein du chêne centenaire de la clairière, adossée contre son tronc. Il lui avait fallu plusieurs essais pour réussir à se hisser sur le chêne et elle avait cru se rompre le cou plus d'une fois. Pourtant elle avait fini par réussir et se tenait maintenant à cheval sur une branche épaisse. Personne ne la trouverait ici, caché dans les entrailles du grand arbre, personne sauf Darian. Maintenant elle n'avait plus qu'à l'attendre.

   Un silence de mort régnait dans le clairière, comme dans tout le reste du bois depuis que le ciel s'était paré de son manteau pourpre. Camillia ferma les yeux, le calme et la tranquillité ambient ne faisaient qu'accroitre le sommeil qui agressait ses paupières lourdes. Elle pouvait bien fermer un œil en attendant le jeune Allister, ici elle était à l'abri et hors de danger pour la première fois depuis plusieurs heures. L'espace d'un instant, elle voulut repenser à l'ensemble des péripéties qu'elle venait de traverser, mais elle était bien trop fatiguée pour cela. L'espace de plusieurs battements de cœur elle connut le repos.

   Soudain des feuilles se mirent à craquer et des bottes pénétrèrent dans la clairière. Le silence était rompu. Camillia émergea de sa torpeur et reprit conscience. Quelque chose était en train de s'approcher de sa cachette. Le cœur de la jeune femme s'emplit alors d'espoir. Darian était-ce enfin lui ? Ou bien Ralfel et Tempérance qui avaient finalement réussi à s'enfuir. Non c'était impossible, Ralfel était mort avait-elle sottement oublié, comme tous les autres. Une pointe glacial perça son cœur, il n'y avait pas qu'un seul individu.

   — Tu crois vraiment qu'elle partit par-là ?

   — Je ne sais pas, vaut mieux vérifier. On a perdu ses traces au bord d'un fossé pas trop loin.

   Camillia jeta un coup œil rapide au dehors de sa cachette sylvestre. Deux silhouettes en robes noires déambulaient dans la clairière, éclairées par les flammes d'une torche.

   Tu penses qu'on pourra s'amuser avec cette donzelle-là cette fois ci ? fit le plus costaud des deux tout en observant les alentours.

   Voyant que son comparse venait de s'arrêter à la lisière du bois, il se rapprocha de ce dernier en traînant des pieds.

   Ça y est, ta trouvé quelque chose ? Des traces ? ajouta-t-il impatient.

   Une nouvelle pointe de glace empala le cœur de la jeune femme. Elle avait oublié de recouvrir ses traces depuis sa chute dans la mare boueuse se rendit-elle compte. Il ne s'agissait que d'une question de temps avant que les deux cavaliers ne remontent jusqu'à elle. L'autre homme lâcha un soupir et se releva.

   Des traces de pas en effet. Et regarde par-là, un bout d'étoffe comme celui qu'on a trouvé un peu plus haut sur la crête.

   Le costaud a évoqué une autre femme, s'agit-il de Tempérance ? se questionna-t-elle. Non, ce n'est pas le moment de penser à de telles choses. Elle devait se focaliser sur sa propre situation si elle souhaitait échapper au deux cavaliers.

   Camillia se recroquevilla sur elle-même et se colla contre le tronc épais. Que devait-elle faire ? Rester caché dans l'arbre ? Ou descendre et s'enfuir à toute vitesse ? Elle s'appuya contre une branche voisine afin de mieux assurer sa prise. Dans le noir, elle ne remarqua pas qu'il s'agissait d'une branche morte. Celle-ci émit un crac sonore et se brisa. Le destin s'acharnait sur elle.