Chapitre 5 : Les Cavaliers noirs (2/2)

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 II


    L'Augure survola l'allée principale du village d'un regard inquisiteur. Le signal avait été annoncé, ses confrères et consœurs ne tarderaient plus à le rejoindre. Il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi ce village en particulier avait été choisi pour la Moisson, mais cela ne l'avait pas empêcher d'accomplir sa mission avec brio.

   La Griffe l'avait envoyé en tant qu'éclaireur dans cette pitoyable bourgade qui répondait au doux nom de Méliétel. Relativement difficile d'accès et les visiteurs rares, personne ne viendrait les déranger par ici.

   Pendant trois jours consécutifs l'Augure s'était rendu dans le village, se faisant passer pour un voyageur itinérant. Au cours de son infiltration, il avait rassemblé le plus d'informations possible sur celui-ci et ses habitants. Dorénavant il avait connaissance de chaque routes et accès, de chaque pierres du village, du lieu de résidence de chaque famille. Les marchands ainsi que le bourgmestre l'avaient plus que bien renseignés sur la question. Un plan avait alors été mis en branle par la Griffe, et c'était lui en personne qui devait en sonner la charge.

   Les misérables, ils ont signé leur arrêt de mort. Ça va être un véritable massacre.

   La Griffe lui avait aussi demandé de s'informer sur une certaine famille en particulier, chose qu'il avait accompli sans la moindre difficulté. Sur ce point les motivations de ses maîtres semblaient obscures, mais il n'était pas de son ressort de s'en préoccuper, il n'était qu'un simple exécutant après tout.

   L'Augure s'attarda sur le cadavre. Le malheureux s'était montré irrespectueux. À demi saoul, il s'était adressé à lui comme à un vulgaire manant puis avait tenté de s'enfuir une fois son erreur comprise. L'Augure aurait pu se contenter de l'assommer, mais il ne s'arrêta nullement à une telle demi-mesure. Plus que tout, il aimait voir couler le sang d'autrui. Il avait décapité le gueux avec un plaisir coupable, simple échauffement avant le début des festivités, malgré qu'il n'eût pas s'agit de sa première victime de la soirée. Le vieillard qui faisait le guet aux abords du passage, lui aussi il l'avait tué.

   Après tout, être sacrifié pour la Moisson est une bénédiction, bénédiction qu'il faut mériter...

   Une horde de cavaliers déboula à grand fracas dans son dos, s'éparpillant ensuite sur toute la longueur de la route. Une cinquantaine d'individus se tenait avec lui, et d'autres finiraient par les rejoindre d'ici une bonne heure. Ce n'était pas toutes les soirs que la Cabale se réunissait dans son intégralité. Non cette nuit était unique, celle attendu depuis bien des décennies, la nuit de la Moisson, celle qui redonnerait vie au Maître.

   S'ils ne se réveillent pas tous avec ce boucan... De toute façon c'est trop tard pour eux, ils sont pris au piège. Ce triste hameau n'a que deux accès, deux accès entre nos mains maintenant.

   Un dernier contingent vint à traverser le pont et une fois arrivé à mi-chemin, chacun des cavaliers, l'Augure y compris, se retourna dans la direction des nouveaux arrivants.

   Une ombre noire, surmontant un immense destrier de guerre, s'avança en tête sur le parvis du village plongé dans la pénombre. Une couronne en fer surplombait son capuchon. L'Ainé était maintenant parmi eux, accompagné de sa garde d'élite. Cette nuit il présiderait la Griffe et accomplirait le rite sacrificatoire. Il s'avança au milieu de la horde et déclara d'une voix pleine d'assurance et d'autorité.

    — Mes chères frères et sœurs, nous voici ainsi tous réunis en ce lieu. Il y a bien longtemps que nous attendions ce moment, bien trop longtemps... Mais l'heure est enfin venue, l'heure de la moisson, du renouveau et de la résurrection ! Le véritable Dieu va revenir parmi nous ! Entrez dans les demeures, sortez ces impies de leurs lits et offrez-les en sacrifice ! Pour la gloire du Père et celle de la Cabale !

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