Lame D'Azur

Chapitre 7 : Lune de sang (1/3)

I

   Ils finirent par arriver à la forge des Allister un bon quart d'heure après leur fuite inespérée. Darian avançait en tête afin de montrer la voie à ses comparses. Camillia ainsi que Tempérance le suivaient de près, accompagnés d'une autre personne qui les avait rejoints en cours de route. Ils avaient cheminé dans le dédale tortueux des ruelles du village avec prudence, n'hésitant pas à faire plusieurs détours afin de leurrer leurs poursuivants. Venir à la forge avait été le premier réflexe de Darian, le groupe ne devait pas rester sans défense face aux cavaliers noirs. Ils attendaient maintenant devant le cabanon de l'atelier, profitant de l'occasion pour souffler un peu. Le nouvel arrivant s'approcha de Darian, les traits anxieux et crispés

   — On s'arrête déjà ? Je croyais qu'on devait s'enfuir du village, fit-il

   — On attend l'arrivée de Ralfel et d'Alcid, ensuite on prend de quoi nous défendre dans la forge puis on se tire d'ici, répondit Darian

   — Hors de question c'est trop dangereux d'attendre ! Ces gens sont fous, ils les ont peut-être déjà rattrapés vos amis ! Ils vont peut-être même les conduire à nous !

   — Non, j'ai confiance en eux. Ils arriveront à les semer en route.

   — J'espère pour toi, je n'ai pas envie de finir de nouveau entre leurs mains...

   — Ne t'inquiète pas, ils ne devraient plus tarder. Comment t'appelle-tu d'ailleurs ?

   — Thiklès, je suis le fils de Bias, le fermier. Et toi...

   Soudain le tonnerre gronda et des éclairs se mirent à zébrer le ciel. Ce dernier se recouvrit d'une légère brume cramoisie. L'apparition du phénomène météorologique avait coupé court à la conversation des deux jeunes hommes.

   On dirait la même chose que dans mon rêve, juste avant que Camillia me réveille.

   Deux silhouettes émergèrent tout à coup des ténèbres pour bientôt rejoindre le groupe au niveau du cabanon. Darian tourna la tête dans leur direction et hésita à instant à ordonner à ses amis de rentrer dans la forge, puis finit par reconnaître la silhouette insouciante de Ralfel.

   — Ne vous inquiétez pas ! Ce n'est que nous, les héla le fils du tanneur.

   Les deux comparses finirent par arriver à eux, juste devant le porche du cabanon. Ralfel avait l'air d'être à bout de force, ses vêtements déchirés en de nombreux endroits. Le constat était semblable pour Alcid, à l'exception que celui-ci compressait une vilaine plaie au niveau de son bras qui dégoulinait de sang.

   — Mierda, que s'est-il passé ! Ce sont les cavaliers noirs qui vous ont fait ça ? l'interrogea immédiatement Darian

   — A vrai dire non... On dirait que vous avez eu plus de chance que nous...

   — Tu peux le dire putain ! Une meute de chiens enragés, ou de loups, nous est tombé dessus ! reprit Alcid. Ils nous ont sauté dessus, j'ai de la chance d'avoir encore mon bras !

   — Des loups, en plein centre du village ? Vous délirez complètement, intervint Thiklès.

   — C'est qui celui-là ? rétorqua Ralfel

   — On l'a trouvé sur le chemin. Mais répétez, je ne comprends pas. Vous avez été attaqué par des bêtes sauvages en cours de route ?

   — Alcid vient de te le dire, on a été attaquée par une meute sur la route. Je ne sais pas ce que c'était, impossible de bien les voir avec l'obscurité. J'ai réussi à les repousser au prix de mon gourdin, mais je n'ai rien pu faire pour les autres...