Lame D'Azur

Chapitre 14 : Cendres amères (2/4)

    Les flèches cessèrent de siffler. L'aura du bouclier s'estompa, le métal cabossés en de maints endroits. Les Aranéides tigrés n'étaient plus qu'à quelques mètres. Des sourires mesquins et des mines réjouis s'affichèrent sur les faciès inhumains des Arachnéennes. Elles avaient gagné, la prochaine salve serait la dernière. Elles encochèrent leurs flèches, bandèrent leurs arcs, les cordes se relâchèrent. Les traits s'élevèrent dans le ciel puis retombèrent en cloche.

   — Pour l'Empereur-Dieu ! Purger notre monde de ces engeances impies !

   Une immense demi-sphère d'énergie iridescente apparut. Les traits rebondirent contre le bouclier æthérique et glissèrent contre la paroi sans exploser. Les aranéides inférieurs essayèrent de faire volte-face mais la première des créatures se vaporisa en traversant la paroi. Les guerriers en armure doré dépassèrent les flancs de Darian et de sa protectrice. Ils dégainèrent leurs Chantelames et se jetèrent sur les démons arachnéens.

   — Gloire à l'Empereur ! Pour l'Aegis Primortis ! s'époumona la jeune femme avant de partir à son tour à l'assaut.

   Les engeances tombèrent comme des mouches sous les coups des Chevaliers Aegis. Sur la droite, un combattant à la stature imposante, plus d'une tête que Darian, une heaume à figure de lion juché sur la tête, éventra un aranéide à l'aide des longues griffes qui ressortaient de ses gantelets. Ses déplacements étaient agiles et précis, comme ceux d'un félin. Il esquiva d'une roulade le dard de l'une des tigrés puis bondit sur son dos pour lui asséner le coup de grâce. A sa gauche, un guerrier maniait une arme inconnue des yeux du jeune Allister, sorte de long bâton au manche prolongé de deux lames de sabres de chaque cotés. Il la maniait avec une dextérité et une vitesse inhumaine, fauchant les membres des aranéides comme des épis de blés. Un autre maniait un énorme marteau de guerre entouré d'arcs électriques. Celui-ci voltigeait dans les airs, brisant sans mal les carapaces des créatures. A ses côtés, tournoyait sa protectrice qui éclaircissait à distance les rangs d'engeances à coup de Shiavlone. Mais le chevalier qui retint le plus l'attention de Darian fut celui du milieu.

   Impérieux, il se dressa devant le plus grand des aranéides, l'arachnéen à l'exosquelette chitineux. L'exo-armure du guerrier, ornée de joyaux étincelants et garnie de sceaux de pureté mystiques, resplendissait d'un or encore plus éclatant que celui de ses frères d'armes. L'aranéide lança l'une de ses pinces vers l'avant. Le guerrier fit de même avec sa Chantelame. Jamais Darian n'avait vu pareil chef d'œuvre de forgerie. Longue flamberge à la lame ondulant comme les flammes, elle était illuminée de runes et d'arabesques mystiques qui parcourrait le métal aux reflets carmin.

   L'arme du chevalier s'opposa celle de l'engeance et elles se percutèrent. La pince de l'aranéide se brisa. Les différentes parties de l'épée longue se désolidarisèrent, qui devint souple comme un fouet. La lame s'allongea et s'enroula comme une chaîne autour du céphalothorax du démon. D'une torsion du poignet, le chevalier rappela sa Chantelame à lui. Un sang noir et sirupeux gicla de l'aranéide décapité.

   L'escarmouche terminée, le bouclier æthérique s'estompa. Des engeances inférieurs, il ne restait plus que des viscères et des carcasses éventrées. Les Arachnéennes, elles, avaient disparu, profitant du chaos de l'affrontement pour battre en retraite.

   — Suivez-moi mes frères, poursuivons ses engeances, déclara le guerrier à la lame double, prêt à s'engouffrer dans la forêt.

   — Non, il ne s'agit pas de notre mission. Elles subiront la colère de l'Empereur en temps voulu, rétorqua le chef des chevaliers.

   Darian se releva, son attention se reporta sur la jeune femme qui l'avait sauvé. Sa Shiavlone au fourreau, elle se tenait aux côtés du guerrier à heaume de lion. Il tendit l'oreille pour entendre leur conversation.