Lame D'Azur

Chapitre 14 : Cendres amères (3/4)

   Ils arrivèrent enfin au bout du sentier et les restes fumants du manoir se révélèrent aux yeux du Sire Justiciarii.

   — Miséricorde, cette demeure qui était pourtant si belle n'est plus que cendres.

   — Vous êtes déjà venu auparavant ?

   — Oui il y a de nombreuses années, tu étais encore en bas âge.

   Ils arpentèrent en silence l'allée pour remonter jusqu'au jardin. Darian s'arrêta. Dans la cendre il déterra ce qui semblait être les restes de l'arme de son père, le fer de la hache lui aussi détruit.

   — Cette chose est donc le seul vestige de mon passé... chuchota le jeune homme, plus pour lui que pour Katarn.

   — Garde là, il s'agit de ton héritage Darian. Ce qui fut brisé peut-être reforgé. Gethwiter, porteur du tonnerre. Regarde sur le manche, retire les bandes de cuirs.

   Darian s'exécuta. Bientôt apparut sur la lamelle de fer une gravure en forme d'écu ornée d'un lion.

   — Ton père faisait partie des Gueules de Lions, il était l'ancien Sire Justiciarii.

   — Il me semblait avoir déjà vu ce symbole sur la cheminée il y a de nombreuses années.

   — Maintenant relève toi et suis-moi. J'ai quelque chose à te montrer.

   Le chevalier passa devant lui puis s'assit dans un parterre de fougères un peu plus loin. Il posa sa flamberge sur le sol et fit signe à Darian de le rejoindre.

   — C'est Amarante, la Chantelame que j'ai forgé en compagnie de ton père il y a deux décennies. Maintenant touche la et pose tes mains sur les miennes. Laisse-toi guider par son Chant mais ne t'y enfonce pas trop, reste en surface. Je te guiderais.

   Darian se concentra en son for-intérieur sans trop y croire. Toucher le Chant l'apaiserait peut-être, lui permettrait d'oublier l'espace d'un instant la peine qui l'accablait. Peut-être n'avait-il pas tout perdu. Le jeune homme tendit son esprit, il perçut sans mal les ondes de la flamberge.

   Elles étaient tranquilles comme une mer sans vagues mais le flot commença à se déchaîner à l'approche de Darian. Il commença à perdre pied, pris dans les méandres d'un typhon dévastateur. On l'extirpa du torrent d'eau, il fut comme prit dans un filet d'énergie tiède. Il s'y abandonna et le suivit. En quelque sorte il lui rappelait la mélodie de son père.

   Flash lumineux. La vision fut brève mais clair. L'espace d'un instant il fut de retour la Mine-aux-Murmures, dans la cavité où se trouvait le Cristal majeur. Deux hommes se tenaient dans la pièce, ils travaillaient du marteau à tour de rôle sur une longue épée. Son père et Katarn, plus jeune. La gemme les illuminait de faisceaux de lumière.

   Nouveau flash lumineux. Autre scène, nouveau cadre. Il ne connaissait pas cette endroit. Il reconnut son oncle à ses côtés, il avait revêtu son exo-armure. Il était au premier rang d'une assemblée de chevaliers Aegis. En face sur une estrade se tenait un autre guerrier. Il portait une robe cérémoniale, son visage dure et sévère, ses cheveux rasés sur les côtes, une natte blonde garnissant l'arrière de son crâne.

   Ramener l'Héritage. C'est la seule chose qui compte.

   La scène se distordu. Autre scène, autre temporalité. Il ne voyait plus que des flammes et une ombre se rapprocher. Vaenariel.

   On la ramena à la réalité et il fut de retour dans les cendres du manoir.

   — Tout doux mon garçon. Respire, respire. Elle a plutôt du mordant cette lame, un peu possessive niveau interaction.