Chapitre 6 : Nuit de plaisirs.

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Les deux fuyards atterrir enfin dans une rue principale, au milieu des groupes de jeunes qui criaient de joie, des touristes qui s'émerveillaient des lumières de la ville, des gens qui faisaient des dernières courses, et des employés de bureau qui avaient enfin fini leur journée. Il s'arrêtèrent. Leur torse se soulevait au rythme de leur respiration saccadée. 

  – On les a semé ? demanda Esteban, le souffle court. 

  – On a couru comme des marteaux, alors j'espère bien. Sinon, ce sont des Terminators

Tout en marchant vers une destination inconnue, Simon appela Light une nouvelle fois. Cette fois-ci, miracle, une autre voix au bout du fil. 

Au son de la voix de Light, Simon ne put que souffler un grand coup avant de s'agenouiller par terre, en plein milieu de la rue. Une passante, qui avait failli se prendre les pieds dans son corps, se mit à le traiter de fou avec de grands gestes. Esteban, quant à lui, s'excusa auprès de la vieille femme avant de tirer Simon sur le côté du trottoir, de sorte de ne déranger personne. 

  – On joue au Roi du Silence ? demanda Light, visiblement très détendu. 

Sa voix sonnait comme d'habitude, si habituelle que Simon doutait de la véracité de ce ton. Une mise en scène ? Un camouflage ? Était-il en train de pleurer ? Les yeux de Simon se transformeraient sans doute en chutes du Niagara si l'un de ses parents décédait. Il serait le premier à être inconsolable, et pourtant à solliciter du réconfort. Le premier à vouloir être seul, et pourtant à rechercher l'affection humaine. Le premier à avoir l'esprit vengeur, et pourtant à continuer de vivre, le cœur comme une ancre. 

C'est pourquoi il souhaitait comprendre. Comprendre la façon dont Light réfléchissait, comment il gérait ses émotions. Mais il souhaitait surtout qu'il lui parle. Il accepterait tout. Il accepterait que Light compare la vie à un oiseau sans ailes, à un arbre sans feuillage, à un chanteur muet, ou encore toute autre forme de métaphores qu'il pourrait imaginer dans ce genre de situation. Simon était prêt à tout écouter. 

  – On se rejoint à l'appart, maintenant, dit-il, avant de raccrocher. 

Simon se releva, et entraîna Esteban avec lui. 

De retour à l'appartement, Simon retrouva Light assis à la table du salon, en caleçon – caleçon-chaussettes plus précisément. Il était en train de pianoter sur son ordinateur, tout en sirotant un breuvage étrangement vert. Sans doute de l'épinard. Simon récita un exorcisme contre cette boisson diabolique. 

Catherine, quant à elle, était assise – si on pouvait appeler cette position « assise » – dans le canapé. Elle avait l'air de faire les jeux des magasines télé, mais Simon la connaissait assez pour savoir qu'elle était sans doute en train de barrer tous les visages masculins, ou de leur rajouter des traits ridicules en créant pour chacun une chanson pour les maudire. 

La situation paraissait tellement hors du temps que Simon et Esteban restèrent longtemps figés dans le couleur d'entrée. Puis, Simon émit un léger rire, ironique, et s'enferma dans la salle de bain. 

S'inquiéter pour de telles larves ? Simon avait passé la moitié de sa journée à s'inquiéter pour de telles larves ? Il avait envie de les tordre et d'en faire des chips. Des chips au wasabi. Et de les tremper dans de la sauce piquante avant de les accrocher à un drone pour les envoyer au-dessus des grattes-ciel new-yorkais, où ils seraient mangés par des oiseaux. 

Simon se rafraîchit le visage. 

Il reçut un message de Martin Auburn, l'analyste de l'équipe 15. Il lui avait promis de le tenir au courant de tout malgré son interdiction d'être mêlé aux affaires de l'AMAC. 

Light [MxM] T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant