Chapitre 10 : Une évasion silencieuse

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 [ An 502 de l'ère Thrilmur, 4e mois ]

Rhimat, quelque peu décontenancé par la réponse du prisonnier, se tourna vers son ami afin d'observer sa réaction.

Il ne vit sur son visage qu'un regard qu'il connaissait fort bien, c'était celui que l'homme arborait à chaque fois que son protégé disait, ou faisait, quelque chose d'irréfléchi.

Sachant qu'il ne trouverait aucun réconfort auprès du vieil homme, il préféra se retourner vers la grille en fer.

Le nain toujours enfermé se montrait patient avec le jeune homme. Il savait mieux que quiconque que sa race était haï par les humains, pour des raisons justifiées.

- Pourquoi as-tu été enfermé ? daigna finalement demander Rhimat.

Cela faisait si longtemps qu'il était entre ces quatre murs... Il avait préféré ranger les événements qui avaient engendré son emprisonnement dans un coin de son esprit qu'il ne visitait jamais. Il prit le temps de remettre ses souvenirs en ordre, devant l'air intrigué du jeune homme, puis se racla la gorge.

- Par où commencer... Il y a fort longtemps le roi Godrick a fomenté l'assassinat de mon père, afin de s'arranger les pleins pouvoirs. Comme j'étais son ami d'enfance j'ai cherché à le raisonner mais cela c'est montré inefficace. Peu de temps après j'ai commencé à voler le royaume pour redistribuer l'argent obtenu crapuleusement. Jusqu'au jour où un soldat a frappé à ma porte et m'a arraché à ma famille. Le résultat est devant toi mon garçon, un homme brisé, dont tu es le dernier espoir...

L'histoire était plutôt convaincante, elle arracha même une larme au jeune homme , non pas parce que la situation du prisonnier l'attristait, mais parce qu'elle lui rappelait son passé.

Lui aussi, avait été séparé de sa famille plus d'une décennie de cela. Ses parents s'étaient enfuis loin de l'influence du roi, laissant derrière eux le jeune Rhimat, alors âgé de huit ans.

Alors que le jeune homme se demandait s'il devait libérer le nain, qui semblant fort honnête un phénomène mystique se produisit. Ils entendirent tout deux la même voix s'exprimer, non pas auprès d'eux, mais à l'intérieur de leurs esprits.

« Je vois que vous vous êtes finalement rencontrés. Désolé que cela ait pris si longtemps, mais ta patience sera récompensée. Ouvre-lui, ce compagnon ne te décevra jamais. »

Les deux héros échangèrent un regard, comprenant ainsi que tout deux avaient entendus la voix douce et féminine leur parler.

Pour l'un, c'était la personne qui l'avait sauvée, lui permettant de survivre à l'attaque d'un loup particulièrement féroce.

Pour l'autre, c'était la déesse qui l'avait sommée de ne pas s'emparer d'un trésor qui ne lui était pas destiné.

Rhimat enfonça, sous le regard inquiet de son ami, son épée, dont le bout avait gardée la forme d'une clé, dans la serrure et ouvrit la porte, laissant enfin sortir le nain injustement emprisonné.

- Pourquoi le laisse tu sortir si facilement ? s'enquit alors le forgeron.

- J'ai le pressentiment qu'il nous aidera. Fais moi confiance Wilhelm.

- En effet ! C'est ce que je vais faire ! affirma l'explorateur.

Ce moment, Gestalt l'avait attendu depuis si longtemps. Il passa derrière les deux humains, posa sa main sur le mur, et le poussa, dévoilant le passage secret.

- Si vous voulez bien vous donner la peine, ce chemin vous mènera à la sortie ! Par contre vous devriez couvrir votre nez et votre bouche, l'air à l'intérieur est irrespirable, déclara-t-il.

Échos de ThimeresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant