[ An 502 de l'ère Thrilmur, 9e mois ]
Quelques temps avant le départ du groupe de Gestalt, dans la forêt Ouest de Monetrest
Karden avançait, seul, la boule au ventre, entre les arbres. Sa mission était simple, retenir un régiment de soldat royaux afin de laisser à son plus vieil ami le temps de préparer sa fuite. Et pourtant, sa seule envie était de faire demi-tour et d'aller se cacher dans un coin, comme il l'avait déjà fait auparavant.
Il tapa ses joues afin de reprendre ses esprits et s'insuffler un peu de courage.
- Ressaisis-toi, tout le monde compte sur toi ! se lança-t-il.
Il se remémora les encouragements de ses compagnons, « ne meurs pas, tu me manquerais », « courage, ne te laisse pas abattre ! », ceux-cis lui donnèrent la force de continuer sa route.
- Ces imbéciles... Je les aime bien, mais ils vont réussir à causer ma perte...
Le bandit fit l'inventaire de ses atout, tout en continuant sa route il commença à réfléchir à la ruse qui lui permettrait de survivre à cet affrontement.
Quelques instants plus tard il arriva face à une tête qu'il connaissait bien, accompagné d'un groupe de soldat.
S'il y a un dieu des bandits, c'est le moment de m'envoyer un gros coup de chance ! pria-t-il intérieurement.
- Tiens ! Mais si c'est pas le petit Goltar accompagné de toute sa clique ! Je m'attendais pas à vous voir par ici ! Qu'est-ce qui vous amène si loin de votre château ?
- K ? J'aurais du m'en douter... Tu m'as trahis, tu as trahis le royaume ! vociféra le nain.
- Moi ? Pour vous trahir il aurait fallu que je sois de votre côté ! Mon seul allié dans ce monde, c'est moi-même ! s'exclama le bandit.
- Pitoyable. Peu importe tu tombes bien. Rends moi mon argent, si tu tiens à la vie, ordonna le soldat.
Karden fouilla ses affaires afin de gagner un peu plus de temps.
- Mince, il semblerait que j'ai déjà tout dépensé !
- Tout ?! Mais il y avait suffisamment d'argent pour vivre aisément pendant plusieurs années ! Comment as-tu pu dépenser autant en si peu de temps !
Goltar commença à devenir rouge de colère. Karden en tira parti, un ennemi en colère était un ennemi imprudent.
Les autres soldats restaient en arrière, dans l'attente d'un ordre.
C'est presque trop facile... pensa le bandit.
- De l'alcool mon cher ! Beaucoup d'alcool !
Il avançait lentement en énumérant les causes de sa faillite.
- Whisky, rhum, bière, vin, avec les repas qui allaient avec, ton roi est vraiment généreux ! Tu devrais penser à le remercier.
Il était presque à bonne distance, et sa cible ne se doutait de rien, le dieu des bandit avait forcément entendu sa prière.
- Des nuits dans les meilleures auberge, les plus beaux bijoux, et cette magnifique dague !
Karden planta l'arme dans le cou du nain, qui n'avait rien vu venir ! Il la retira et un flot de sang jaillit de la plaie. Le choc se lu sur son visage en comprenant ce qu'il lui était arrivé. Le nain porta sa main à son cou pour appuyer sur la plaie et tenter de sauver sa vie, mais il était déjà trop tard.
- Ça c'est pour avoir gardé mon ami loin de sa famille aussi longtemps, lança le bandit, le regard noir.
- Sois maudit... Mercenaire... réussit-il à articuler avant de cracher du sang au visage du mercenaire.
Ce furent les derniers mots de Goltar, qui s'écroula au sol, le teint livide, le cou, le torse, et le bras couverts d'hémoglobine.
Tiens, dommage que la mamie en manque d'émotions fortes ne soit pas là, elle serait servie, entre le nain mort par terre, et moi qui risque fortement de le rejoindre, si je ne réussi pas mon coup... pensa-t-il.
- Ce moins que rien a osé s'attaquer au chef ! Attrapez-le ! ordonna l'un des soldats au reste de ses camarades.
- Pour être torturé, puis tué ? Très peu pour moi.
- Allez les gars, on l'encercle !
Comme prévu...
- Vous êtes sûr que vous préférez pas me laisser partir ? Après tout, c'est grâce à moi si l'un de vous va bientôt avoir une promotion.
- Comment oses-tu, tu vas mourir misérable !
Les autres soldats ne manquaient pas d'insulter leur ennemi également, « pourriture » faisait d'ailleurs parti des mots revenant le plus souvent.
- Tant pis. Je vous aurais laissé une chance, en garde !
Karden empoigna son épée de la main droite puis plaça sa main gauche dans son dos.
- En garde ? Regardez-le ce pathétique humain ! se moqua le soldat.
- Le pathétique humain à plus d'un tour dans son sac, regardez bien !
Soudain le bandit attrapa de sa main dominante une petite sacoche et fit un tour sur lui même ! Une poudre dorée alla se placer dans les yeux de chacun de ses ennemis, et les réactions ne se firent pas attendre.
- Arrhg ! Sa brûle ! Enlevez-moi ça par pitié !
Tous commencèrent à se frotter énergiquement les yeux.
- Vous devriez peut-être éviter. Les sables de Malleos vous feront encore plus souffrir si vous tentez de vous en débarrasser.
Les fameux sables de Malleos, cette arme déloyale avait été interdite depuis plusieurs centaines d'années, mais les bandits faisait fi de ce genre d'interdiction. Leur effet était simple, mais radical, au contact d'une surface humide, comme les yeux, ils causaient une sensation de brûlure insupportable.
Les plaintes du petit bataillon continuaient et s'intensifiaient.
- La prochaine fois, quand je vous propose de me laisser partir, faites-le. Hors de ma route toi, il mit un violent coup de pied à celui qui avait été son principal interlocuteur, l'envoyant valser un peu plus loin. Je doute que l'on se revoit, il y a un point d'eau un peu plus loin, bonne chance pour le trouver.
- Sois maudit, mercenaire ! grogna le soldat, reprenant les derniers mots de son chef.
Pourquoi je les aides moi ? L'âge m'a vraiment adouci... Bon, l'heure est venu de remplir la mission que Gestalt m'a confié, direction Karthsög.
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Échos de Thimeres
FantasyDans le monde fantastique de Thimeres, le danger est omniprésent. À la nuit tombée, loups et autres monstres terrorisent les villageois qui s'aventurent hors de leurs chaumières. Le jour, c'est la tyrannie du roi Nain Godrick, nourrissant une profo...