Échos de Thimeres

Chapitre 9 : Gestalt - ... Et le tyran. Partie 4/4

[ An 477 de l'ère Thrilmur, 2e mois ]

Quelques mois après sa demande, au retour des beaux jours l'union de Gestalt et Tabby fût célébrée. Nombreux étaient venus assister au mariage, parmi eux les parents de la mariée, le père du marié, le tavernier accompagné de sa femme et son jeune bambin, quelques amis fermiers, le bijoutier ayant apporté les alliances et, enfin, un vieil ami du marié, Lenric, le maître explorateur qui lui avait tant enseigné.

La cérémonie était particulièrement luxueuse. Les parents de la fermière avaient longtemps économisé afin d'offrir à leur fille unique un mariage digne d'une princesse.

Le mariage, ainsi qu'une réception suivant celui-ci eurent lieu dans le plus beau et le plus grand restaurant de la ville, qui avait été réaménagé pour l'occasion.

La seule chose pour laquelle les parents de la belle n'avaient pas mis la main à la poche était les alliances, en effet Geôrgios avait promis de les procurer au couple et il n'avait pas failli à sa mission . Les bagues qu'il avait apporté s'adaptaient parfaitement aux mains des jeunes mariés et, bien que faites d'or, lorsque les rayons du soleil se posaient sur elles, des reflets de couleur verte les recouvraient.

« Ce bijoutier est vraiment un artisan hors pair » avait alors pensé Gestalt.

Après une lune de miel passée dans un cottage de Ishraan, une région chaude à la limite du désert sud de Thimeres, les mariés retrouvèrent la ferme qu'ils avaient laissée au bon soin d'amis.

Et après quelques modifications la vie reprit son cours. Gestalt et Tabby partageaient à présent leur couche, l'ancienne chambre du nain était devenue une salle de travail où il pourrait ranger les livres contenant les récits de ses aventures ainsi que ses observations personnelles.

Quelques temps plus tard la ferme s'agrandit, afin d'accueillir de nouveaux pensionnaires dans un poulailler flambant neuf, mais quelque chose manquait toujours au jeune couple. Ils n'avaient cessé de tenter de concevoir un enfant sans succès. Le nain commença à douter de la possibilité d'avoir un enfant avec une humaine, jusqu'à ce jour...

Ce soir-là le chef cuisinier revenait chez lui, éreinté de sa soirée à la taverne. Il espérait trouver du réconfort au creux des bras de sa femme. Celle-ci attendait en effet avec impatience le retour de son mari, mais pour d'autres raisons.

Lorsque Gestalt entra chez lui il remarqua le regard inquiet de son épouse, ainsi que la lettre, portant le sceau du conseiller royal. Son père n'avait pas pour habitude de communiquer avec lui, il s'empressa donc d'ouvrir la lettre et de la lire :

« Gestalt, mon fils si tu lis ceci, c'est que quelque chose de terrible est arrivé. Pendant que tu coules des jours heureux auprès de ta femme et, je l'espère, de mes petits enfants, les événements à la cour me laissent penser qu'un complot visant à m'évincer du rôle de conseiller se trame. La vérité est que, depuis que le nouveau roi, Godrick, est monté sur le trône, il n'a cessé de chercher un moyen de se débarrasser de moi, car je l'empêche d'atteindre son but. Cela fait des années que je cherche à le raisonner mais rien n'y fait, pour je ne sais quelle obscure raison il déteste les humains, tous, sans distinction. Pire encore, il souhaite les déposséder, petit à petit de leurs biens au profit d'une élite naine qu'il aura lui même choisis. Je prévois cette lettre en espérant que jamais elle n'arrive entre tes mains, mais si cela devait arriver ce sera à toi de tenter de raisonner son altesse, tu es son seul ami d'enfance, peut-être réussiras-tu là où j'ai échoué. Ne sois pas triste pour ton vieux père Gestalt, j'ai eu une vie heureuse, et sache que tu es quoi qu'il arrive ma plus grande fierté. »

- Ton père qui t'aime, finit-il à haute voix, les larmes coulant sur ses joues.

Tabby voyant la détresse de son mari le prit au creux de ses bras et le laissa noyer sa tristesse contre sa poitrine, une fois que l'homme eut retrouvé ses moyens elle le laissa respirer et lui demanda :