One Piece - New World

Chapitre 22

Le ciel était recouvert d'un voile sombre et inquiétant. Notre petite troupe courait en direction du Moby Dick à toute allure. J'avais les jambes en compote et mon souffle était irrégulier. La terre tremblait avec fureur, un grondement retentissant rythmait les hurlements de Big Mom. En levant les yeux, j'aperçus un immense cumulonimbus noir s'étendre au dessus de nos têtes, lançant des éclairs violets menaçants. Je n'avais jamais vu un nuage aussi volumineux, et la pensée que le tonnerre pourrait s'abattre sur nous me glaça le sang.

- Elle ne va tout de même pas... murmura Joz, le regard inquiet. Tout le monde, à l'abri !

Tout à coup, l'air devint électrique. Alors que le Moby Dick n'était plus très loin, le nuage noir comme le charbon se mit à gonfler. Des arcs électriques menaçaient de nous foudroyer ! Malgré les paroles de Joz, nous ne déviâmes pas de notre route  : il n'y avait nulle part où fuir. Le ciel lui-même était devenu notre ennemi ! Nous ne pouvions que nous presser en direction du navire, notre seul espoir. Cependant, comme Joz le redoutait, un éclair puissant, semblant capable de faire couler une petite île, s'abattit sur notre groupe d'un seul coup, ne nous laissant aucune échappatoire.

Brusquement, une ombre gigantesque apparut devant moi et je sentis que l'on m'attrapait par la taille avec force. Je décollai du sol sans avoir le temps de comprendre ce qui arrivait. Un flash lumineux ainsi qu'un son terrifiant vibrèrent autour de moi. Mes oreilles sifflèrent sous le choc de la détonation assourdissante. Mes yeux brûlaient à cause de la lumière, l'air électrique chatouillait désagréablement mes poils. Pendant une fraction de seconde, j'ignorais si j'étais toujours en vie.

Il me fallut quelques minutes pour comprendre que c'était bien le cas. Barbe Blanche nous avait tous attrapés pour nous blottir contre lui et nous protéger de la foudre en faisant de son corps notre bouclier. Autour du géant, qui était resté digne et droit malgré l'attaque violente, le sol formait une crevasse, indiquant à quel point le coup de foudre avait été puissant. Si nous avions dû le subir, ni Yuta ni moi n'aurions survécus... Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Blottie contre Barbe Blanche, je pouvais également entendre le sien retentir. Je m'étais imaginée qu'il s'agirait d'un battement serein, comme il avait toujours cet air calme sur le visage, imperturbable. Mais à cet instant précis, il grondait avec fureur et rapidité. Je compris pourquoi en levant le regard vers son visage ; sa mine était plus sombre que le ciel ténébreux, ses sourcils vrillés de colère, et ses petits yeux brillaient d'un éclat brûlant.

- Maintenant... CA SUFFIT !!! hurla-t-il à l'attention de Big Mom, d'une voix plus violente qu'un tsunami qui se brise sur des récifs.

Mes poils se hérissèrent sur ma peau. Un frisson me parcourut en entendant la voix puissante de père. Je ne l'avais jamais vu dans cet état de fureur. Il me faisait même plus peur que la géante qui ravageait en ce moment l'île. Je restai figée, incapable de détacher mes yeux de lui.

L'étreinte de Shirohige se relâcha lentement tandis qu'Ace m'attrapait la main pour me conduire hors de danger, emmenant par la même occasion mon frère qui était aussi pétrifié que moi devant le spectacle qui s'offrait à nos yeux. Il était si impressionné par la voix puissante du vieux pirate à la carrure démesurément grande et par son regard foudroyant qu'il ne remarqua même pas qu'Ace le tenait par le poignet, lui qui d'habitude exultait chaque fois qu'il était à quelques mètres de son héros.

- C'est... vraiment autre chose que de le voir dessiné sur la page d'un manga... souffla-t-il les yeux hagards.

Notre groupe s'éloigna rapidement de Barbe Blanche pour rejoindre le Moby Dick qui était enfin à portée de vue, là où nous l'avions laissé un peu plus tôt. Je jetai un coup d'œil furtif derrière moi, inquiète de laisser père face à l'ennemi, mais lorsque mes yeux se posèrent sur cette masse de muscles d'où il semblait émaner une aura terrifiante, toute mon angoisse s'envola. J'eus la conviction que rien ni personne ne pourrait lui tenir tête, et certainement pas une gloutonne comme Big Mom.