CINQUIÈME CHAPITRE - AIMER.

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J'avais un gros problème avec 'aimer'. Mes parents n'étaient pas vraiment aimants et je n'avais jamais été apprécié. J'avais été amoureuse de nombreuses fois, mais je le niais toujours. Dans ce temps-là, l'amour pour moi c'étaient des conneries. Aimer me rappelait juste que je n'aimais pas les garçons (sauf mon unique frère), mais bien les filles. 

Bon Dieu, je me sentais si mal dans mon corps. Je me faisais vomir, je me mutilais (toujours sur la même cicatrice) et je me critiquais chaque matin et chaque soir devant mon miroir. Je ne vivais pas. Mais avec elle, je me sentais... bien. Dès que j'y repensais, mes crises recommençaient... J'aimais une fille... Bon sang, une fille ! 

Le lendemain matin, tout le monde me regardait en classe. Hannah vint d'asseoir à mes côtés et m'aborda. 

— On a finit la musique hier, tiens la partition. Elle me donna la feuille et je la remercie. Tu as passé un bon rencart ?

Puis mon cerveau comprit que tout le monde le savait. Voilà pourquoi Myriam semblait... inquiète. 

Je lui en voulais. Énormément.

— C-com-comment t-tu le s-sais ? lui demandais-je en murmurant. 

— Ashley était au Délicieux elle aussi hier soir. 

Délicieux était le nom du restaurant où nous étions hier. Ma vie était finie. Ashley était la 'méchante' de l'école, elle adorait dénigrer les autres élèves et elle répandait des rumeurs plus vite que la vitesse de la lumière. Et, surtout, elle était homophobe. 

— E-et pourquoi viens-t-tu qu-quand même m-me parler ? la questionnais-je en la regardant avec crainte.

Elle voulait sûrement me faire mal, avec ça. 

— Je voulais juste te dire que tu ne me dégouttais pas. Tu as le droit d'aimer qui tu veux, même une fille. 

Je la regardai avec surprise. Elle n'était quand même pas sérieuse ? 

— Tu le penses vraiment ?

— Oui, évidement. Elle fronça les sourcils. Tu ne le penses pas ? 

Je baissai les yeux et la cloche sonna, annonçant le début du cours et m'évitant de répondre à cette question. Mes parents m'ont toujours répété que les homosexuels étaient des erreurs de la nature, qu'ils ne méritaient pas de vivre. Je ne les croyais pas, puisque je pensais que tout le monde méritait de vivre et pouvait être soi-même. Mais quand ma meilleure amie est partie... J'avais compris. Mes parents avaient raisons. Mais... Hannah... ne le pensait pas ? J'hésitais entre penser que j'avais tord ou penser qu'elle avait tord...

Je laissai mon cœur choisir qu'elle avait raison... J'avais besoin de quelqu'un qui y croyait.

Ce journée-là, je ne pus rester en colère contre elle longtemps. Elle m'avait défendu contre les personnes qui avaient décidé de commencer à m'intimider. Évidement, elle ne pouvait pas savoir que ces avis me passaient par dessus la tête. Je l'aimais tant. Le savait-elle ? 

J'avais toujours de la misère avec l'amour en général, mais je savais et je n'avais pas le goût de le nier ; je l'aimais. À la folie. Et sûrement pour bien l'autant. L'amour, je ne l'aime pas. Puisque... si elle ne m'aimait pas ? Un rendez-vous ne signifiait rien. J'avais peur. Et si ce n'était pas réciproque ? 


À Myriam. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant