SIXIÈME CHAPITRE - NOUS.

124 5 0
                                    

Avant que Myriam me propose un deuxième rendez-vous, cela prit deux semaines. Deux semaines d'intimidation qu'elle essayait de faire cesser en vain, deux semaines de renfermement. Hannah devint une très bonne amie et Myriam était très bête avec ma seule amie. Je ne savais pas trop pourquoi — enfin, si, je le savais, mais j'avais peur de me tromper en disant que c'était de la jalousie. Hannah savait quand mes idées sur l'homosexualité me revenait et elle m'aidait à me faire penser le contraire. C'était long, frustrant. Je me détestais. Je le savais comme on sait que le ciel est bleu.

Je me renfermais aux autres. Parfois, Antony ou William venait trainer avec nous, mais je ne leur parlais pas beaucoup. Ils ne m'avaient pas dit leurs opinions sur mon homosexualité. J'avais peur. De tout le monde. Myriam avait gardé toutes ses amies, qui lui disaient qu'elle était juste normale. Et pourquoi tout le monde m'insultait ? Les gens étaient cons. 

Myriam -oh, putain que ses papillons m'énervaient- m'avait donné rendez-vous dans un parc proche de chez moi. Je ne savais pas où elle habitait, elle ne me l'avait pas dit. Je pensais juste qu'elle avait peur puisque, en fait, j'étais riche — enfin, mes parents l'étaient. Elle pouvait pas savoir à quel point je me foutais de l'argent. Ma façon de vivre ne le montrait-il pas ? Mes vêtements venaient de boutique à bas prix et je ne portais aucun bijoux et encore moins des souliers extravagants. 

Alors, ce soir-là je la rejoignis dans ce parc magnifique. Je n'y étais jamais allée parce que mes parents boycottaient les parcs depuis mon enfance. Le parc était moyen, avec beaucoup d'arbres et de fleurs. L'espace était féerique. 

 — C-c-c'est ma-magnifique, avouais-je en souriant. 

Le parc avait beau être beau, elle l'était encore plus. Elle portait une robe verte émeraude qui lamettait en valeur, avec des ballerines (j'appréciais le fait qu'elle détestait les talons) et un peu de maquillage. À côté d'elle, j'étais fade avec mon jeans (bien qu'il était skinny), mes converses et mon chandail à manches longues mauves. Je ne m'étais pas maquillée, comme d'habitude. 

 — Tu es magnifique, répondit-elle.

Je rougissai pendant qu'elle souriait. Elle semblait... rassurée. Ne me demandez pas pourquoi, je ne le savais pas. Je ne la connaissais presque pas à cette époque-là de notre 'relation'. 

 — Si tu le dis, dis-je sur un grand sourire.

Elle était la seule qui pouvait me voir ainsi. J'aimais tourner mes phrases et jouer avec les mots, mais j'avais peur que les gens ne comprennent pas. Elle comprenait. Nous commencions à marcher dans le parc et elle me surprit en me prenant la main. Sa main chaude contrastait avec ma main gelée. On était milieu octobre et elle n'avait même pas froid, contrairement à moi qui tremblait. J'aurais dû m'apporter une veste, mais je n'y avais pas pensé. Mais le fait qu'elle m'ait prise la main me réchauffa un peu. 

Elle rit un peu à ma réaction (j'avais sursauté) et on continua notre marche. Il n'y avait pas beaucoup de personnes et celles-ci se foutaient qu'on soit deux filles qui se tenaient la main. On se promenait en riant et, rapidement, on avait le tour de cette place sublime. Elle me traîna alors dans les rues en chantant. Elle me chantait 'Fuckin' Perfect' de P!nk. Cette fille était vraiment une romantique dans l'âme. Les rues étaient illuminés puisque l'Halloween arrivait bientôt. Myriam chantait comme un ange. Elle était mon ange. On croisa beaucoup d'autres élèves qui ne firent aucun commentaires puisque Myriam était là. Ce que mon ange ne savait pas, c'est que les autres profitaient chaque fois qu'elle n'était pas là pour me critiquer, m'intimider et même un avait essayé de me frapper. Elle pensait que les autres acceptaient. Je ne lui dirais jamais qu'en fait ils n'acceptaient qu'elle... 

On s'arrêta dans un café et elle insista pour me payer mon café et mon brownie. Elle prit seulement un chocolat chaud. 

En la regardant me regarder, je me rendis compte que notre relation avançait rapidement. Et j'eus peur. J'eus peur que tout cela aille trop vite... Je voulais prendre mon temps. Elle pouvait son chocolat chaud en me tenant la main par dessus la table. J'essayais de manger mon brownie à une main et j'avais un peu de mal. La café faisait jouer la chanson 'Boulevard of Broken Dreams' de Greenday, une chanson que j'adorais. Je profitais du moment, puisque je me sentais réellement heureuse. 

Myriam était mon ange, elle a illuminé mon néant intérieur avec ses sourires. Mais je n'allais pas toujours bien.


À Myriam. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant