VINGT-DEUXIÈME CHAPITRE - NIER. (Souvenir part2)

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J'avais toujours été plus mature que les autres personnes de mon âge. C'était la raison pour laquelle personne ne m'approchait pour jouer ; je ne jouais pas. Je restais dans la cours d'école assise quelque part, à regarder le ciel et réfléchir. Au secondaire, je passais mes pauses à la bibliothèque, à lire des livres de toutes les sortes. La première fois que je suis tombée amoureuse, j'avais 12 ans. C'était une petite amourette de rien du tout. La fille m'hypnotisait pour je-ne-sais-quelle-raison. J'étais jeune, beaucoup plus mature que mes camarades de classe.

Mes parents ne cessaient de me répéter qu'est-ce qu'étaient les erreurs de la nature : les homosexuels, les drogués, ceux qui ne croyaient pas en Dieu (oui, mes parents étaient croyants), les juifs... La liste s'éternisait. Le fait d'être attirée par une fille me rendait mal à l'aise. Je n'avais rien dit. J'en suis venue à me trouver des raisons, à le nier. Je ne trouvais pas que j'étais une erreur de la nature. Trois ans plus tard, cet opinion changea mais je ne parle pas de cette époque en ce moment. Je repoussai au plus profond de moi ses 'choses' et sous aucun prétexte je devais laisser ses pensées me changer. À cet âge, les règles que j'avais envers moi-même étaient environ les mêmes que j'ai maintenant : être froide, ne rien laisser paraître, garder tout pour soi... 

Avant Myriam, des amourettes non-réciproques (et je n'avais cherché à savoir s'ils l'étaient) passaient et repartaient. Si j'avais fini par tomber en dépression, ce n'était pas pour rien : je niais ce que j'étais et c'est dur d'essayer de vivre en étant quelqu'un d'autre. Je voyais les autres rirent, être heureux, vivre leur adolescence tranquillement. Je ne connaissais que de noms et de rumeurs mes collègues que je voyais depuis la maternel pour certains. Mes parents m'avaient coupé du monde avec leurs sermons et je m'étais coupée moi-même des autres en ne voulant pas voir qui j'étais sous ses influences. 

Je niais tout. Je m'encourageais en me faisant croire que je m'aimais, que j'avais confiance en moi-même. Pourtant, il était évident que je me détestais un peu plus chaque jour. 

Je n'ai jamais avoué mes sentiments à quelqu'un avant Myriam. Les « Je t'aime » n'existaient pas dans ma famille (oui, j'avais une famille de merde qui ne savait pas élever des enfants pour autres raisons que les faire devenir des robots). J'avais horreur des sentiments, des émotions, ça me dégoûtait et je jalousait les personnes qui réussissaient à savoir ce qu'elles ressentaient et qui savaient le montrer. En gros, tout le monde sauf moi. 

Je voyais bien, parfois, des personnes qui semblaient comme moi. J'évitais ces personnes-là le plus possible. En les voyant, je me rendais compte comment j'étais rendue bas. Je ne voulais pas le voir. Je le rappelle encore, je niais. Je passais mes journées à nier le moindre sentiment 'anormal'. J'avais été élevée pour être comme mon père (ma mère venait d'une famille peu aisée qu'elle avait renié en se mariant avec mon père) : un genre de robot qui suit les ordres. Un robot avec un minimum de libre d'arbitre. Je ne vivais que ce qu'ils voulaient que je vive. Quand j'y repense, une chance qu'ils m'avaient mis dehors. Cette vie n'était pas faite pour moi.


À Myriam. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant