QUATRIÈME CHAPITRE - LA SÉDUCTION. (part 2)

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Nous nous arrêtions à un petit restaurant local qui était assez dispendieux. J'y allais de temps en temps avec ma famille. Lorsqu'on entra, la mélodie du violon se fit attendre. J'avais déjà joué cette partition. Une serveuse vint à notre rencontre et nous assigna une place. Nous étions au fond du restaurant, où on voyait tout le monde mais où personne ne nous voyait. La serveuse nous donna nos menus.

J'étais à un rencart avec elle. Je n'arrivais pas à y croire. On dirait que j'étais dans un rêve. J'espérais juste ne pas me réveiller. 

— Tu comptes prendre quoi, Astrid ? 

La façon dont elle avait dit mon nom... J'avais le goût de fondre. Tout chez elle me donnait le goût de fondre. Elle était parfaite. Je n'étais rien. Bon Dieu, que faisais-je là ? Je ne méritais pas tout cela. Ç'aurait dû être un garçon qui me fasse fondre, pas une fille. Les larmes me montèrent au yeux sans que je ne m'en rende vraiment compte. Pourquoi ne puis-je pas être normale ? 

— Astrid ? répèta Myriam avec inquiétude. 

''Ce ne devrait pas être un prénom féminin qui me donne tant de frissons. Je suis contre-nature. Je ne devrais pas vivre. Elle doit être en train de jouer avec moi. Elle a tous les garçons qu'elle veut, elle ne veux pas réellement de moi. Je suis naïve ! Elle ne s'intéresse pas à moi, elle a juste reçu un défi de sortir avec une fille ou quelque chose de ce genre-là. Elle n'éprouve pas de sentiment pour moi.''

Comment une fille aussi parfaite pourrait être lesbienne ? Elle était la perfection. Les lesbiennes étaient des erreurs, pour moi. Myriam -foutus papillons- était tout sauf une erreur. 

— Astrid ? 

Je sortis de mes réflexions et son air inquiet fit partir toutes mes précédentes pensées. 

Et finalement, je passai une belle soirée. Après l'entrée, ma gêne parti comme si elle n'avait jamais été présente. Myriam était une personne merveilleuse. Elle était appliquée dans plusieurs comités à l'école et elle était très intelligente, malgré ses notes à l'école et ses deux doublages. Elle était drôle et mon cerveau prit un certain temps à réaliser que... qu'elle me draguait. Ouvertement. Publiquement. Elle n'avait pas honte. Alors je décidai de laisser les choses aller. Je commençai à la draguer. Publiquement. Sans aucune honte. Sur le coup, c'était venu comme ça. On se posait des questions pour se connaitre. Elle avait une soeur et un frère, ses parents étaient séparés et le reste de sa famille était mort (ses grands-parents et ses deux oncles paternels). Elle jouait du piano depuis qu'elle avait 5 ans.

Je lui dévoilai sans y penser une seule seconde tout ce que je cachais. Elle fut surprise lorsque je lui parlai du violoncelle, mon premier instrument. Elle fut impressionnée lorsqu'elle apprit que je jouais également du violon et du piano. Je lui parlai de ma famille, comment ma meilleure amie m'a laissée (je ne suis pas rentrée dans les détails). Contrairement à elle, je n'évoquai pas mon homosexualité et elle le remarqua.

— As-tu... honte... d'être lesb' ? 

Je rougis pour la première fois depuis l'entrée, alors qu'on était rendue au dessert. 

— Je... Oui. Complètement. J-je ne vais pas te m-mentir. 

Elle ne me demanda pas pourquoi et elle changea simplement de sujet, je lui en fus très reconnaissante. Si le sujet aurait été engagé plus profondément, cela aurait gâché notre soirée. 

Malheureusement, elle dut me reconduire chez moi. Elle me fit découvrir le groupe Bastille pendant le trajet. Avant que je sorte du véhicule elle me fit un bisou sur la joue, qui me fit rougir comme jamais. Elle sourit une dernière fois avant de s'en aller. Mes parents ne regardaient pas. Fiou. Je rentrai chez moi, dis à mes parents que je vais peut-être le revoir, et partis finir l'écriture de ma journée dans mon journal intime. L'idée de mon suicide prochain était bien loin dans ma liste des priorités. Pour le moment.


À Myriam. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant