NEUVIÈME CHAPITRE - ELLE LE SAIT.

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À l'école, les gens se plaignaient parce que j'avais survécu. Toutes les personnes qui avaient eu le malheur de se faire attendre par Myriam avaient fini à l'infirmerie. Les pauvres. Myriam avait fait des années d'armes martiaux, elle frappait fort. Notre relation avait un peu avancé : on se tenait parfois la main. Mais nous ne sortions pas ensemble... ou si oui, elle ne m'en avait pas touché un mot. Hannah avait obtenu un rendez-vous avec son crush et nous l'avions enfin rencontré. Il s'appelait Nathan et il était comme Hannah nous l'avait décrit. Ils allaient très bien ensemble, mais ils ne sortaient pas encore ensemble — mais ça ne devait pas tarder. Leur relation se développait rapidement et ils semblaient en être heureux. 

Myriam et moi y allons lentement, mais pour moi c'était trop vite, vous imaginez ? Cette relation me faisait peur... les gens m'intimidaient dès que j'étais seule. Je les ignorais, je ne leur répondais pas, mais un jour, je le savais, j'allais craqué. Et ce jour-là, je n'allais pas pleurer ; j'allais les frapper. 

Nous étions en novembre. Je commençai lentement à pouvoir utiliser des objets électroniques et bientôt je pourrais marcher. J'avais des rendez-vous réguliers chez le docteur et il ne cessait de dire que 'c'était un miracle'. Je n'aurais pas dû m'en sortir.

Avant, je me contentais de toujours me mutiler sur la même cicatrice. En ce novembre, j'avais mutilé mon poignet à une nouvelle place. Je voulais oublier mes craintes. L'attitude de mes parents. Mon homosexualité. La mutilation était une solution. Je ne pouvais pas boire puisque toutes les bouteilles avaient disparu depuis mon 'accident'. J'avais laissé la lettre dans mon tiroir, parce que je ne tenais pas encore assez à quelqu'un pour laisser tomber. Myriam serait mieux sans moi, pensais-je. J'en étais certaine. 

Mais, mon ange ne le voyait pas de cette façon et j'allais bientôt savoir ce qu'elle pensait. On était toujours en novembre et j'invitai Myriam chez moi. J'avais dit mes parents que j'invitais 'une amie', ce qui vexa mon ange. Je dus serrer sa main très fort pour qu'elle se décide à venir chez moi. Mes parents rentraient du travail ce jour-là un peu après 18h et l'école finissait vers 16h. Lorsqu'on arriva, je lui fis visiter, je lui présentai mon frère qui avait fini tôt et finalement je la laissai quelques secondes dans ma chambre pour aller me changer.

Pour expliquer rapidement, ma mère voulait que j'habille en robe et tout pour aller à l'école. Donc je lui faisais croire que je le faisais, mais je trouvais toujours une façon de me changer pour qu'elle ne remarque jamais. Je me sentais mal de cacher qui j'étais réellement, mais je n'avais que 16 ans, presque 17 dans quelques jours (nous étions le 15 novembre et ma fête était le 23). Bref, je mis une jupe rouge avec des collants noirs, une camisole blanche avec 'Music's all' écrit dessus et des ballerines. Je dus mettre un peu de maquillage, un trait d'eye lyner et un peu de mascara. Je bouclai mes cheveux. Je n'étais pas affreuse... mais je détestais le maquillage. 

Je retournai dans ma chambre (la salle de bain était juste à côté) et dès que je rentrais je vis Myriam avec une feuille dans les mains... Une feuille que je reconnus tout de suite. Elle pleurait et cela me brisait le coeur. 

— P-p-pour-pourquoi as-as-t-tu c-c-ce-cette feuille ? demandais-je, avec des larmes dans les yeux moi aussi.

Cette feuille était sensée être découverte après mon suicide, pas pendant que je le préparais.

— Pourquoi Astrid ? me questionna-t-elle.

Je ne répondis pas et la regardai dans les yeux. Elle avait toujours des aussi beaux yeux. Je savais que les miens devaient être bruns ternes. Je savais que dans mes yeux il y avait beaucoup de tristesse. Les yeux sont le reflet de l'âme. 

Myriam -JE COMMENCE À DÉTESTER CES PAPILLONS- déchira la feuille et éparpilla les morceaux avant de me prendre les deux mains. 

— Astrid... Je peux comprendre que c'est difficile à accepter... Je peux comprendre que tu en ais assez... Je peux comprendre tout cela. Je... Mais tu n'as besoin de le garder pour toi, tu l'sais ? Je... Ça me brise le coeur que tu ais voulu mettre fin à ta vie. Parce que je ne peux vivre sans toi... tu es devenue mon univers. Je pense que tu me mérites, parce que... si je suis parfaite tu l'es encore plus. C'est moi qui ne te mérite pas, et ne dis pas le contraire. Les gens ne voient pas comment tu es belle, intelligente, généreuse... Ça me brise le coeur que les autres ne le voient pas. Astrid... être homosexuelle ou non ne te définie pas. Oui, ça fait parti de toi, mais tu es Astrid avant d'être 'la lesbienne', tu comprends ? Les homophobes sont les vrais erreurs de la nature, crois-moi. Tout le monde a le droit d'être avec les personnes qu'il aime. Et, moi, Astrid... c'est toi que j'aime. Je veux être avec toi. Pourtant... j'ai peur que tu veuilles pas. C'est dur d'être homosexuel, moins qu'avant et plus que demain. Et, moi je t'aime plus qu'hier et moins que demain.

Des larmes coulaient sur mes joues et j'étais vraiment émue... et choquée. Ses mots se mélangeaient dans ma tête et je ne trouvais pas une autre réponse que de l'embrasser.


À Myriam. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant