Chapitre XIX: Danse Ensoleillée

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-Est-ce déjà l'été? Je suis en sueur!

-Alala... Plus on va au sud, plus il fait chaud. Cela est dû au fait que Les Sphères, comme leur nom l'indique, sont sphériques. Les rayons solaires entrent donc en contact avec elles selon un angle différent, de plus en plus frontalement à mesure que l'on s'éloigne des pôles, le haut et le bas de la sphère pour parler en vos termes rustres. Et plus le contact est frontal, plus l'énergie, la chaleur dans le cas des rayons, est élevée. De Jésonnes essaya tant bien que mal d'illustrer ses explications avec ses doigts et une pièce de monnaie.

Julien comprit vaguement son explication, et Ferdinand se forçat à écouter, pour au final étonnamment bien comprendre.

Peu après ce moment, le carrosse s'arrêta, car Fréance était atteinte. Au dessus de leur tête, le ciel dépositaire de chaleur était canalisé entre les hauts bâtiments ocre en réflexion bleue uniforme du tracé de la rue, ceux-ci gardant étroitement leur ombre sur le plus d'angles du Soleil possibles.

-Comme je vous l'ai déjà dit, notre objectif ici, ça sera de trouver des information sur le voleur dont je vous ai parlé la dernière fois. On se retrouve ici aux douze coups de midi.

De Jésonnes s'en allait déjà de son côté entre les immeubles, laissant Ferdinand et Julien seuls, à la manière d'une figure qui se manifeste lorsqu'ils étaient en carrosse et à l'auberge, mais qui était évaporée la plupart du temps. Mais c'était leur voyage après tout.

-Je pense qu'avec cette chaleur tu peux enlever ton écharpe, Ferdinand. Et comme tu es constamment au frais grâce à ton pouvoir, tu peux me passer ton chapeau, pour équilibrer avec moi qui suis tête nue.

-Si tu veux...

Après les lui avoir donné, ils se séparèrent. Ferdinand était parti par hasard dans la direction du port, où l'océan débutait par un rang de navires espacés d'eau clapotante et brillante sous certains angles.

-Excusez-moi madame, j'ai entendu dire qu'un voleur sévissait dans cette ville, et qu'il se déplaçait au moyen de quelque sorcellerie... Pourriez-vous m'en dire plus?

-Il sévit depuis plusieurs années, et depuis le temps, les gardes ont arrêtés d'essayer de l'arrêter. A cause de son masque, personne n'a vu son visage et comme vous le dîtes, il se déplace de telle sorte que personne ne puisse le rattraper. Mais ça n'empêche pas qu'à chaque fois qu'il est aperçu, il y à une bande de bougres à sa poursuite. Même en essayant de lui tirer dessus, à chaque fois, c'est toujours un autre qui prend la balle... D'ailleurs, les voila...

A quelque dizaines de mètres dans le dos de Ferdinand, un groupe d'hommes lâchant leur jurons dans l'air salé était sortit du bloc urbain, cherchant le voleur sur lequel décharger toute la rage réverbérée par leur nombre.

Les poursuivants en groupe prirent en un seul coup une importance plus large dans le champ de vision de Ferdinand, et ils devinrent plus net, les poils grisonnants et les cernes étaient devenus visibles... Et les regards vengeurs convergèrent tout aussi soudainement sur sa personne...

Mais ça ne fût que pendant un instant fugace. Peu après, les poursuivants le dépassèrent en maintenant leur direction. La femme à qui il avait parlé était maintenant à une vingtaine de mètres plus loin sans qu'elle ne bougeât, seulement une expression de confirmation sur son visage.

Le voleur ayant échappé à son champ de vision, et dont il voulait dorénavant son image, du fait de la curiosité au renforcement grégaire, Ferdinand se mit lui aussi à rejoindre le groupe dans sa course. Il courût aveuglément du fait de sa position en queue pendant plusieurs dizaines de secondes, avant que les poursuivants ne s'arrêtèrent du fait de la disparition du voleur. «On l'a encore perdu de vue» lui dit-on, au moment où le rassemblement fut disloqué par la défaite.

-Dites-moi, tout à l'heure, pendant que vous le poursuiviez, je me suis soudainement retrouvé à plusieurs mètres de là où je me tenait une seconde avant, et j'ai entendu dire que ce voleur se déplaçait grâce à la sorcellerie... Est-ce là un de ses tours?

-Oui, c'est comme ça que ce salopard se déplace... Il échange littéralement sa place avec celle des gens, ce qui le rend impossible à attraper!

Ferdinand gardait, malgré ce premier échec, toujours cette résolution de voir ce voleur, ne serait-ce que sa surface masquée. Mais la probabilité inconnue qu'il revienne ici, la chance qu'il sévisse ailleurs dans la ville, et la possibilité que le délai de son prochain méfait était plus grand que la durée de la journée étant toutes les trois égales du fait du peu qu'il en savait, il choisit la deuxième éventualité. Celle-ci pourrait, indépendamment de sa véracité, lui faire découvrir d'autres nuances des odeurs et des couleurs de cette ville en la traversant.

Quand il marcha dans un des grands sillons tracés dans la masse architecturale appelés rues, il se maudit lui-même, lui et sa facilité à oublier qui l'avait mené à donner presque tout son argent à Julien, réduisant ainsi le nombre d'aliments de ces étals proches qu'il pouvait manger pour vaincre sa faim précoce. Il choisit donc une poignée de ces petits fruits oblongs, mais ne sut se décider entre les noirs et les verts.

-Il n'y a aucune différence entre les deux, et ça s'appelle des olives, choisit pour lui le marchand.

-J'en prendrais une poignée, monsieur. Il se révéla que c'était plutôt bon.

Quand les aiguilles des horloges furent dressés en marqueur du milieu de journée dans les douze coups, les trois compagnons de voyage convergèrent comme prévu dans la même place où il s'étaient séparés.

-Je n'était pas loin de lui, mais je n'ai pas pu le voir. D'après ce que les gens m'ont dit, il peut physiquement échanger sa place avec celle de quelqu'un d'autre. C'est pour cela que je n'ai pas pu le voir, il devait faire ça constamment.

-Tu as demandé si il commettait souvent ses méfaits?

-Heu... Non. Mais... Je sais qu'il sévit depuis plusieurs années.

De Jésonnes accepta difficilement cet oubli.

-... Bon, essaye de le voir la prochaine fois et demande plus d'information sur lui.

-Oui.

Quintessence Jardin CélesteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant