Chapitre 21

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— « Tiens toi droite ! Non pas comme ça ! Fais un effort, pour l'amour de Dieu ! » désespère Cora.

Ça fait une heure que je ressemble à une toquée en me baladant dans le château avec un livre sur la tête, mon amie s'étant mise en tête que je devais apprendre les manières des aristocrates. Quand je vous disais que c'est pourrie d'être une gardienne.

— « J'en peux plus ! Arrête de me mettre des livres sur la tête, ça sert à rien. Excuse moi d'être une paysanne. » je siffle en balançant les livres sur un fauteuil voisin.

— « En chaque paysanne se cache une reine. »

— « Au lieu de dire des idioties, vient m'aider à enlever le corset que tu m'as mis. » je pouffe en levant les yeux au ciel.

Elle s'esclaffe en me voyant me tortiller comme un ver afin de desserrer les liens. Je vais mourir étouffée avec ce truc !

— « Il n'empêche que tu vas devoir travailler là dessus. Tu es une apprentie maintenant, tu dois agir comme telle. » annonce-t-elle en se débattant avec les liens de l'engin de torture.

— « Et quoi ? Tu vas me faire apprendre les dix fourchettes à table, tu vas me faire faire de l'équitation ? Et puis quoi encore ? »

— « Figure toi, grincheuse, que c'est à peu près le programme que tu vas suivre. Surprise. » s'exclame mon amie en secouant les mains devant mon visage.

— « Luna, est ce que tu veux bien gifler ta gardienne pour moi ? Je n'en ai plus la force. » je m'exaspère en regardant le parada de ma tortionnaire.

— « Excuse moi mais elle a raison. Tu n'es peut être pas encore l'élégance même mais tu vas devoir te fondre dans le paysage. » m'explique le petit mouton.

Bien. Je vois que c'est une ligue contre moi.
Je m'apprêtais à répondre quand Jules fait son entrée avec une personne que je ne m'attendais pas à revoir. Anna, la rousse qui était l'élue avant moi. Elle me fait un petit signe de la main avant de se tourner vers mon frère pour lui parler quelques instants.
Je regarde Cora pour voir si elle sait ce qu'il se trame mais elle hausse simplement les épaules.

— « Je vais t'aider à devenir une bonne apprentie. Non pas que ça me tienne à cœur mais si je peux aider, pourquoi pas. » dit-elle d'un ton blasé.

Oh. Je ne m'attendais pas à ça.

— « Euh... Merci. Enfin je crois. »

Cora me tape l'arrière de la tête avec un éventail, me signifiant que j'ai été sans doute grossière. Elle s'attendait à quoi ? À ce que je lui saute dans les bras ? Sérieusement ?

— « Pour commencer, le corset ne suffit pas. Elle doit apprendre avec une armature de robe et des chaussures de bal. »

« Bienvenue à toi, Tortionnaire 2. »

Merci, chère conscience, merci.

Cora revient avec le nécessaire et j'enfile un espèce de squelette de robe et des escarpins noirs. Je grimace en voyant la hauteur.

— « On va commencer sans livre, pour voir comment tu te débrouilles. »

Je fais quelques pas, essayant de ne pas mourir. Je sens son regard sur moi et même si je lui suis reconnaissante de faire ça, elle m'énerve toujours autant.

— « Bon. On a du boulot mais globalement, tu t'en sors bien. »

Cette phrase n'est-elle pas contradictoire ?
S'ensuit plusieurs heures de torture, visant à m'apprendre quelques danses et quelques révérences.

Le cœur d'une gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant