Le cœur d'une gardienne

Chapitre 54

Ma cellule a été remplacée par une grande chambre sécurisée mais pour autant, je me sens encore plus mal que dans la petite pièce sombre.

Cela fait deux jours que j'ai eu l'annonce choc. Et cela fait aussi deux jours que Jack cherche à venir me parler. Je ne tiens pas à l'écouter.
J'avais confiance en lui et au final, j'ai eu la plus belle des trahisons.

Quelqu'un frappe à ma porte. Je soupire sachant très bien l'identité de la personne derrière.

— « Est ce que tu es bouché ? »

— « Laisse moi entrer ! S'il te plaît... »

Sa voix n'était plus que supplique.

— « D'accord mais à une condition. Je veux qu'on me rende Draya. »

Au début, il ne répond rien mais finit par céder tout de même. Je sais qu'avec elle à mes côtés, j'arriverai à me sortir de ce merdier.

Je déverrouille la porte et m'écarte pour qu'il passe. Il porte un plateau avec de la pizza. Ma préférée. Il cherche à m'amadouer.

— « Je sais que tu n'as rien mangé depuis hier et j'ai pensé que ça te ferait plaisir. »

— « Quel mari attentionné tu feras. » je claque, amère.

Il pose le plat en serrant la mâchoire et vient se poster devant moi.

— « Je vais tout t'expliquer et peut être que tu comprendras. »

Je m'assois sur un fauteuil, attendant qu'il commence. J'ai acceptée de le faire entrer, pas forcément de l'écouter.

— « Depuis tout petit, mon père me cache. Il savait que j'étais un futur gardien du feu. Mais à l'instar des autres, il n'a pas voulu que je me fasse rafler. Il voulait m'élever dans ses idéaux. C'est pour ça que j'ai été caché à la campagne tout le long de ma vie, jusqu'à il y a quelques années où j'ai vraiment fait parti des forces spéciales. J'ai appris à me battre, à être inaccessible. Pourtant, je devais me rapprocher de toi pour que tu me fasses confiance. L'attaque en Russie a été préparé par mes soins. Durant celle-ci, je devais te trouver et te protéger. Tom m'avait déjà engagé à ton service mais je devais suivre le plan à la lettre. Tu m'as fait confiance et j'ai commencé à t'apprécier. Quand je t'ai vu avec Adrien, j'ai directement su qu'il était le premier gardien. Il y avait un lien entre vous, c'était flagrant. Et j'avais envie de le tuer directement mais ça ne m'était pas permis. Je devais saisir la première occasion pour t'enlever et t'amener ici mais j'ai traîné. Je ne savais plus si c'était la bonne chose à faire. J'ai encore plus douté quand a eu lieu l'accident durant les jeux. Mon père était prêt à les tuer, il n'était pas au courant que j'avais connaissance de l'identité du premier gardien. Il avait cherché à tuer les deux en payant un des gardiens de l'air présent à ce moment-là.
Et puis est arrivé l'accident avec Richard. Ce n'était pas prévu mais mon père était vraiment très impressionné par ton pouvoir et c'est ce qui a accéléré les choses. Je devais à tout prix te ramener. Je t'ai cherché durant ta cavale, sans grand succès. À vrai dire, je ne voulais pas te trouver. Je voulais te laisser vivre ta vie comme tu l'entendais. Mais Tom t'a retrouvé et m'a contacté par la suite pour me dire que tu étais là et que je devais veiller sur toi. La suite, tu la connais. »

Durant tout son monologue, j'ai tenu un silence religieux, écoutant finalement attentivement ce qu'il avait à me dire.

— « Enfuis toi avec moi. »

La surprise se lit sur son visage tandis qu'il a un mouvement de recul.

— « Je t'en prie. Ça se voit bien que tu ne veux pas de tout ça. Toi aussi tu veux ta liberté. Tu peux partir avec moi, je ferai blanchir ton nom. »

Il secoue la tête en souriant tristement.

— « Non. Je ne peux pas. Mon père me retrouvera forcément et me fera tuer. On doit lui obéir, Serena. Je ne comprends  pas comment tu peux me faire assez confiance pour me proposer de m'enfuir avec toi. Pas avec toutes les informations que tu as. »

— « Tu étais mon ami. Et surtout, tu étais très courageux. Rien à voir avec le lâche que tu es maintenant. »

Il accuse le coup, une moue sur le visage.

— « Je sais que tu m'en veux mais ce mariage ne sera que sur le papier. Je serai toujours cet ami là, tu le sais. Et je ne te forcerai à rien du tout. »

— « De toute façon, tu sais très bien que je n'allais certainement pas honorer mes devoirs conjugaux. Je vais partir avant le mariage, tu le sais. »

— « J'en ai conscience. Mais je ne peux pas t'aider. »

Mon regard se pose sur mes mains. J'ai l'impression d'avoir des chaînes invisibles aux poignets.

— « Serena, regarde moi. »

Je m'exécute, tout doucement.

— « Je ne suis peut être pas Adrien mais je suis le deuxième gardien. Tu... Tu pourrais être heureuse avec moi. Je ne te demande pas de tomber amoureuse de moi parce que je sais très bien vers qui ton coeur est orienté mais on pourrait avoir une belle vie. Mon père est... il est malade. Il me donnera sa place dans quelques temps et étant donné que tu seras ma femme, tu pourras changer les choses avec mon aide. »

Changer les choses ? Comment est-ce que je pourrais venir à bout d'une ligue vieille de plusieurs centaines d'années ? La mort de son père ne changera rien. Les insurgés auront toujours leurs idéaux. Ce n'est certainement pas moi qui arriverai à leur faire changer d'avis. Élue ou non, je ne suis qu'un instrument, pas une voix que l'on suit aveuglément.

— « Ton plan est fou. » je soupire en ayant les larmes aux yeux.

Il m'attire à lui, me serrant dans ses bras.

— « Je sais mais c'est la seule solution. Si on ne le fait pas, il va tuer tes proches. Tous sans exception et je ne peux pas permettre une chose pareille. »

Je m'éloigne de lui et fixe mon regard sur les flammes. Mes proches. Je ne peux pas risquer leur vie. Si je dois sombrer dans ce fichu mariage, autant que je coule seule.

Je passe mes mains sur mes yeux et ouvre finalement le carton de pizza.
Une question me brûle les lèvres et je finis par me risquer à la poser.

— « Est ce qu'on a une date ? »

Il se mord la lèvre, regardant ailleurs.

— « Jack. »

— « Dans deux semaines. »

*
*
Salut !
Voilà la suite ahah !

Qu'est ce que vous en pensez ?

À bientôt pour la suite ❤️