Chapitre 56

290 32 4
                                    

Je le regarde, le cœur au bord des lèvres.

— « Qu'est ce que tu viens de dire ? »

— « Elle... Elle nous a lâché bordel ! » s'écrie-t-il avant de s'essuyer rageusement les joues.

Mes yeux se posent sur la photo. Elle se trouve devant un grand miroir et porte une jolie robe blanche avec un petit sourire aux lèvres.

— « Ça ne peut pas être vrai. »

— « Elle est partie Adrien ! Avec Jack ! C'était peut être même de son plein gré ! »

— « Je t'interdis de dire ça ! Elle aimait cette maison ! »

Je perds pieds, je le sens mais ce n'est pas vrai. Elle ne peut pas avoir fait ça. Pas à nous. Pas à moi.

— « Il faut que tu vois la vérité en face ! Elle n'a jamais aimé être ici ! »

Je me lève, furieux. Je sens mon corps entrain de bouillir mais fais abstraction.

— « Tu ne peux pas tourner le dos à ta sœur comme ça ! Tu sais comme moi qu'il y a quelque chose qui cloche là dessous ! Je ne pourrais le croire que le jour où j'aurais une lettre écrite de sa main me disant qu'elle nous a trahi. Sans quoi, jamais je n'accepterai ça. »

Jules semble se tasser au fur et à mesure devant mon aura menaçante.
Il me tend la lettre qu'il a reçu avec la photo.
Je l'attrape sèchement, respirant un bon coup avant de la lire :

« Jules Prime,
En tant que frère de Serena, tu te dois d'être au courant de certaines choses. Ta sœur a rejoint la ligue des Insurgés, ligue que tu connais et dont je suis le chef. La vérité, c'est qu'elle a toujours envisagé de nous rejoindre, étant contre votre ordre. Je suis désolé de te l'apprendre ainsi par courrier mais tu comprends que je ne peux me déplacer jusqu'à toi. Tu dois aussi savoir qu'elle va épouser mon fils, dont elle est tombée amoureuse il y a quelques temps déjà. Je ne peux pas te dévoiler son identité pour sa sécurité.
En revanche, tu ne dois pas douter de son amour pour toi, il est sincère. Elle n'a pas tenu à t'écrire car elle a honte de ce qu'elle a fait. Le mariage va se dérouler dans quelques jours, dans le plus grand des secrets. Les lumières dans le ciel brilleront pour eux.

Respectueusement,
Le chef de la ligue des Insurgés. »

Jules étouffe un sanglot, complètement largué. Je dois dire que je ne suis pas dans un meilleur état. Je n'ose pas y croire. Et si c'était vrai ? Peut être qu'elle ne veut pas qu'on la retrouve finalement. Après tout, c'est vrai, elle a toujours détesté l'ordre.

— « Ne tire pas de conclusion hâtive. Il y a forcément une raison. » me conseille Gabro, pourtant anxieux lui aussi.

— « On va aller la chercher et la ramener ici. Ta sœur ne peut pas rester avec eux. Sa place est ici, avec nous. »

Et avec moi.

— « Ah oui ? Et tu vas aller la chercher où ? Je peux le savoir ?! Serena est introuvable ! » Hurle-t-il, faisant débouler Cora dans le bureau.

— « Mais qu'est ce qu'il se passe ici à la fin ?! »

— « Ce qu'il se passe, Cora, c'est que ma sœur vient de nous planter un putain de couteau dans le dos ! » S'énerve-t-il en serrant les poings.

La gardienne se fige, me demandant des explications. Je lui tends la lettre avant de m'enfoncer dans mon siège.
Après une rapide lecture, elle fronce les sourcils.

— « Ce n'est qu'un ramassis d'âneries et je suis la seule à le voir ?! »

— « Des âneries ? Tu vois bien ce qui est écrit non ? » s'exclame Jules.

Le cœur d'une gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant