Chapitre 59

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Mon destin est tout tracé d'après une prophétie datant de plusieurs décennies. En revanche, il est assez cruel avec mes amis et moi. Voilà que Bart vient d'intégrer Jack à l'ordre mais aussi Éric en tant que membre du Haut Conseil.
Les formalités administratives sont réglées si bien que j'ai la nette impression de flancher sous le poids de la fatalité.

Nous étions désormais en route pour la Norvège où l'ordre est réuni en urgence à la demande d'Éric pour son investiture ainsi que celle de son fils.
Je me trouve donc dans l'avion qui amorce déjà sa descente vers, selon moi, l'enfer.

Draya semble soucieuse tout comme les gardiens présents dans l'appareil. Je joue nerveusement avec mon alliance. La dernière fois que j'avais été en contact avec le Haut Conseil, j'ai failli y laisser ma peau. La mort de Richard plane encore sur moi et ce n'est pas en me présentant en compagnie du chef de la ligue des Insurgés que je vais à nouveau m'attirer leur confiance.
J'ai la nette impression que ma réhabilitation n'est pas pour maintenant et peut être même qu'elle n'aura jamais lieu.

Après un freinage impeccable, l'avion s'immobilise sur le tarmac. Mon cœur danse le flamenco et mon estomac suit le rythme.

Dans la voiture, Jack pose sa main sur la mienne ce qui me calme rapidement. Sa chaleur se propage en moi, ne laissant qu'une sensation de bien être.

—« Merci. » je lui chuchote.

Un sourire vient me répondre, ne voulant pas perturber le silence presque mortuaire dans le véhicule.

— « Comme j'ai hâte d'y être. » s'extasie Éric, les yeux pétillants.

Et moi j'ai hâte de te faire la peau, sale enflure.

Mon récent mari semble lire dans mes pensées puisqu'un fin rictus apparait au coin de ses lèvres.

— « Nous sommes arrivés. » indique Bart en regardant le château Norvégien avec résignation.

— « Magnifique ! » s'excite mon affreux beau-père.

Une grimace saisit Adrien au moment où le véhicule s'immobilise. Lui non plus ne veut pas voir ce cinglé dans une institution aussi importante.

Mes mains lissent ma robe dans un geste maladroit. Je dois me détendre avant d'affronter à nouveau ces gens.

— « Serena ! » m'appelle une voix familière.

C'est Marc ! Mais qu'est ce qu'il fait ici ?! Il vient me prendre dans ses bras en soupirant de soulagement.

— « Bon dieu mais qu'est ce qu'il t'est arrivé ? » demande-t-il en m'observant sous toutes les coutures.

— «Eh bien... Il se peut que je me sois... mariée ? »

— « Quoi ?! » s'exclame mon ami en regardant mon ancien chef de maison.

Celui-ci secoue la tête et me pousse vers l'intérieur. Il ne faut pas perdre un instant.
Je jette un dernier regard aux miroirs du couloir menant à l'amphithéâtre. Ma robe bleue nuit est impeccable, j'ai l'air en forme et heureuse. Tu parles d'une saleté d'ironie.

La porte s'ouvre à la volée sur Bart, faisant taire les gardiens. Ce silence est de courte durée puisqu'ils se mettent à hurler après Éric qui vient de faire son entrée. Personne n'a oublié sa trahison.

—« Sale traître ! »

— « Tu mériterais de mourir ! »

Ah. Pour une fois, je suis d'accord avec un de ces coincés.

— « Va crever en enfer ! » s'écrie un porteur de la Terre.

De mieux en mieux. Finalement, j'aime bien l'ordre.

Le cœur d'une gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant