Chapitre 6 - ELLE 2/2

395 29 2
                                    

Je quitte la chambre en courant et me précipite vers l'extérieur de la demeure, le cœur saignant. Quelle honte, je n'arrive même pas à voir correctement ce qu'il se passe autour de moi. Tout est flou, je me sens vide, mes poumons me brûlent la cage thoracique et les larmes me piquent les yeux à force de courir. Il a peut-être raison, je ne suis qu'une moins que rien... Je me stoppe dans ma course pour reprendre mon souffle et regarde autour de moi. Les gens me dévisagent, je dois être affreuse, toute décoiffée, mon maquillage d'hier soir à probablement coulé mais je m'en fiche. Ma tête me tourne, mes larmes ne veulent pas se stopper, de même que mes sanglots. Le vide en moi s'agrandit, Ellyn ne me répond pas, elle pleure, elle aussi, le rejet de notre âme-sœur. Ma gorge est nouée, j'ai du mal à respirer. Non, pas maintenant. Mes poumons refusent d'expulser l'air que je leur envoi et rapidement, une grosse crise d'angoisse m'étrangle. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à respirer. Ça tourne et mes jambes commencent à flageoler. J'amène mes mains à ma gorge et la compresse comme si cela pouvait m'aider à respirer correctement.

-Mademoiselle, tout va bien ?

Je me retourne vers la personne qui me parle mais n'arrive pas à définir ses traits, je panique, ma vue commence à me quitter peu à peu et tout devient flou, je n'entends qu'un terrible sifflement que me déchire le crâne. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, je sens à peine les bras qui me retiennent de tomber. Mes sanglots ne veulent pas s'arrêter, mes oreilles sifflent encore et encore, prise d'un élan de folie, je me remue de toutes mes forces dans les bras de celui qui me tient et cri à m'en déchirer les cordes vocales en déplaçant mes mains sur mes oreilles pour les boucher, pour ne pas faire face à la réalité. Conrad...

-Non !

Je tente de m'enfuir le plus rapidement possible mais mes jambes refusent de m'obéir et je m'écroule quelques mètres plus loin, si ce n'est moins. Je répète ce petit mot comme une litanie. Non, non, non... Ce n'est pas possible, je vais me réveiller. Ce n'est qu'un cauchemar. Une main se pose sur mes épaules mais je la rejette.

-Lâchez-moi !

Pourquoi m'avoir rejeté après que nous ayons fait l'amour ? Pourquoi m'avoir rejeté alors que l'union est la chose la plus importante chez des âme-sœurs après le marquage ? Pourquoi me rejeter alors que le lien était devenu si fort ? J'ai l'impression d'avoir perdue tous mes repères. Je me mets en boule et me balance d'avant en arrière en chuchotant. Je suffoque mais les mots passent tous seuls par-dessus mes lèvres.

-Conrad... Non... Pourquoi... Ellyn... Parles... Je vous en prie... Aidez-moi... Conrad... Je... Il... On...

Des bras m'entourent soudain mais je n'y fait pas attention et continue de me balancer.

-Conrad...

-Non, c'est moi. Gwen, c'est moi, c'est Brent. Je t'en prie, reprends-toi. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Brent...

-Conrad... Il m'a rejeté...

-Quoi ? Mais non... Tu délires, reprends-toi.

-Conrad...

-Mia ! Alexander ! Allez le chercher !

Je m'accroche à Brent, comme s'il était mon ancre, comme s'il pouvait me ramener sur Terre.

-Mais pourquoi tu te mets dans cet état, ce n'est pas normal, le lien est trop faible pour qu'il puisse autant t'affecter.

-Cette nuit... Je... Il... On a...

Mes larmes redoublent à un tel point que j'ai l'impression que me tête va exploser. Je vais mourir, j'en suis sûre, ma gorge me brûle et mes poumons sont toujours aussi dysfonctionnels. Je vais mourir... Je vais mourir...

-Je vais mourir...

-Mais non, tais-toi. Concentres-toi et respires.

-J'y arrive pas !

Mais pourquoi je n'arrive pas à me reprendre ? Pourquoi ? Tout reste bloqué dans ma cage thoracique et je me sens défaillir. Conrad... Je ferme les yeux et me replonge dans ses bras, espérant de tout mon cœur, de toute mon âme tromper la réalité. Je nous revoie, en fin de soirée, remonter les escaliers, insouciants, comme si rien ne pouvait nous atteindre. Je nous revoie, nu dans sur son lit, lui embrassant et embrasant chaque partie de mon corps, caresser ma peau comme si sa vie en dépendait. Je nous revoie jouir, ensemble, nous câliner et nous embrasser jusqu'à que le sommeil ne nous entraîne dans ces filets. On me secoue. Que se passe-t-il ?

-Gwen, reviens-moi, s'il te plaît, reste avec moi.

La voix de mon meilleur ami me ramène une nouvelle fois à la réalité, faisant ainsi remonter le sentiment de solitude et de détresse qui m'envahit. J'enroule mes bras autour de son cou et continue de pleurer comme une aliéné.

-Conrad...

-Chut... Il arrive...

Je le sens relever la tête et resserrer ses bras autour de moi.

-Mia ! Où est-il ?

-Il n'a rien voulu savoir, Alex est parti chercher quelqu'un pour la calmer. Il devrait arriver...

Il ne veut pas de moi... Il se fiche de moi... Il ne m'aime pas...

Mes sanglots, quelques peu calmé, reprennent de plus belle. Et je sens Brent se détacher de moi, non, il ne peut pas me laisser lui aussi. Ce n'est pas possible. Je vais devenir folle. Mais il garde sa main dans la mienne alors que l'on me transporte vers je ne sais où. Quelqu'un me parle et j'essaie de comprendre au mieux ce qu'il me raconte mais mes tympans semblent, eux aussi, lassés de tout ceci. Je regarde dans le vide et continue de pleurer en silence. La main de Brent se resserre autour de la mienne et je sens une aiguille pénétrer la peau de mon cou. Une autre personne que je ne connais pas, me fait passer de la position assise à coucher avec une délicatesse infinie. Je chercher quelque chose à quoi accrocher mon regard alors que je me sens partir petit à petit. J'encre mes pupilles à celles de mon meilleur ami, elles ne reflètent que de l'inquiétude, ça me perturbe, je fronce les sourcils et chercher quelque chose d'autre mais chaque muscle de mon corps se détend, ma tête retombe sur le côté, je me sens chavirer vers un autre monde quand mes yeux croisent les siens. Il est venu.

 Il est venu

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

FIN.

Non, je déconne.

Bon alors ce chapitre ? Pas trop mal au cœur ? Moi un peu, j'aime pas trop les faire souffrir mais bon, une fois de temps en temps... Pourquoi pas...

Aller, bisous.

Reviens-nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant