Deux ans.
Deux ans que je ne le sens plus.
Deux ans qu'il a complètement disparu.
Deux ans que je mens à mes amis, à ma famille. Tout va bien, voilà ce que je leur dis.
Deux ans que je ne sors plus en forêt avec mes proches.
Deux ans que je déprime...
-Je... Je me suis dit que... Ce serait peut-être bien si on discutait un peu de la situation.
Il acquiesce en déglutissant, lui aussi appréhende cette conversation.
- C'est assez compliqué, je me suis jamais posé la question de mon orientation sexuelle. Je... Pour moi c'était clair, j'aime les femmes.
Je le regarde pour observer ses réactions et le vois baisser la tête, les épaules voûtées. Merde, je n'aurais pas dû. Mais il finit tout de même par hocher la tête.
-Je ne sais pas pourquoi, ni comment mais... Je... J'essaie de comprendre ce qui a pu se passer mais, même en retournant la situation sous tous les angles possibles et imaginables, je n'arrive pas à savoir comment c'est possible. Je veux dire, je ne suis pas gay.
Il prend une grande inspiration avant de relever les yeux vers moi.
-Tu sais, je n'ai pas choisi de t'avoir comme âme-sœur alors si tu es venu pour me dire ce genre de chose, tu peux repartir directement, ça ne sert à rien de rester.
J'écarquille les yeux et le regarde pour vois s'il est vraiment sérieux et il le semble réellement, il garde sur son visage une expression neutre et croise les bras sur la table en levant un sourcil. J'avale ma salive avec difficulté, soudainement intimidé par l'homme qui se tient face à moi.
-Alors ?
Je ne sais plus quoi dire, les mots déjà difficiles à trouver semblent s'être totalement échapper de ma bouche. Je l'ouvre et la referme sans arriver à laisser sortir le moindre son, je me sens commencer à défaillir, je n'ai qu'une seule envie, partir de la maison et rapidement. Kurt commence à s'énerver, il veut prendre le contrôle, il veut parler à notre âme-sœur mais je ferme les yeux et fais de mon mieux pour l'empêcher de sortir. La tête baissée, je lève les yeux vers Davy qui semble de plus en plus énervé de ne pas me voir réagir. Je vois sa respiration s'accélérer alors que le silence lui perdure entre nous et que les mots m'échappent complètement, je n'arrive même plus à composer une phrase correcte dans mon esprit. Mon loup s'énerve de plus en plus, et je peine de plus en plus à garder le contrôle. La pression de son regard et celle de Kurt finissent de m'achever et je cours à l'extérieur vers la forêt il faut que tout ceci s'arrête. Je prends ma tête entre mes mains et la secoue dans tous les sens en poussant un hurlement de rage dans l'espoir que tout ceci ce calme. C'est un véritable combat intérieur, une lutte sans merci. Mon loup tire sur la corde qui nous lie, tire encore, montre les crocs et devient de plus en plus sauvage. Je ne le laisserais pas prendre ma place. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Je commence à perdre la tête tant le combat est intense, je commence à transpirer et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, je me transforme. Sous ma forme lupine, je continu de me débattre alors que Kurt prend de plus en plus de place autour de mon esprit, il s'insinue perfidement pour prendre ma place. Un coup, il relâche. Je souffle. Un coup, il relâche. De cette façon, il arrive à se faire de plus en plus présent jusqu'à ce que je renforce mes barrières et ne courre vers la forêt à côté de la maison. J'y pénètre et sans réfléchir, plein de sueur, me jette contre un arbre. Je lâche un gémissement de douleur quand mon flanc rencontre l'écorce mais je continu, je lutte contre la douleur psychique avec la physique dans l'espoir de remporter cette bataille sans merci. Jamais Kurt ne s'était montré aussi agressif, aussi méchant, aussi déterminé à me nuire. Je sais très bien qu'il a tendance à être nerveux mais jamais à ce point. Je ne sais pas depuis combien de temps dure cette torture mais je sens tout d'un coup mon corps se figer, impossible de bouger. Je tente de regarder d'où cela vient mais impossible. Soudain, Gwenaëlle apparait devant moi et m'ordonne de me redevenir humain. Je sens enfin mon loup relâcher son emprise et je me retransforme en me laissant tomber sur le sur le sol terreux. Je n'en peux plus, je sens ses petites mains soulever ma tête pour la poser ses genoux. Le visage de Davy complètement paniqué et baigné de larmes apparait alors sous mes yeux et je m'empresse de détourner le regard, je ne veux pas que tout ça recommence... Ma meilleure amie me caresse doucement les cheveux pour m'apaiser de cette deuxième transformation catastrophique en si peu de temps. Je souffle et m'aperçois qu'elle est dans un grand peignoir qui sent l'odeur de Davy. J'en connais un qui ne serait pas très heureux de savoir ça. J'esquisse un sourire avant qu'elle ne me demande de me lever, on me passe un peignoir sur les épaules et elle m'aide, bras dessus, bras dessous, à prendre la direction de la voiture. Je ne sais même pas où sont les clés mais je les vois dans la main de ma meilleure amie, ne cherche pas à comprendre et m'assoie sur le siège en m'attachant avec difficulté. J'entends la portière se fermer et je pose ma tête contre le dossier du siège passager. Je lâche un soupir profond avant de fermer les yeux et de m'endormir comme une masse.
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Aie, Brent, faut vraiment apprendre à t'écouter... En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu, c'était le dernier sous le point de vue de notre ami... Qui sait, c'est peut-être l'introduction d'une nouvelle histoire...
En ces temps de confinement, la correction avance grandement et je commencerais probablement à la publier bientôt et comme Reviens-nous touche bientôt à sa fin, si vous avez quelques petits conseil pour la réécriture, quelques petites choses à améliorer, n'hésitez surtout pas !!!
