XIV- Un éternel recommencement

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(pdv d'Angélique)


Nous continuons à rouler en silence jusqu'à la nuit tombée. Eux ne ressentent peut-être pas la fatigue, pour ce que j'en sais, mais de mon côté, mon dos me fait souffrir et j'ai des fourmis dans les jambes. J'ai besoin de sortir d'ici et de respirer autre chose que de l'air en boîte.

Fenris est désormais parfaitement réveillé et beaucoup trop alerte à mon goût. Pourquoi fait-il que ce type sourit à tout bout de champ ? C'est flippant à la fin... Il a l'air constamment heureux, et si l'on a le malheur de lui demander pourquoi, il nous envoie balader comme il se doit.

Gabriel, pour sa part, ne parait pas plus fatigué que cela malgré le fait qu'il soit au volant depuis neuf heures ce matin et qu'il est déjà presque vingt-deux heures. J'ai dû m'endormir en route car il m'est impossible de dire où nous sommes, ni même dans quel pays.

- Où sommes-nous ? demande-je d'une voix endormie et légèrement pâteuse.

- Nous venons de dépasser Gmunden, en Autriche.

Cette information finit de me réveiller.

- Attends, quoi ?! L'Autriche ?! Mais qu'est-ce qu'on fais là ?!

Fenris soupire et se retourne doucement vers moi, arborant un de ces airs stupides que l'on prend lorsque l'on explique quelque chose de complexe à un enfant.

- Tu te rappelles que l'on a quitté le cocon familial pour un voyage sans retour, quand même, non ?

Quoi ? Un voyage sans...

- Fenris, arrêtes de l'angoisser avec tes histoires à dormir debout, lâche alors Gaby qui tient toujours le démon à l'oeil.

Ce dernier se rencogne dans son siège en croisant les bras comme un enfant que l'on vient de réprimander.

- Il faudra bien qu'elle l'apprenne à un moment ou à un autre, et je suis d'avis que le plus tôt sera le mieux, au moins, après ça, on pourra arrêter de nous comporter comme de simples mortels et filer par les airs au lieu de passer des heures interminable dans cette boîte, réplique le prisonnier.

Je ne suis qu'à moitié d'accord. Sortir de cette voiture, avec joie. Filer dans les airs ? Je suis moins fan. Me dire la vérité ? Si seulement ! Mais vu le visage fermé de mon ami, les grandes révélations sur le pourquoi nous allons jusqu'au bout du monde ne seront pas pour ce soir. Dans ce cas, autant changer de sujet.

- Dis, on pourrait faire une pose pour la nuit ? Dormir dans cette voiture, ça va bien deux minutes, mais je commence à saturer là.

Gaby regarde dans le rétroviseur avant d'acquiescer.

- Il y a une forêt pas très loin, on pourra y dresser notre campement pour repartir demain dès l'aube.

Je tique, pas très à l'aise à l'idée de dormir à la belle étoile aux côtés d'un démon magnifiquement flippant.

- On... Il n'y a pas d'hôtel en Autriche ?

Fenris se retourne vers moi, l'air mi-amusé mi-condescendant. C'est officiel, je déteste ce type et ses regards. Il s'adresse alors à Gaby, me quittant enfin des yeux.

- Dis, elle est toujours comme ça ?

Mon ami hausse un sourcil tandis que je demande :

- Comme quoi ?

Le démon se retourne à nouveau vers moi, un sourire angélique et faussement innocent aux lèvres.

- Aussi stupide.

Ex Nihilo -1- Homo homini lupus est [Wattys 2020 - Paranormal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant