chapter eight

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00h00,

Nous sommes de retour au quartier après cette soirée sur Paris. C'était super, Paris m'avait manqué.

On arrive à côté de notre bâtiment quand j'aperçois Nabil, encore et toujours, seul avec lui même. Il fume un joint, toujours avec sa capuche et ses écouteurs, il me fait rire.

Sara me fait signe qu'elle rentre à l'appartement, quant à moi je reste devant le bâtiment et m'approche de Nabil. Je ôte sa capuche et il grogne en la remettant rapidement.

Nabil : Je t'avais pas vu, qu'est-ce que tu fais la?
M : Je pourrais te poser la même question.
Nabil : Je me détends, comme tu peux le voir.
M : Ça va devenir un rituel de se retrouver ici?
Nabil : Moi c'est mon rituel depuis des lustres, maintenant à toi de voir si tu veux que ça devienne NOTRE rituel.

Je souris, il me regarde et sourit à son tour. Je penses qu'on sait tous les deux que ce serait une mauvaise idée qu'on soit ensemble. Déjà parce que pour lui la notion de « couple » est inconnue, et ensuite parce que de mon côté, je sais qu'il n'est pas bien pour moi. Mais pour une raison que j'ignore, on est comme des aimants, il nous est impossible de rester loin l'un de l'autre très longtemps...

Je décide de lui prendre son joint de sa bouche, et de tirer une latte. Il me regarde avec de gros yeux.

Nabil : Qui t'as accorder le droit de faire ça?
M : Je me suis permise toute seule désolé.

Je lui tend son joint, il me fait signe de le garder. Ça me fait du bien.

Nabil : Prends pas de sales habitudes, deviens pas comme moi.
M : Comme toi?
Nabil : Mia, je sais très bien ce que tu penses de moi, fais pas semblant de pas comprendre.
M : Et qu'est-ce que je penses de toi alors?

Il me regarde, détourne ensuite le regard vers le sol, et commence à parler.

Nabil : Je sais que pour toi j'suis pas un type fréquentable, que j'suis le genre de vieux mec accroché à sa cité qui a pas d'avenir, qui sortira jamais de son trou, qui quittera jamais ses potes, qui sera jamais sérieux. Et le pire, c'est que t'as sûrement raison, ouais c'est peut-être être bien la vérité. Je m'accroche à tout ça, c'est tout ce que j'ai. Mais ça tu peux pas le comprendre, toi tout te réussi.

wow.
Je me suis pris une claque, il a dit ça avec une telle violence dans ses mots. Comme-ci j'étais qu'une petite fille à papa qui avait tout ce qu'elle voulait dans sa petite vie facile. Putain mais si il savait.

M : C'est vraiment ce que tu penses Nabil?
Nabil : J'en sais rien...

Je reste là, sans rien dire, je le regarde, il a le regard dans le vide. Je peux pas le laisser dire ça.

M : J'suis loin d'avoir une vie facile... mes parents ont divorcés, j'ai plus de nouvelles d'eux, je me suis barrée vivre avec ma sœur, j'ai travaillée super dur pour pouvoir avoir mon tout petit appartement dans Paris, où je tenais à peine seule, ou j'avais même pas de quoi me payer à manger tous les jours, je me payais moi-même mon école d'art, que j'ai dû abandonner parce que j'avais plus un rond. Crois-moi la misère je la connais, si j'suis revenue ici c'est pas pour le plaisir mais parce que tout ce qu'il me reste, c'est ma sœur. Et maintenant je suis là, à me demander ce que je vais bien pouvoir faire. Alors non Nabil, tout ne me réussi pas.

Son regard change, il tire sur son joint et pose sa main sur sa tête en la secouant de gauche à droite.

Nabil : J'suis désolé Mia, je savais pas tout ça.
M : C'est bien ce que je te reproches, tu parles sans savoir, tu te fais une opinion alors que tu ne me connais pas.
Nabil : Et toi alors? Ose me dire que ce que j'ai dit juste avant c'est faux et que c'est pas ce que tu penses?
M : Mais même si je le pensais Nabil, je te le dirais même pas. À quoi ça servirait? T'as pas envie de montrer que t'es pas juste un garçon comme ça? Que t'es plus que ça?
Nabil : Mais pourquoi? Pourquoi j'essaierai de prouver que j'suis pas comme ça alors que si, c'est c'que je suis putain, je changerais pas, c'est ma nature. C'est ridicule de vouloir à tout prix devenir quelqu'un qu'on est pas...

Il a pas totalement tord, c'est vrai, pourquoi il changerait? Mais il a pas l'air d'aimer cette vie, je comprends pas...

M : T'aimes vraiment cette vie? Tu rêverais pas d'en changer? Te faire de l'argent en vendant de la merde, tu crois pas que tu mérites mieux que ça?

Il lève les yeux vers moi, me regarde en fronçant les sourcils, il ne savait pas que j'étais au courant, mais les bruits courent...

Nabil : J'avais essayer quelque chose, y'a quelques années, ça avait pas marcher.
M : Quoi?
Nabil : Le rap.

Je souris à l'entente de ses mots. Non pas que je n'aime pas le rap, au contraire, j'adore, mais je sais pas... je ne l'imagine pas vraiment rapper, assez bizarre comme vision.

Nabil : Rigole pas, j'avais vraiment essayer, mais j'ai pas eu beaucoup de succès.
M : Hmm, et pourquoi tu cherches pas un vrai taff?
Nabil : Parce que Mia, ça rapporte pas assez.. les affaires, qu'on les aime ou pas, elles rapportent. On est dans un quartier là, j'sais pas si tu capteras un jour. C'est pas le monde des bisounours. Depuis que mon frère est revenu de prison, on repense au rap, on sait pas trop ce qu'on va faire, on essaye, on sait pas...
M : je sais pas si c'est une bonne idée, tu sais à quoi t'attendre si vous percez non?
Nabil : J'en ai rien à foutre Mia j'te jure, j'veux juste de l'argent pour me sortir des galères et sortir ma famille de la merde, c'est tout. Je veux qu'on soit à l'aise, qu'on ai plus à s'inquiéter de rien, que toutes ces embrouilles de quartier elles restent loin de nous.

Il me fait de la peine dans ses paroles, je ressens sa tristesse, il n'aime pas sa vie. Je ne me suis jamais sentie aussi proche de lui, que là, maintenant.

Instinctivement, je pose ma tête sur son épaule, il me regarde et dépose un baiser sur mon front.

Nabil : J'ai l'impression que la nuit, c'est comme-ci tu prenais une pause, tout est en pause, t'es plus libre. J'suis bien là...

Je souris, c'est vrai qu'on est bien, ça doit bien faire une heure qu'on est là, à parler, je me sens bien avec lui. Je me suis toujours sentie bien en sa compagnie, en sécurité, même pendant cette soirée y'a 3 ans, comme-ci on se connaissait depuis des années...

M : Moi aussi j'suis bien...

On regarde le ciel, il me tend un de ses écouteurs et on écoute de la musique. On ne parle pas, pourquoi gâcher le moment? On est juste bien ensemble...

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Chapitre 8 terminé.
J'espère vraiment que l'histoire vous plaît, j'aimerais vraiment avoir vos réactions, vos avis, ce que je devrais changer (ou pas), ça me ferait vraiment plaisir!

xoxo 🐝

loin des anges - N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant