#37 Renaissance

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Quand j'ouvris les yeux, Colin et moi étions confortablement blottis sous les couvertures. Je ne pouvais pas dire qui de nous deux était blotti dans les bras de l'autre. Quand je levai les yeux, je tombai nez à nez avec son visage assoupi et détendu, et sans pouvoir y résister, je picorai ses lèvres de baisers. Il fronça les sourcils, son nez se retroussa. Je souris, et continuai jusqu'à ce qu'il n'ouvre les yeux en grognant.

« Bonjour, lui murmurai-je.

— Bonjour.

— Ah c'est pas possible, t'es trop mignon », geignis-je en l'attirant contre moi.

Il chercha à se débattre mais je rabattis la couette sur nos deux corps en riant. Je n'avais pas envie de me lever, je voulais rester toute la journée dans cette tente.

« Isaak, tu m'étouffes », grogna Colin, sa voix étouffée par les couches de tissu.

— Oh, pardon Col', m'excusai-je en le libérant.

Son visage émergea, et il me fit un véritable sermon tout en s'extirpant des couvertures. Je ne l'écoutai pas, mais restai silencieux, simulant le regret. Les souvenirs de la veille ressurgirent à nouveau, et je me plongeai dans mes inquiétudes.

« Isaak ! »

Sa voix me parvint avec clarté, et je me rendis compte que je ne faisais plus attention à lui depuis un petit moment, car son visage paraissait inquiet.

« D-désolé.

— Tout va bien ?

— Ce serait plutôt à moi de poser la question. »

Il soupira en enfilant ses lunettes.

« Il n'y a vraiment rien, Isaak. Je vais très bien, Léanne va très bien. Content ?

— Et Emilio ?

— Lui aussi il va bien. Je crois. Ce n'est pas très important.

— Je t'ai entendu Colin ! » retentit une voix depuis l'extérieur.

Quand nous sortîmes de la tente, Emilio nous observait, l'air vexé. Et à côté de lui, Léanne se retenait visiblement de rire. Je me relevai et passai à côté de lui en tapotant son épaule.

« T'inquiète pas, un jour tu vaudras quelque chose aux yeux de Col'. »

Je faillis me prendre un coup et m'écartai en riant. Nous n'avions rien pour le petit-déjeuner, aussi nous décidâmes de rentrer manger, puis de revenir avec de quoi tenir pour la journée. De toute façon, il n'y avait jamais personne dans cette forêt.

Le chemin du retour se fit en silence. Colin semblait peiner à marcher à côté de moi, parce que la pente était parcourue de racines proéminentes, et de cailloux. Mon pauvre ami n'était pas très sportif. Distraitement, j'observai la nature autour de moi. La végétation était dense, et les troncs des arbres semblaient interminables.

En songeant aux innombrables photographies dans le salon de Charlotte, j'eus l'envie d'immortaliser ce que je voyais. Ce désir dépassait ma peur d'échouer, ma résignation. J'étais plus attaché aux images qu'aux mots, et je ne voulais pas que cette nature formidable ne reste qu'un souvenir. Sans un mot, je m'éloignai, et sortit mon téléphone. Je n'avais pas d'appareil photo, mais je pouvais tout de même immortaliser ce qui m'entourait.

Petit à petit, mon esprit observa les alentours, et chaque détail qui capta mon attention fut photographié. J'y prenais tant de plaisir que j'en oubliai mes amis, qui me laissaient faire en silence. Je ne revins vers eux que lorsque la maison de campagne s'imposa à nous, grandiose et pittoresque. Léanne se rapprocha de moi, et jeta un œil à mon téléphone.

Cacophonie des cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant