Chapitre 20 : Faire les soldes.

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Chapitre 20 :

Les chaussures qu'il portait aux pieds, avaient passées le simple stade de l'usure. Le cuire était d'une couleur indéfinissable et à certains endroits des tâches étaient apparentes. Lorsqu'on les voyaient, une fois la surprise passée, on se demandait encore comment il était possible d'enfiler ces choses qui à coup sûr ne devaient pas être agréable à porter, et devait même très certainement laisser passer l'eau de pluie. De godasse elles n'en avaient qu'une forme toute relative. Les lacets tenaient que par la chance, et les semelles étaient même trouées à plusieurs endroits. Aussi Zoro était-il impatient de s'en débarrasser, pour éprouver ce qui lui considérer comme un luxe, la joie d'avoir des chaussures neuves et qu'il aurait surtout choisi lui-même. 

Lorsqu'il était enfant, il n'avait jamais eu le loisir, ni le plaisir d'avoir des chaussures à son goûts. Ses parents adoptifs, mesquins et parfois radins dans toutes les dépenses qui le concernait, achetaient toujours des produits de bas de gammes. Parfois l'enfant qu'il était à l'époque, s'était senti honteux de devoir s'afficher avec des chaussures horribles et moches à l'école. Il se rappelait encore de la fois ou en primaire, sa mère toujours prise d'une de ses crises de démences et de méchancetés, l'avait habillée avec des chaussures rouges trop grandes pour lui - Tu grandiras dedans, ça fait des économie - et un pantalon bien trop court pour ses longues jambes. Sa journée d'école à cause de son accoutrement ridicule, avait été un véritable calvaire.  Pas une seconde ses camarades de classes n'avaient cessés de se moquer de lui malgré les grondements de leurs Maitresse. Certain même avaient poussé la méchanceté à l'appeler, " Bozo le clown" à cause de ses vêtements trop courts et de ses chaussures trop grandes.

De ce souvenir pénible  Zoro à présent adulte en ressentait encore une terrible honte, lorsqu'il l'évoquait.  Aussi malgré ce triste et désagréable sentiment que cela lui procurait, il raconta à sa lumière cette histoire navrante ou encore une fois à cause de ses parents, on s'étaient moqué de lui. Le résultat de tout ceci l'avait poussé déjà à l'époque à s'isoler car dans sa petite tête d'enfant, il se demandait à quoi bon essayer d'être copain avec des camarades de classe aussi méchants. 

Au final depuis son adoption jusqu'à aujourd'hui, Zoro réalisait combien il avait été seul tout au long de sa vie. Pas seulement à cause de la mentalité de ses parents adoptifs, mais aussi d'une certaine manière par sa propre faute. Étant peu sûr de lui, il avait toujours préféré être solitaire plutôt que d'être avec des gens, qui dans son habituel auto-dénigrement ne l'aimeraient certainement pas. Sans doute cette manière de penser était-elle aussi accentuée par la piètre opinion qu'il avait de lui même. Ne s'aimant pas physiquement, il avait aucunement conscience de son physique avantageux. Parfois lorsque Sanji lui affirmait dans un de ses sourires ravageur qu'il était.." un beau gosse". Généralement il prenait ça surtout comme une flatterie, mais pas comme une réalité.

Se sentant encore coupable de ce qu'il lui était arrivé avec ce gros dégueulasse, il avait parfois encore beaucoup de mal à admettre qu'il était une victime. Souvent ses pensées revenaient sur l'idée fausse, que tout était de sa faute et que si il avait su être plus prudent, il ne se serait certainement pas fait avoir par cette ordure. Pour lui, il était responsable de ce traumatisme qui le poussait à fuir les contactes. Et lorsque ce constat lors de discussions sérieuses avec le cuisinier lui échappait, il voyait aussitôt un étrange sentiment se peindre sur le visage du charmant blondinet. Tout d'abord s'était de la peine, où peut-être une sorte de pitié à son égard avant  de très vite se muer en une sorte de certitude farouche.

" Tu n'es pas responsable ! Et si je dois te le répéter 1000 fois, je le ferai."

Il se contentait de lui dire ça en dissimulant peut-être une certaine forme d'agacement, car sans  doute Sanji ne comprenait pas pourquoi Zoro s'obstinait à croire que tout était de sa faute. Dans la tête du blondinet les choses étaient clair, et dans un sens simple à comprendre.  Un gros pervers s'était servi de la détresse d'un gamin de 16 ans, pour assouvir ses pulsions malsaines en l'enivrant et en l'amadouant avec des promesses de nourriture et d'aide  pour le sortir de la rue. Le triste constat de tout ceci était une blessure profondément encrée chez l'ancien SDF, et une vision déformée de la réalité des choses. D'ailleurs si Zoro, ne voyait pas les choses de la même façon que Sanji s'est sans doute parce que personne, après cette tragédie n'était venu lui dire, qu'il était une victime. Personne n'avait été présent pour le soutenir et pour l'aider à surmonter cette agression. Non cette horreur, il avait dû la digérer tout seul et s'obliger à vivre avec, en enfouissant au plus profond de lui la honte et le déshonneur qu'il en avait ressenti.

Remonter du gouffre. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant