Chapitre 4

683 42 11
                                    

Shimy.

C'était clair. C'était maintenant très clair. Shimy n'aimait pas le français. Assise au fond de la salle, à côté d'une fenêtre, la tête posé sur ses mains, Shimy avait déclaré intérieurement qu'elle n'aimait pas le français. C'était officiel et rien ne la ferait changer d'avis.

- « Ça va ? » lui demanda Samaël, assis à côté d'elle.
- « Oui. » se contenta t'elle de répondre.
- « C'est que t'es une bavarde toi. » continua Samaël.

Shimy lui lança un regard glacial, sans répondre.

- « En tout cas, t'es belle. » enchaîna Samaël, les yeux rivés vers elle.

Shimy laissa échapper un hoquet surpris et equarquilla yeux.

- « Ben quoi ? Vas pas me faire croire que c'est la première fois que quelqu'un te dit ça ? »
Shimy se reprit très vite et lui lança :

- « Ne me parles pas. Plus jamais. »
- « Tu vas sortir les griffes Shimy ? J'fais ce que je veux. »

Les yeux d'un bleu très clair rivés sur ceux tout aussi clairs de Shimy, Samaël la fixait d'un regard indéchiffrable. Shimy se sentit tout à coup très mal à l'aise. Prise d'un soudain vertige, elle attrapa son sac, par chance elle n'avait sortit aucunes affaires, et sortit précipitamment de la salle, ignorant superbement les protestations du professeur, les regards de tous les élèves sur elle et le sourire insolent de Samaël.

Devant le miroir des toilettes des filles, Shimy regardait son reflet. Allez Shimy. Enfin quelle idée de s'enfuir ainsi du cours. À cause d'un garçon en plus. Elle qui se persuadait d'être forte, elle venait de se prouver à elle même qu'elle s'était bien trompée. Elle recoiffa sa frange et son cours carré de cheveux blanc. Une coiffure qu'elle adorait. Elle s'aspergea le visage d'eau fraîche et repassa son pull gris de ses doigts, elle souffla un bon coup, et se rendit en salle de permanence. Hors de question de retourner à côté de ce garçon.

Mais pourquoi avait elle réagit comme ça ? Elle qui était toujours très calme, très observatrice, elle anticipait toujours toutes les actions des gens qui l'entouraient. Elle s'était laissée surprendre. Il ne fallait plus que ça arrive. Déterminée à ignorer ce garçon pour le reste de l'année s'il le fallait. Elle ne pouvait s'autoriser à agir de la sorte une nouvelle fois.

Elle entra discrètement dans la salle, en espérant que personne ne remarquerait son arrivée, mais malheureusement tous les regards se fixèrent sur elle. Ça faisait beaucoup de regards sur elle aujourd'hui. Beaucoup trop pour elle. Elle s'assit au fond de la salle et sortit son livre de sociologie. Elle resta ainsi une bonne demi heure, en plein apprentissage de la société qui l'entourait.

Cette matière la passionnait. Avec les SVT. Et l'anglais. En fait, Shimy était une fille très passionnée. Elle n'avait jamais réellement fait d'efforts pour réviser ou pour écouter ce que les professeurs lui disaient. Dotée d'une intelligence supérieur, elle avait toujours eu une excellente moyenne sans produire de réels efforts. Et c'était un sacré avantage. Elle pouvait ainsi passer plus de temps avec son caméléon, dehors en train de courir, ou avec ses amis. Bien qu'elle était de nature solitaire, elle n'avait jamais voulu l'aide de personne, elle se débrouillait toute seule, faisait sa vie toute seule.

C'était une fille mystérieuse qui cachait chacun de ses sentiments, chacune de ses émotions. Pour ne pas souffrir. Mais une fois qu'on avait percé sa carapace, sa loyauté était sans faille, d'une honnêteté et d'un force d'esprit indestructible. Les seuls personnes ayant jamais réussi à percer son carapace étaient ses amis. Ses seuls amis. Elle les avait rencontrés un jour de pluie, lorsque, au coin d'une rue, elle s'était faite voler son sac par un petit garçon. Elle avait couru derrière lui et l'avait arrêter d'un geste précis. Le petit garçon s'était débattu et lui avait lancé un regard noir. Mais Shimy avait perçu dans ses yeux la lueur de quelqu'un qui souffrait énormément. Elle avait arraché son sac du garçon d'une seul main et avait empêcher le garçon de fuir une nouvelle fois de l'autre main. Elle avait fouillé dedans et en avait sorti un billet de 50 €.

- « Il est à toi si tu me promet de ne plus jamais voler et de revenir me voir si tu as besoin d'aide. » avait t'elle dit, d'un ton calme.

Le garçon l'avait regardé et avait rapidement acquiescé. Shimy lui avait donné le billet et il avait déguerpi. En face d'elle se tenaient quatres jeunes gens qui avaient tout vu de la scène. Shimy avait placé ses mains sur ses hanches et s'était tournée vers les quatres jeunes gens.

- « Qu'est ce que vous regardez comme ça ? »

Un jeune garçon à la chevelure blonde lui avait souri et lui avait demandé son prénom. Elle n'avait pas voulu répondre et avait voulu s'en aller quand une jeune fille à la chevelure de jais lui avait pris Le Bras.

- « Reste avec nous, on aime bien les gens comme toi. »

Shimy avait voulu rire mais en croisant le regard d'un autre jeune homme aux cheveux bruns en bataille, elle s'était tu. Elle avait senti qu'elle pouvait leur fait confiance, et son instinct ne la trompait jamais. Le sourire confiant du jeune homme l'avait rassurée. Elle s'était détendue et avait prononcé les premiers mots qui forgèrent à jamais son amitié avec eux :

- « Je m'appelle Shimy. »

La sonnerie la sortit de ses pensées et elle se dépêcha de sortir de la salle. Midi. Elle mourrait de faim. Elle vit bien vite ses amis qui lui faisaient de grands signes et vint à leur encontre.

- « On y va ? » demanda Danäel.
- « On y va. » répondît elle.

Le repas se passa très calmement. Mais bien vite, il se gâta, quand Shimy aperçut à la table en face, Samaël qui lui souriait d'un ton insolent.

Elle fronça les sourcils et s'efforça d'écouter la conversation animé de Razzia et de Gryf. Quel crétin. Alors que la conversation entre ses amis devenait de plus en plus animée, tous sursautèrent quand un plateau de nourriture s'abattit brutalement sur la table. Shimy leva les yeux vers l'objet de tant de bruit et constata en grimaçant qu'il ne s'agissait de personne d'autre que de Samaël.

- « Ça va Shimy ? »

Shimy jeta un coup d'œil à ses amis qui la regardaient d'un air étonné.

- « Vas t'en Samaël. »
- « Tu veux bien venir avec moi s'il te plaît Shimy ? J'aimerais te parler. » ajouta d'un ton mielleux le jeune homme, seuls ses yeux rieurs trahissait sa comédie.

Désireuse d'en finir au plus vite et d'échapper aux regards insistants de ses amis, elle montra une table éloignée d'un coup de tête.

- « Parfait. Mes salutations. » s'adressa Samaël aux jeunes gens.

Shimy se leva et se dirigea vers la table, Samaël à ses côtés.

- « Qu'est ce que tu veux ? » grinça t'elle des dents.
- « Te demander si tu voudrais bien sortir avec moi ce soir. »

Shimy éclata de rire.

- « Si c'est pour ça que t'es venu, tu peux repartir maintenant. »
- « Faisons quelque chose. Juste une chose après les cours. Si t'aime pas, je t'embêterais plus. Si t'accepte pas, je continuerai jusqu'à que t'acceptes. »

Shimy leva les yeux aux ciel.

- « Tu me crois assez stupide pour accepter ton chantage à la noix ? Rêve toujours, mais la prochaine fois que tu reviens me parler, je te jure que tu vas le regretter. »
- « T'as peut être l'habitude que les gens t'écoutent Shimy, mais tu m'fais pas peur, je sais parfaitement qui tu es. Alors tu viens ou pas ? »

Shimy leva un sourcil. Juste une soirée, et ce sera finit.

- « Ce soir, c'est tout. Après tu m'oublies. »
- « Ça j'peux pas te le promettre mais j'essaierai. »

Shimy se leva et retourna à la table où ses amis l'attendaient.

Après les cours, elle rentra directement chez elle, son appartement était à son image. Spacieux, les murs peints en bleu et en jaune, des plantes à chaque coins de murs. Elle adorait son appartement, le seul endroit où elle se sentait à l'aise. Mais trop vite arriva l'heure de rejoindre Samaël. Elle ne considérait pas cette sortie comme un rencard - à vrai dire, elle n'avait jamais eu de rencard - aussi n'enfila t'elle qu'un pantalon noir, un pull bleu foncé et une paire de baskets noires.

Elle dit au revoir à son caméléon et se mit en route vers le parc où l'attendait Samaël. Elle souffla un bon coup pour se souhaiter bonne chance et s'avança.

À travers les âges. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant