À travers les âges.

Chapitre 18

Gryf.

Gryf faisait son jogging matinal tous les matins à 5h30 précises, lui permettant ainsi d'éviter les piétons et le réseau routier entier de Paris. Il avait pour lui seul cette ville qu'il aimait tant et en profitait au maximum à chaque fois.

Ce matin, très tôt, il avait décidé de remettre à plus tard les textos de Shun-Day, l'affaire Ténébris et la masse de devoirs qu'il devait rattraper pour pratiquer une des choses qu'il aimait le plus : faire du sport.

Il décida d'aller faire un tour près de l'hangar. Depuis qu'ils avaient pris tous ensembles la décision de guetter l'endroit à tour de rôles, chacun avaient pris le relai et avait guetter jusqu'à que chose s'ensuive. Mais au bout de deux mois et quelques jours, rien ne s'était produit. Jadina avait abandonné l'affaire, et Danaël n'avait pas tardé à la suivre.

Seuls Razzia, Shimy et lui même avaient continué. Mais maintenant, Gryf commençait réellement à penser que cela ne servait à rien et qu'ils n'y découvriraient pas grand chose si ce n'était un hangar vide. Sans oublier que le lieu du hangar ne le leur avait été révélé que grâce à une carte abandonnée par le suiveur de Ténébris. Comment savoir si c'était involontaire ou bien un piège destiné à capturer une bonne fois pour toute Ténébris ?

Son affaire n'avançait pas et n'inaugurait rien de bon. Et Gryf était perdu. Aucun nouvel indice, et Ténébris qui n'en savait pas plus qu'eux, Shimy qui ne leur parlait plus... Tant de choses  qui n'allaient pas, et tant de choses qui obligeaient Gryf à les réparer.

Mais ce matin, Gryf n'avait pas l'envie de se prendre la tête. Il préféra s'accorder un bon moment pour lui et rien que pour lui. Mais comme le devoir le lui rappelle souvent : il n'est pas égoïste et il se doit d'aider son ami Razzia.

Le jeune homme se mit donc en route vers l'hangar, avec cependant l'appréhension qu'il n'y trouvera rien de plus. Cette enquête l'agaçait profondément. Gryf avait toujours aimé joué les aventuriers braves et courageux, mais les quêtes qu'il avait imaginé, étant plus jeune, le mettait toujours en premier plan. Le hero solitaire, qui, comme Wolverine, transperçait les cœurs et arrachaient les cerveaux à l'aide de longues griffes. Hors, sûr cette histoire là, Gryf n'était qu'un pion, attendant impatiemment d'être déplacé.

Il n'était pas maître dans cette histoire, ne prenait pas les décisions et subissait en se taisant. Et à cause de tout cela, Gryf était profondément énervé. De plus, rien n'avançait. Absolument rien. Et Gryf était un jeune homme impulsif, constamment en mouvement. Il n'aimait pas le calme et la sérénité. Prescrit hyperactif par les médecins dès l'âge de sept ans, son métabolisme ne s'était que plus endurci lorsque ses parents avaient été tué et que son frère avait été porté disparu. Pendant des années, il a cherché à se retrouver, à se reconstruire, à guérir des blessures que la vie lui avaient donné. Il a apprit à être indépendant, à n'avoir besoin que de lui-même, à ne jamais compter sur les autres.

Gryf avait prit son destin en mains et comptait bien continuer à en tirer les ficelles.

Hors, depuis l'arrivée de Ténébris, il ne maîtrisait plus rien du tout. Aussi, il décida de se remettre d'aplomb et de donner un sérieux coup de fesses à cette affaire. Plus tôt cette affaire se terminerait, plus tôt il pourrait recommencer à faire du sport et à draguer les filles qu'il croisait. Enhardi d'une force nouvelle, Gryf accéléra sa course et se retrouva bien vite devant l'immense façade noir du hangar abandonné.

Il était tôt, très tôt, la lumière du soleil perçait à peine les toits des bâtiments. Gryf pensa que c'était le meilleur moment de la journée pour dénicher quoi que ce soit. Les sourcils froncés, le jeune homme parcourut les murs du regard.