À travers les âges.

Chapitre 23

Ténébris.

- « J'ai méga super ultra mal à la tête. » maugréa Ténébris en se tenant la tête.
- « Je ne te le fait pas dire. » renchérit Razzia en buvant un verre d'eau.

Tous deux étaient assis sur les tabourets de la cuisine, une atroce migraine à la tête.

- « Ça nous apprendra à boire trop. » marmonna Ténébris.
- « Cela fait tout de même deux jours. » dit Razzia en lui montrant deux doigts. « Deux jours qu'on a fait la tête, j'arrive pas à comprendre comment un mal de tête peut être autant récurrent. »

Ténébris hocha la tête d'un air pensif.

- « J'en sais rien. On a exagéré sur la bouteille tout simplement. »

Un simple grognement lui fit office de réponse. Ténébris baissa les yeux vers Razzia, qui était couché de tout son long sur le canapé, une main sur son front. La jeune fille laissa échapper un rire.

- « Tu as prévu quoi aujourd'hui ? » demanda finalement la jeune fille.
- « Ben... Danaël, Jadina, Gryf et Shimy sont en cours donc je pense que je vais aller faire les courses, le frigo est vide. Mais sinon, rien du tout. » répondît Razzia en se relevant.

Ténébris acquiesça.

- « Je vais y aller maintenant d'ailleurs. » annonça Razzia.

Il se leva et se rendit vers la chambre d'amis. Dans la penderie, il dénicha difficilement - sa vision était très trouble - un jean et un sweat. Il revêtu ses habits et enfila ses baskets.

- « Tu pourras acheter... » intervint Ténébris d'une petite voix, les joues rougissantes, sur le seuil de la chambre.
- « Acheter quoi ? » demanda Razzia en haussant un sourcil.
- « Des serviettes hygiéniques...? » murmura t'elle en baissant les yeux vers le sol.

Razzia sourit et serra Ténébris dans ses bras.

- « Nous sommes en 2019 Téné, les temps ont changé, tu n'as pas à être gênée de me demander ça. » lui dit-il.

Ténébris sentit son cœur pétiller d'amour et elle l'embrassa sur les lèvres, soulagée. Razzia lui fit un dernier sourire et sortit de l'appartement, laissant sa copine derrière lui.

Désormais seule, Ténébris contemplait le bazar ambiant. Elle décida de mettre un peu de musique et se mit à tout ranger. Elle n'avait rien de mieux à faire de toute façon.

En dansant et en chantant, Ténébris ordonna du mieux qu'elle pouvait l'appartement de Danaël. Un jour peut-être, elle pourrait faire la même chose dans son propre appartement. Qu'elle aurait peut-être avec Razzia. C'était beau de rêver. Peut-être qu'un jour, elle aurait des assiettes à laver, une chambre à ranger, des vêtements à repasser, un chat à nourrir.

Peut-être qu'un jour elle pourrait avoir une vie normale. Une vie qu'elle aspirait tant. Une vie simple mais heureuse. Une vie qui ne consistait pas à aller dérober des enfants sans défenses, à effrayer des passants dans la rue, à user de ses poings pour se défendre. Ténébris ne voulait plus de cette vie ou la peur et l'appréhension lui tiraillait l'estomac, où elle se levait tous les matins en ne sachant pas si elle se coucherait le soir.

Ténébris était forte, très forte. Mentalement et physiquement. Mais elle ne voulait plus être ce robot, cette machine de guerre qui recevait des ordres et les exécutait. Elle n'en voulait plus. Elle voulait tourner la page, clore le chapitre, terminer une bonne fois pour toutes le livre.

Ténébris voulait une nouvelle vie. Sans danger, sans peur, rien qu'amour et rires chaleureux.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvrît violemment en faisant trembler les murs de l'appartement dans un fracas assourdissant. Ténébris se retourna subitement et se figea à la vue des quatre hommes qui se tenaient sur le seuil.