VOISINS┃j.sancho (✓)

chapitre un.

— Putain, ton voisin est super sexy, Hilde soupira en s’appuyant contre le mur. S’il te plaît, dis-moi que tu es amie avec lui ?

Petra referma son manuel d’histoire et fronça les sourcils en voyant sa meilleure amie observer quelque chose depuis les rideaux de sa chambre. Elle n’avait aucune idée de ce dont Hilde parlait parce que à sa connaissance, ses deux voisins étaient un couple de personnes âgées d’à peu près soixante-dix ans.

— Qu’est-ce que tu racontes, Hilde ? Petra demanda lentement, ne sachant pas si elle voulait vraiment savoir. 

Hilde lui fit signe d’approcher et déplaça doucement le rideau de sorte à ce qu’elle puisse regarder à son tour. Aussitôt, Petra saisit la raison pour laquelle sa meilleure amie paraissait tant obnubilée. Le jeune homme torse nu et très séduisant qui se trouvait dans le jardin de ses voisins ne vivait certainement pas ici. Petra ne l’avait jamais vu auparavant. Il était en train de courir, faisant des dribbles avec un ballon de football. Au bout de quelques secondes, il s’élança et arma un tir puissant. Le ballon vint directement se loger au fond d’une cage de fortune installée entre deux arbres.

— Il faut que je vienne chez toi pour étudier plus souvent, Hilde prononça, les yeux en cœurs.

Petra sortit de sa contemplation à ces mots. Hilde continuait sa dînette sur le jeune homme torse nu par-dessus son épaule tout en soupirant de contentement. Il fallait avouer qu’il était assez bien bâti et possédait un don indéniable pour le football. Pourtant, Petra se força à retourner s’installer sur son lit et à tourner les pages de son manuel d’histoire.

— Allez, on a un contrôle demain matin. 

Hilde gémit de façon amusante et traîna les pieds jusqu’au matelas de sa meilleure amie.

— Juste quelques chapitres de plus, et ensuite, on arrête, Petra sourit, tentant de l’encourager—même si pour être honnête, elles n’avaient pas encore survolé la moitié.

— Je propose une pause-collation, Hilde souffla en posant son crayon dans le livre. 

Avant que Petra ne puisse contester, elle referma son bouquin et se leva. 

— Je meurs de faim, Hilde marmonna en se frottant le ventre. 

Petra roula des yeux et referma à son tour son manuel, consciente qu’elle ne pouvait pas protester. Une fois que sa meilleure amie avait une idée bien ancrée en tête, c’était pratiquement impossible de la faire changer d’avis. Petra la suivit donc au rez-de-chaussée. 

— Ah, la voilà ! La mère de Petra—Bernie—s’exclama lorsqu’elle pénétra dans le salon. Petra, je te présente nos nouveaux voisins : Sean et Mae. 

Bernie sourit en désignant du regard le couple d’une quarantaine d’années assis sur le canapé. Petra leur souhaita poliment la bienvenue dans le quartier, et constata qu’ils n’étaient pas allemands au vu l’accent anglais qui accompagnait leurs salutations. Hilde émergea quelques secondes plus tard dans l’embrasure de la porte et lui tendit un couteau et du pain. Petra secoua la tête, comprenant tout de suite que sa meilleure amie lui demandait si elle voulait un sandwich. 

— Notre fils vient d’être transféré dans un nouveau club, Mae expliqua, et elle hocha la tête, surprise. Nous venons tout juste d’emménager avec lui, mais je pense que nous le laisserons se débrouiller tout seul dans quelques temps. En tout cas, je suis contente que Jadon ait quelqu’un de son âge à proximité.

Sean acquiesça, mais n’ajouta rien. Petra devina que le jeune homme qu’elle avait espionné depuis sa fenêtre était Jadon. 

— Jadon est footballeur ? Hilde demanda en apportant deux sandwichs.

— Excusez-la, c'est ma meilleure amie, Petra justifia, et Mae rit.

— Oui, il jouait pour Manchester City, et maintenant le Borussia Dortmund, Sean sourit fièrement.

Donc, il s’entraînait parce qu’il était un joueur professionnel. Petra hocha la tête, plutôt impressionnée. Ça voulait dire que Jadon devait être une célébrité très connue dans son milieu. 

— C’est vraiment incroyable ! Hilde sourit avant de prendre une bouchée de son sandwich. 

Petra respira fortement, se retenant de lever les yeux au ciel. Elle était exubérante, trop enthousiaste et en faisait toujours beaucoup, mais c’était aussi pour cette raison qu’elle aimait Hilde. Sean et Mae rirent doucement. 

— Jadon est ici ? 

C’était typique de Hilde ; tendre une perche. Petra et elle savaient toutes les deux pertinemment que Jadon était à d’extérieur, à seulement quelques mètres de distance en train de shooter dans un ballon. Et sans tee-shirt pour dissimuler sa musculature et sa peau parfaite.

— Oui, il est dans le jardin, si tu veux aller le rencontrer, Mae sourit. 

Sans perdre un instant, Hilde se retourna et commença à sortir de chez Petra. Avant de quitter la maison, elle tourna la tête pour fixer sa meilleure amie ; elle attendait qu’elle vienne avec elle. Petra salua Mae et Sean, puis la suivit.

— D’accord, avant d’y aller...

— Tiens, Hilde la coupa pour lui tendre le reste de son sandwich. 

Elle s’essuya la bouche et lissa ses cheveux blonds déjà parfaits.

— Ne fais ou ne dis rien de bizarre s’il te plaît, Petra la supplia presque, et Hilde roula des yeux. 

Elle s’avança ensuite dans le jardin des voisins de son amie, la démarche assurée. Petra finit les deux dernières bouchées de pain et lui emboîta le pas, stressée.