chapitre huit.

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Tandis que la jeune femme à l’écran hurlait, Petra sentit Jadon frissonner, sûrement à cause du contact soudain de leurs peaux. Ce fut seulement lorsqu’elle reprit contenance, après de longues secondes, qu’elle se retourna pour lui jeter un rapide coup d’œil. Jadon arborait un léger sourire sur ses lèvres. Aussitôt, Petra retira sa main et prétendit être concentrée sur le film. C’était seulement une façade ; au fond d’elle-même, elle ne pouvait s’empêcher de penser au regard que le footballeur venait de lui lancer. 

Peut-être que Hilde avait raison après tout. Elle aimait bien Jadon. 

Petra se redressa d’un coup, marmonnant qu’elle voulait se rendre aux toilettes. Elle entendit Hilde murmurer son prénom, mais elle continua de gravir les escaliers en direction de la sortie. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait un gros coup de cœur pour un garçon—Nans Klaüsburg, son ancien petit-ami, pouvait l’affirmer—mais c’était la première fois que cela arrivait d’une façon aussi rapide. Petra essaya de se rassurer en se disant que ce n’était qu’une question d’attirance physique.

Sauf que ce n’était pas le cas, elle le savait bien. Absolument tout lui plaisait chez Jadon, il était plus que temps de le reconnaître.

— Où est-ce que tu vas ?

Hilde l’avait suivi jusque dans le hall d’entrée du Schauburg.

— Aux toilettes, je l’ai déjà dit, Petra haussa les épaules, sans s’arrêter.

Hilde approuva d’un hochement de tête, et repoussa ses cheveux blonds derrière ses oreilles avant de courir pour la rejoindre. Petra prit son courage à deux mains, et tandis qu’elle poussait la porte des waters réservées aux femmes pour s’engouffrer à l’intérieur, elle souffla.

— Tu as raison, Hilde. Je... Je pense que je crush vraiment sur Jadon. 

Hilde arrêta de marcher, stoppant tous ses gestes sous le coup de la surprise. Elle se reprit cependant bien vite étant donné qu’elle agrippa le bras de sa meilleure amie.

— Attends, quoi ?

Pendant plus d’un mois, ils s’étaient souvent vus l’un chez l’autre pour passer du temps tous les deux. Jadon s’était révélé être un garçon formidable, qui avait les pieds sur terre et qui possédait une forte énergie lui permettant de concrétiser ses rêves. Petra ne s’ennuyait jamais à ses côtés ; ils avaient toujours des conversations intéressantes, ou des crises de fous rires incompressibles. C’était si évident désormais.

— Ouais, je crois que je l’aime, Petra répéta, la voix pourtant un peu tremblante.

Hilde lâcha brusquement son bras. Elle arqua ensuite les sourcils en croisant ses bras sur sa poitrine moulée dans sa sublime robe de cocktail. Son expression était tout sauf avenante, et Petra ne put s’empêcher de paniquer. Sa meilleure amie paraissait quelque peu en colère.

— Eh bien, le timing n’est-t-il pas parfait ? Hilde jappa, sarcastique.

— Quoi ? Petra fronça les sourcils, confuse.

Elle ne comprenait vraiment pas son attitude. C’était même Hilde qui lui avait suggéré qu’elle était amoureuse de Jadon. Pourquoi ça la dérangeait autant ?

— La seule fois où Jadon flirte avec toi, tu te découvres soudain des sentiments pour lui, Hilde expliqua, les dents serrées. Je pensais que tu te fichais bien de lui, mais il suffit te regarde une fois pour que tu te soucies de ce qu’il pense et que tu tombes amoureuse !

— Mais qu’est-ce que tu racontes, Hilde ?

— Quand tu regardais dans le vide pendant que Jadon, Reiss et moi, figure-toi qu’on parlait tous les trois. Jadon a plaisanté en disant qu’il aurait bien me revoir pour me donner des entraînements, et quand je lui ai répondu que c’était quand il voulait, il a répondu que j’étais invitée à venir tous les jours si j’en avais envie. Il a aussi rajouté que ça ne le dérangeait pas, parce que toi, tu venais presque tous les jours pour t’entraîner chez lui. Mais tu n’as jamais mentionné vos petites rencontres secrètes dans mon dos, alors que ça faisait presque trois semaines, hein ?

— Oh mon Dieu, tu es sérieuse ? Petra demanda, abasourdie. Tu es venue deux semaines de suite, et le seul jour où tu n’es pas venue, je devais donner du courrier à Jadon, et—

— Peu importe, Hilde claqua sèchement, déterminée à camper sur ses positions.

Petra secoua la tête, choquée et blessée par son comportement.

— Non, tu sais quoi ? Je pars, demande à Jadon—ton nouveau petit ami—de te raccompagner à la maison.

Sur ces mots, Petra contourna sa meilleure amie et se précipita vers la sortie en essayant de ne pas penser à son cœur qui la faisait horriblement souffrir, et aux larmes qui perlaient aux coins de ses yeux.

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant