Bernie et Hilde rencontrèrent officiellement Jacob en fin de semaine. Malgré les appréhensions de Petra, le dîner se déroula à merveille. Sa mère aimait beaucoup son petit copain–surtout parce qu’il avait ramené une tarte au citron pour le dessert, sa préférée. Bernie était installée en bout de table, Jacob en face de Hilde, et Petra près de son petit ami. La jeune femme savait que le footballeur danois était timide et pouvait parfois se montrer froid, car c’était un mécanisme de protection. Elle avait donc gardé sa main sur sa cuisse pendant une bonne partie de la soirée, jusqu’à ce qu’il finisse par se détendre. Ils passaient tous un moment agréable devant la tarte au citron en question lorsqu’ils entendirent la porte sonner.
– Je vais ouvrir, Petra les informa avant de se redresser.
Les Schnitzer n’attendaient personne d’autre que Jacob et Hilde. Bernie hocha la tête, bien que surprise, puis elle regarda avec bienveillance sa fille embrasser son copain sur sa joue et s’éloigner vers l’entrée. Petra tira sur sa robe de satin noire–c’était un cadeau de Hilde et elle avait tendance à remonter sur ses jambes à chaque mouvement. Elle enfila un gilet qui traînait sur le porte-manteau, puis ouvrit finalement la porte. Son souffle se bloqua dans sa gorge, et Petra souhaita tout de suite la refermer. Mais un pied d’une valeur de cent millions d’euros se glissa dans l’embrasure, l’empêchant par conséquent de se débarrasser de lui.
Jadon se tenait sur le pallier de sa porte, de la buée s’échappant de sa bouche à chacune de ses inspiration. Emmitouflé dans une doudoune noire oversize, des sneakers d’un blanc immaculé aux pieds, il la contemplait sous la capuche de son sweat-shirt. Il semblait épuisé, comme s’il avait couru un marathon ou qu’il n’avait pas dormi depuis plusieurs jours. D’après les cernes sous ses yeux et sa mine défaite, Petra dut en conclure que la deuxième option était la plus probable. Pourtant, elle ne s’appitoya pas sur son sort. Au contraire, sa bouche se tordit de colère lorsque Jadon avança vers elle :
– Je suis désolé, Petra.
– Dégage, Petra lui ordonna sèchement.
– Petra, je veux juste avoir une chance de m’expliquer avec toi, Jadon bredouilla, désespéré. Laisse-moi te parler, ça ne prendra même pas dix minutes.
Depuis leur baiser, Jadon avait tenté de la joindre à plusieurs reprises, sans succès. Pour cause, Petra avait ignoré tous ses appels et ses messages.
– Ce n’est vraiment pas le moment, Jadon. Va-t-en, je ne veux pas entendre tes explications. Je ne veux plus te voir.
– Petra, Jadon la supplia presque, posant une main sur son épaule.
Petra réprima un frisson, avant de se dégager comme si son contact lui avait brûlé la peau. Jadon était réellement détestable, en plus de ne pas manquer de culot. Il se pointait chez elle, après lui avoir promis de changer d’attitude et l’avoir embrassé. Petra imagina qu’il était revenu pour réitérer la même chose, lui faire du mal et blesser ses sentiments. Cela était devenu son nouveau jeu préféré depuis quelques semaines. Sa colère redoubla aussitôt, sa mâchoire se contracta et Petra voulut arracher ces satanés yeux noisette qui l’obsèdaient depuis leur rencontre :
– Ne me touche pas, Jadon. D’accord, j’ai compris. Tu ne me respectes pas, ni en tant qu’amie, ni en tant que personne, je le conçois, ce n’est pas grave. Mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait à Jacob ? Je suis en couple avec lui. Jacob, un de tes coéquipiers, un de tes amis. Tu lui parles tous les jours, tu rigoles avec lui, vous partagez la même chambre pendant les déplacements. Et tu oses lui faire une chose pareille, Jadon ? Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi, putain ?
– Tu–
Il n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, étant donné qu’il fut interrompu par Bernie.
– Petra, qui est-ce ? Oh, Jadon !
La mère de Petra haussa les sourcils, étonnée de le voir devant sa maison à une heure aussi tardive. Jadon se mordit la lèvre inférieure, enfonçant ses doigts tremblants dans les poches de sa doudoune. Il renifla, souhaita simuler un sourire, mais sa tentative échoua platement. Il était à deux doigts de fondre en larmes–Bernie et Petra pouvaient l’assurer–pourtant, il fit comme si de rien n’était. Comme si les mots de Petra ne l’avaient pas atteint, comme s’il n’était venu que pour rendre une visite de courtoisie à ses voisins.
– Pardon, je suis désolé de vous déranger. Je voulais discuter avec Petra, mais je vois que vous êtes occupés. Je repasserai une autre fois, Jadon déclara, d’un ton affable, et avant de tourner les talons, il plongea ses yeux gorgés d’eau dans ceux de Petra. Tu… Tu es vraiment très belle, ce soir.
Petra le regarda s’en aller, marchant à toute vitesse pour regagner sa maison. Elle eut l’impression qu’un couteau venait de lui être planté en plein coeur. Bernie posa ses deux mains sur les épaules de sa fille, puis souffla, interdite :
– Bon sang, Petra. Qu’est-ce que tu as fait à ce garçon ?
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VOISINS┃j.sancho (✓)
Hayran Kurguou quand petra schnitzer, une lycéenne allemande, fait la rencontre de jadon sancho, le fils de ses voisins (et accessoirement une star montante du football) et qu'elle en tombe irrémédiablement amoureuse. SANCHO