En rentrant chez elle après une matinée de cours bien chargée, Petra eut la surprise de trouver Jadon assis sur les escaliers devant sa maison. Une casquette vissée sur sa tête, la capuche de son sweat-shirt blanc rabattu sur son crâne, il était assurément en train de l’attendre. Cela faisait deux jours qu’ils s’étaient disputés. Petra sentit une colère sourde la prendre aux tripes. Elle se remémora toutes les paroles méchantes qu’il lui avait balancé à la figure, son comportement puéril et sa manière de l’ignorer. Petra inspira profondément pour ne pas faire d’esclandre.
– Petra…
Elle se força à rester stoïque tandis qu’il se relevait pour s’approcher d’elle. Son coeur ne put s’empêcher d’effectuer un bond dans sa poitrine. Malgré tout, Petra avait toujours quelque chose pour cet imbécile. Elle était tombée si vite amoureuse de lui qu’elle pensait que ses sentiments s’en iraient de la même façon, mais elle s’était trompée d’une manière magistrale. Pourtant, la colère fut plus forte que les bribes d’amour transi qu’elle lui portait.
– Qu’est-ce que tu veux, Jadon ? Petra siffla, d’une voix froide.
Jadon grimaça, puis baissa les yeux sur ses baskets neuves, avant de les relever pour rencontrer ses yeux. Petra fut troublée l’espace d’un instant. Comme pour se protéger, elle referma ses bras autour de sa poitrine et fit en sorte de reculer.
– Te présenter mes excuses, pour ce qu’il s’est passé la dernière fois, Jadon souffla, semblant regretter. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai complètement pété les plombs. Je me suis disputé avec Maggy, j’étais en colère. Tu voulais m’aider, mais je t’ai envoyé chier. Tu ne méritais pas que je te parle comme je l’ai fait. Je suis sincèrement désolé. Je te promets que ça ne se reproduira plus.
Petra plissa les paupières, ne décolèrant pas. Elle n’était pas rancunière en tant normal, au contraire. Elle pardonnait rapidement les pires coups en douce, les plus méchantes remarques, sans se soucier de ce que les autres pouvaient penser. Hilde la traitait souvent de paillasson, parce qu’elle se laissait faire et avait tendance à oublier les comportements déplorables des personnes qui la blessaient. Sauf qu’aujourd’hui, Petra n’avait pas envie d’être un paillasson. Jadon finit par le comprendre, étant donné qu’il tendit la main pour la toucher.
– Petra, s’il te plaît.
Elle frissonna de manière incontrôlable, et prise de dégoût pour elle-même, elle frappa les doigts de Jadon qui s’était glissé sur sa joue. C’était typiquement la raison pour laquelle elle ne voulait plus être amie avec lui ; sa manière de souffler le chaud, puis le froid l’agaçaient. Son attitude devenait insupportable.
– Et pour ce qui est de la semaine dernière, tu comptes aussi t’excuser ? Petra asséna, plus venimeuse encore.
Le visage du footballeur britannique changea du tout au tout. Il esquissa un sourire moqueur, puis haussa les épaules avec nonchalance :
– Non, c’est de bonne guerre.
– Sérieusement, Jadon ? Je ne comprends même pas pourquoi tu m’as ignoré ! Petra cracha presque, folle de rage.
– Tu t’es mis en couple avec Jacob sans me le dire, Jadon expliqua d’un ton monotone, comme s’il répétait un texte déjà écrit d’avance. Je crois que c’est une raison suffisante.
– Mais Jadon, Petra secoua la tête, car elle croyait vraiment halluciner. Est-ce que tu es bien conscient que c’est ridicule ? J’aurai peut-être dû officialiser les choses avec lui plus tôt, mais c’est toi qui m’as donné ton feu-vert ! Tu as dit que tu me présenterais à des gars de l’équipe qui étaient célibataires, que Jacob était un gars sympa. Pourquoi est-ce que tu retournes ta veste ?
Un rire désabusé sortit de la gorge de Jadon. Il secoua ensuite la tête, les épaules secoués de soubresauts.
– Je ne retourne pas ma veste, Petra. Ça m’a juste saoulé que mon coéquipier sorte avec mon amie sans qu’aucun des deux ne me l’aient dit, je pense que tu peux le comprendre ?
Rien n’était cohérent dans ses explications. Il aurait également dû faire la tête à Jacob si c’était le fait qu’ils ne lui aient pas explicitement parlé de leur relation amoureuse qui posait problème. Jadon était vraiment incompréhensible. Petra ne savait pas si elle pouvait lui pardonner–si cela valait mieux pour elle de lui pardonner.
– Petra, je suis désolé. J’avoue que ma réaction était un peu abusée, et que j’aurai dû réagir différemment. Je ne pensais pas que ça te blesserait autant.
Il paraissait profondément regretter. Puis lorsqu’il saisit ses deux mains dans les siennes, la suppliant presque du regard pour qu’elle passe l’éponge, elle sut qu’il avait gagné.
– Eh bien si, c’était blessant. J’espère vraiment que c’est la première et la dernière fois, Jadon.
– Tu acceptes mes excuses alors ? Jadon demanda, un sourire heureux se dessinant sur ses lèvres.
Petra hocha la tête, résignée. Le footballeur britannique ressemblait à un enfant qui venait de recevoir un nouveau jouet. La comparaison n’était pas si lointaine, car Jadon pouvait obtenir absolument tout ce qu’il voulait d’elle.
– Cool ! Tu viens manger avec moi pour enterrer la hache de guerre ? J’ai fait des pâtes à la crème et aux oignons.
Un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, après tout. Bernie ne rentrait pas du travail avant trois bonnes heures au moins. Hilde était en train de finir ses dernières heures de conduite, car elle passait son permis de conduire bientôt. Jacob avait des choses à faire avec Julian. Sans compter que, comme Jadon l’avait si bien dit, cela permettrait sans doute d’annihiler les tensions entre eux.
Alors Petra accepta.
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VOISINS┃j.sancho (✓)
Fanfictionou quand petra schnitzer, une lycéenne allemande, fait la rencontre de jadon sancho, le fils de ses voisins (et accessoirement une star montante du football) et qu'elle en tombe irrémédiablement amoureuse. SANCHO