VOISINS┃j.sancho (✓)

chapitre deux.

Jadon trottinait, grimaçant à cause de la lumière aveuglante du soleil. Il avait enfilé son tee-shirt bleu marine qui était déjà trempé de sueur. Sa peau chocolat brillait alors qu’il se mouvait, le ballon au pied. Petra mentirait si elle disait qu’elle ne l’avait pas reluquée de haut en bas à plusieurs reprises. Ses cheveux crépus et châtains foncés étaient mouillés, alors il essuya son visage avec sa manche. Jadon devait sans doute s’entraîner depuis des heures. 

Il déplaça le ballon vers un point de penalty imaginaire et se positionna pour frapper un nouveau tir. Hilde croisa les bras et attendit patiemment. Petra fut surprise de voir que sa meilleure amie ne s’était pas mise à rire fort ou à crier comme elle le faisait à son habitude pour se faire remarquer. Jadon inspira profondément avant de shooter dans la balle. Malheureusement, elle heurta l’arbre, rebondit et se retrouva dans la grande piscine de l’autre côté du jardin.

— Damn it ! Jadon pesta, posant ses mains sur sa taille. 

Il gémit ensuite et donna un coup de pied dans les airs. Il continua de secouer la tête et de juger en anglais pour lui-même.

— Tu tires cent fois mieux que nous deux, Hilde plaisanta en s’avançant vers lui. 

Jadon se retourna, surpris par cette voix féminine inconnue. Une expression perplexe prit ensuite place sur son visage en voyant les deux jeunes femmes debout dans son jardin, puis ses sourcils se haussèrent.

— Et vous êtes ?

— Euh, ta voisine, Petra se présenta avec un sourire timide. Je m’appelle Petra, tes parents sont chez moi, et ta mère a suggéré que je devrais te rencontrer.

— Je pensais pas que des jeunes vivaient ici, Jadon se détendit et réduisit l’écart entre eux. 

— Ouais, c’est plutôt un quartier de retraités, Hilde railla, puis elle tendit sa main vers le footballeur. Oh, je suis Hildegarde, mais la plupart des gens me surnomment Hilde. 

Petra secoua la tête, à la fois excédée et amusée par le sourire charmeur que Hilde adressait à Jadon. Elle effectuait toujours le même petit numéro lorsqu’un garçon lui plaisait physiquement, et c’était exactement ce qui était en train de se passer maintenant. Il fallait avouer que Jadon était un beau garçon. Il esquissa d’ailleurs un sourire lui aussi, également amusé. 

— C’est ma meilleure amie, Petra expliqua, et il hocha la tête.

— Je m’appelle Jadon. 

— Tu as besoin de t’asseoir ? Hilde blagua en constatant qu’il semblait à bout de souffle, et Jadon rit avant d’acquiescer. Ca fait combien de temps que tu es ici ? 

— Environ trois heures, Jadon haussa les épaules, saisissant sa bouteille d’eau, et il rit devant leurs airs abasourdis. C’est normal pour moi. Je m’entraîne presque tous les jours, au moins pendant quatre heures. Je ne suis plus dans l’équipe réserve, je suis avec les professionnels maintenant. Je dois me montrer à la hauteur.

Petra se contenta de hocher la tête, compréhensive. Cependant, Hilde lui posa des centaines de questions ; elle voulait tout savoir sur Jadon. Ca ne semblait pas l’ennuyer, puisqu’il se dirigea vers la table qui meublait le jardin et répondit à chacune de ses demandes. Petra s’installa et les écouta en silence. Il paraissait si normal pour un footballeur, et mena la discussion tranquillement. Jadon devait surement répondre aux mêmes interrogations à longueur de temps—comme pourquoi est-ce qu’il jouait au foot par exemple. Il jouait avec l’étiquette de sa bouteille alors que Hilde lui expliquait qu’elle avait deux pieds gauches et qu’elle ne pourrait jamais jouer au foot.

— Eh bien, peut-être que je peux te donner quelques leçons, Jadon proposa, et Petra prêta de nouveau attention à la discussion. 

Etait-il réellement en train de flirter avec Hilde ? Petra était sous le choc. Sa meilleure amie sourit plus largement à sa phrase, un drôle d’air dans le regard ; elle était complètement sous le charme de Jadon. Les yeux de Petra firent des aller-retours entre eux. Ils se souriaient, comme deux jeunes premiers transis d’amour l’un pour l’autre. Elle exagérait sans doute un peu, mais l’idée était la même. 

— Ouais, je suis tout le temps chez Petra.

— Ouais, Petra approuva, mais aucun des deux ne la regarda.Bon, c’était vraiment sympa de t’avoir rencontré, Jadon. On a beaucoup de révisions qui nous attendent. 

Petra glissa sa chaise vers l’air tandis qu’elle se relevait. Jadon et Hilde semblèrent enfin sortir de leur transe. Le footballeur hocha la tête et sourit encore. 

— A chaque fois que vous voudrez venir, ma porte vous sera ouverte. 

Hilde rigola et commença à se diriger vers le fond du jardin, où Petra l’attendait déjà impatiemment.