chapitre dix-huit.

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— Mais tu sais que c’est tellement faux ! Petra s’exclama, scandalisée. 

Jacob lui emboîta alors qu’ils sortaient du restaurant où ils venaient de déjeuner tous les deux. Petra était décidément trop adorable, avec ses petites taches rousseurs sur le visage et sa longue chevelure rousse retenue en un chignon lâche. Elle n’avait pas spécialement besoin de faire des efforts vestimentaires pour que Jacob la trouve mignonne. Sourire aux lèvres, ce dernier rabattit la capuche de son sweat-shirt sur sa tête pour éviter que des fans de football le reconnaissent, puis feignit l’exaspération : 

— Arrête Petra, sois honnête pour une fois dans ta vie. Game of Thrones restera la meilleure série, malgré sa fin discutable, tu ne peux pas le nier. 

— Sa fin discutable ? Petra répéta, sourcils froncés. Mais c’est vraiment la pire fin que les scénaristes auraient pu choisir, après toutes ces années ! A la fin du dernier épisode, je me suis même demandée si c’était une blague. A partir de la saison sept, ça part déjà en vrille, de toute façon. 

— Ouah, mais quelle mauvaise foi !

— C’est toi qui fais preuve de mauvaise foi, ouais. Je vais t’éduquer aux séries, moi, tu verras que dans quelques temps, tes goûts vont drastiquement s’améliorer.

Jacob secoua la tête, amusé.

— Tes manières détournées de demander d’autres rendez-vous ont été captées, mission réussie. 

— Pardon, d’autres rendez-vous ? Je n’ai pas de rendez-vous avec une personne qui considère que La Casa de Papel aurait dû avoir une saison deux, Petra l’attaqua, et il lâcha un petit rire. Heureusement que tu m’as trouvé, ta vraie vie commence à partir de maintenant. 

Jacob lui prit doucement la main, enroulant ses doigts autour des siens et plaquant leurs paumes ensemble. Petra n’opposa aucune résistance, car elle appréciait ses initiatives. Depuis quelques temps, le jeune footballeur danois s’autorisait des gestes comme celui-ci. Petra ne parvint pas à contrôler le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. La sensation de sa peau contre la sienne était très agréable. Elle tourna la tête pour le regarder, et remarqua que ses joues étaient roses. Jacob, qui n’était pas insensible à ses orbes scrutatrice, devint vite embarrassé :

— Quoi ?

— Rien, Petra souffla, nonchalante. Tes yeux sont vraiment beaux. 

Jacob rougit davantage, puis détourna le regard. Même s’il était de plus en plus à l’aise avec elle, Petra ne devait pas oublier qu’il restait assez timide. Cela ne l’empêchait pourtant pas de lui faire souvent des compliments. Son but n’était pas de le rendre gêné, elle avait juste besoin d’exprimer ce qu’elle ressentait. A première vue, Jacob  ne correspondait pas à son style de garçons, mais elle ne regrettait pas de lui avoir adressé la parole au Kremler’s. C’était vraiment une personne très douce. Sans compter que le contour viril de sa mâchoire et ses iris verts ne la laissaient pas indifférente. 

— Ton nez n’est pas mal non plus, Jacob haussa les épaules, et Petra rit. 

— C’est quoi ça ?

— Tu as commencé en premier, Jacob se défendit. 

Petra secoua la tête, et s’en suivit de longues secondes où ils ne se lâchaient plus du regard. Jacob se pencha vers elle, alors elle comprit qu’il hésitait à l’embrasser. Elle se demanda l’espace d’un instant si c’était réellement ce qu’elle voulait, puis le visage de Jadon traversa durant quelques secondes son esprit. Son coeur lui fit mal, et pour se débarrasser de cette douleur inopportune, elle se hissa à son tour pour prendre les devants, effleurer les lèvres de Jacob. Mais au moment où leurs bouches allaient se rencontrer, la sonnerie du téléphone du footballeur les interrompit.

— Désolé, Jacob marmonna en sortant son portable de la poche arrière de son jean. 

Petra baissa les yeux sur ses chaussures, un peu perdue et contrariée. 

— Allô ? [...] Sérieux, Julian, tu ne peux pas demander à quelqu’un d’autre ? [...] Oui, je suis occupé. [...] Non je ne suis pas énervé contre toi. [...] D’accord, d’accord, arrête de paniquer, je serai là dans vingt minutes. [...] Non, ne touche pas aux câbles, tu vas t’électrocuter et mourir, éloigne-toi de ce micro-onde. [...] A tout de suite. 

Jacob raccrocha, les joues rouges et les lèvres pincées. Il semblait aussi dégoûté qu’elle. 

— Tout va bien ? Petra demanda, et Jacob passa une main dans ses cheveux pour se calmer. 

— Oui, c’est juste Julian qui ne sait pas se servir de sa cuisine. 

Cela lui rappela quelqu’un d’autre, qui appartenait à la même équipe. Petra se maudit de penser à lui alors qu’elle était en rendez-vous avec Jacob. Elle devait se le sortir de la tête, c’était une nécessité désormais. 

— Oh, je vois, Petra hocha la tête, compréhensive. Tu devrais probablement y aller, il est sûrement en train de t’attendre. 

— Je suis désolé, Petra. 

— Ca va, on se promènera une autre fois. Tu viens toujours chez Jadon ce soir ?

— Bien sûr, Jacob acquiesce. 

— Je te vois tout à l’heure alors. 

Petra s’attendait à ce qu’il l’embrasse avant de partir, mais Jacob se contenta de la fixer avec un sourire désolé. Elle le regarda ensuite lâcher sa main, et se détourner d’elle pour prendre le chemin inverse. Pendant qu’il marchait, elle continua de fixer son dos large sublimé par son sweat-shirt, et une veste du Borussia Dortmund. A ce moment précis, elle maudit profondément Julian et son foutu micro-onde, Jadon et ses stupides yeux noisette. Et surtout, Petra se maudit elle-même. 


VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant