chapitre vingt.

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Margaret était repartie pour Londres ce matin. Durant la semaine où elle avait été là, à l’exception de la soirée qu’il avait tenu chez lui, Jadon n’avait pas adressé la parole à Petra. Elle comprenait qu’il avait été absorbé par la visite de sa petite amie, et qu’il n’avait pas eu le temps de lui accorder un moment. Ce n’était pas plus mal, étant donné qu’elle avait eu à se concentrer sur les cours, sur sa vie familiale et amicale, et aussi sur Jacob. Cependant, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de penser que c’était également parce qu’il lui en voulait qu’il ne lui parlait pas. 

— Dis-moi si je t’ennuie, Jacob plaisanta, une moue vexée sur le visage. 

Petra sortit de sa rêverie, et se tourna vers le footballeur danois. Il était allongé de l’autre côté du lit, son tee-shirt remontant un peu sur ses abdominaux pendant qu’il la contemplait. La jeune femme esquissa un sourire, avant de se franchir les quelques centimètres qui les séparaient pour s’étendre sur son torse. Elle enroula ses bras autour de lui pour un câlin, inspirant l’odeur fraîche de sa lessive. 

— Pff, n’importe quoi. 

Jacob posa sa main sur son épaule. Il embrassa ensuite le sommet de son crâne, et elle ferma les yeux. Après ses cours, Petra avait rejoint Jacob chez lui et ils avaient passé une bonne partie de l’après-midi dans sa chambre, à regarder des séries et à discuter. 

— Je dois te ramener chez toi, de toute façon, Jacob souffla contre ses cheveux. 

— Quoi, tu me vires ? 

Devant l’expression scandalisée de Petra, le footballeur lâcha un rire.

— J’ai entraînement dans une heure et demi, je ne suis toujours pas prêt, tu es dans mon lit et je vais devoir traverser toute la ville pour te déposer. Si je suis en retard encore une fois, je pense qu’on ne se reverra plus jamais parce que je serai mort. 

— OK, Petra marmonna, vaincue. 

La dernière fois, Jacob avait pris un avertissement. Ils étaient allés au bowling tous les deux, et n’ayant pas vu le temps passer, le footballeur était arrivé dix minutes après le début de l’entraînement. Le coach avait passé l’éponge sur son retard, étant donné qu’il s’agissait de la première fois. Mais il lui avait également fait comprendre qu’une telle chose ne devait plus se reproduire. Alors Petra râla encore un peu—après tout, le lit de Jacob était vraiment confortable—puis finit par se lever. 

Ils arrivèrent assez rapidement dans le lotissement de Petra—trop au goût de la jeune femme. Jacob avait pourtant pris le soin de rouler lentement, et il avait même fait un détour pour retarder leur séparation. Une fois devant sa maison, ils durent se quitter. Jacob descendit de la voiture pour lui dire au revoir, et au moment où il comptait l’embrasser pour la dernière fois de la journée, il fut coupé dans son élan par la porte du garage voisin qui s’ouvrait avec fracas. Petra se retourna, surprise, pour apercevoir la silhouette de Jadon se diriger vers eux. 

Fidèle à lui-même, il portait un gros sac de sport sur son épaule. En bas de jogging et en sweat-shirt simples, Petra se maudit de le trouver aussi à tomber. 

— Jacob ! Jadon sourit, sans adresser un regard à Petra. 

— Hey Jadon. Comment ça va ?  

— Super, tu vas à l’entraînement ? Tu veux qu’on y aille ensemble ? Pour l’empreinte carbone. 

Petra se mordit l’intérieur des joues. Jadon faisait exprès de ne pas la regarder, lui tourner délibérément le dos, comme si elle n’existait pas. Même s’il n’avait pas apprécié le fait qu’elle ne lui ai pas parlé de sa relation avec son ami, son comportement commençait à devenir détestable. Pourtant, Petra ne disait rien, et pire encore, elle avait reculé pendant qu’ils parlaient, instaurant ainsi une distance raisonnable avec Jacob. Celui-ci hocha la tête, séduit par la proposition de son coéquipier. 

— Oui, pourquoi pas. 

— Génial, Jadon s’extasia, avec un ton qui puait l’hypocrisie. On prend ta voiture ? 

Sans attendre sa réponse, il se précipita vers l’automobile de Jacob. Le footballeur danois se retourna vers Petra, qui se tenait en retrait. Elle était à la fois déçue, en colère, et triste.

— Je dois y aller, Jacob déclara, et elle hocha la tête. 

— D’accord. 

Elle simula un sourire, puis Jacob déposa un rapide baiser sur ses lèvres. Il regagna ensuite à son tour sa voiture. Jadon était déjà assis sur le siège avant passager, ses yeux rivés sur eux. Petra, qui avait remarqué le regard furieux qu’il dardait sur elle, baissa automatiquement la tête. Lorsque Jacob démarra et que la voiture quitta le lotissement, la jeune femme rentra dans sa maison avec une drôle de sensation et la certitude bien ancrée que, en effet, son voisin lui en voulait bel et bien.

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant