chapitre trente.

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— Jadon et Margaret ont rompu juste après son départ pour Londres. Elle était persuadée qu’il se passait quelque chose entre Jadon et toi. Ils se sont disputés plein de fois, ce qu’on a vu la dernière fois depuis ta fenêtre, c’était que la partie visible de l’iceberg. Bref, apparemment Jadon était au plus mal depuis plusieurs semaines, et il a craqué hier. C’est Julian qui les a séparé, quand Jacob a commencé à le frapper. Heureusement, je crois qu’il aura pas de mise au pied ou d’amendes, parce que Jadon a insisté pour dire qu’il était responsable. Ce qui est pas vraiment faux, soit-dit-en-passant. Enfin bon, Julian l’a raccompagné chez lui après leur bagarre. Jadon lui a tout raconté, et comme Julian sait pas tenir sa langue, j’ai fini par l’apprendre.

Hilde marqua une courte pause. Elle passa une main dans ses cheveux blonds, parfaitement lisses, puis jeta un coup d’oeil à Petra qui se tenait de l’autre côté du lit. Recroquevillée sur elle-même, elle finit par enfouir son visage rougi par les larmes et ses yeux cernés dans le creux de ses mains. Jacob et elle s’étaient séparés quelques heures auparavant, et Hilde avait été la première personne à qui elle avait téléphoné. Elle avait besoin du soutien de sa meilleure amie. 

— Putain, Petra gémit, à deux doigts de pleurer. J’ai vraiment fait n’importe quoi. 

Hilde fronça les sourcils, puis elle franchit le mètre qui les séparait. Tendant ses doigts vers son épaule, elle la força à relever la tête et pris son menton dans la coupe de ses mains. Elle fit ensuite bien en sorte d’articuler : 

— Petra, t’as rien à te reprocher. 

Cette dernière secoua la tête, négative. 

— Je me suis mise avec Jacob alors que j’avais encore des sentiments pour Jadon. 

— Et alors ? Hilde tiqua, en arquant un sourcil faussement interrogateur. Les gens qui te diront que c’est mal sont des hypocrites. Aujourd’hui, tout le monde sort et couche avec tout le monde sans ressentir quoique ce soit. Alors je dis pas que c’est une excuse, je justifie pas ce comportement, c’est juste que ça existe et qu’on devrait pas porter de jugements de valeur dessus. Les personnes se mettent ensemble avant de tomber amoureuses, c’est la vérité, tu peux pas aimer une personne sans avoir appris à la connaître et l’avoir fréquenté au préalable. Bref, t’as toujours été bienveillante avec Jacob, t’as fait de ton mieux pour que ça marche entre vous. Mais c’est comme ça, t’aimes Jadon. 

Petra savait bien que Hilde avait raison. Pourtant, elle ignorait si les choses pouvaient fonctionner entre Jadon et elle. Son voisin la rendait folle, semblait aimer la faire tourner en bourique et lui faire du mal. Il soufflait constamment le chaud et le froid, et cette ambiguïté permanente dans laquelle il avait plongé leur relation lui avait pesé tout au long de ces derniers mois. Petra savait qu’elle n’était pas arrivée à se défaire de son emprise en raison de cela. Elle se trouvait toujours prisonnière de son joug aujourd’hui. Elle ne pouvait pas l’oublier, Jadon ne lui en donnait pas la possibilité. Et Jacob en avait fait les frais.

— Je m’en veux quand même, Petra souffla, la voix tremblante. 

— Tu te remettras pas avec Jacob, Petra, Hilde décréta, catégorique, tandis qu’elle saisissait sa main. Premièrement, s’il acceptait de recommencer quelque chose avec toi, il douterait en permanence et ça deviendrait vite toxique. Deuxièmement, tu continuerais à éprouver quelque chose pour Jadon. Ne nie pas, et accepte-le, parce que c’est la vérité. 

C’était effectivement la vérité. Jacob ne voulait plus d’elle—ce n’était même plus la peine d’essayer d’arranger les choses avec lui—et même s’ils se finissaient par se remettre ensemble, Petra était consciente qu’une partie d’elle continuerait de penser à Jadon. Le footballeur britannique l’avait complètement matrixé, et elle ne s’en était pas rendue compte. Son crush innocent s’était transformé en un amour brûlant, vif et incontrôlable. C’était douloureux d’aimer Jadon, mais c’était encore plus atroce de réprimer les sentiments qu’elle lui portait. 

Et Petra ne voulait plus faire la même erreur deux fois. 

— Merci, Hilde. 

Hilde esquissa un sourire, pressant plus fort leurs mains jointes. 

— Jadon est amoureux de toi, ça crève les yeux. Je sais bien que ce petit con t’a fait du mal. Honnêtement, je pense qu’il était perdu dans ce qu’il ressentait, et comme il a un côté fuckboy manipulateur, la situation a dérapé. Mais ne perdez pas plus de temps, et foncez maintenant. Si vous restez pas toute votre vie ensemble, faites au moins un petit bout de chemin côte à côte. 

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant